Arête NW Blaitière

Arête NW Blaitière

A peine rentré du Grépon avec Antoine, je retrouve Ivan au refuge du plan de l’aiguille, sans transition!! Pour notre rendez-vous bisannuel, nous visons cette année une belle course d’ampleur : l’arête NW de Blaitière. Le jeu consiste d’abord à gravir le pilier rouge de Blaitière par la combinaison de deux voies « modernes », Nabot Léon et Osez Joséphine puis de poursuivre jusqu’au sommet N de Blaitière par l’arête NW… 900m de grimpette et de descente, la promesse d’une longue journée!! Nous ne serons pas déçus!

D’abord, Nabot Léon et Osez Joséphine sur le pilier rouge de Blaitière

Départ vers 3h30 du refuge. Si au début nous avions vaguement imaginé reprendre la dernière benne, nous comprendrons vite que finir la course de jour sera déjà bien satisfaisant! Nous attaquons Nabot Léon vers 6h. L’escalade est juste magnifique, comme le granit chamoniard sait en proposer. L’équipement est intelligent : rien quand c’est protégeable mais équipé quand c’est nécessaire… Les longueurs de jonction avec Osez Joséphine ne sont pas si débonnaires que ça. Le nez dans le topo, j’hésite une fois ou deux et m’engage dans des passages un peu plus durs que prévu… en fait, globalement il faut juste rester sur l’arête! Osez Joséphine réserve encore de très beaux passages jusqu’au V+. Nous suivons cette voie jusqu’à la moitié de la dernière longueur avant de se décaler vers l’arête nord ouest. Nous faisons une bonne pause et troquons les chaussons pour les baskets. Et en route pour quelques heures d’arête!

Ensuite l’arête NW de Blaitière elle même…

L’escalade alterne entre passages soutenus jusqu’au V et parties qui déroulent. Ivan fait ses premières expériences de grimpe en baskets sur des dalles chamoniardes! Pas complètement évident… les brèches s’enchaînent, le rythme de la cordée diminue, un peu entamés par les 800m de grimpe. Au pied du bastion sommital, je sens qu’Ivan n’opposerait pas une grande résistance si je lui proposait d’en rester là, d’autant plus qu’il commence à neigeoter.. D’expérience je sais à quel point on peut regretter parfois de renoncer trop vite, surtout lorsqu’il n’y a pas de danger imminent. Je connais un peu Ivan, à travers les quelques belles courses que nous avons déjà fait ensemble, je le sais endurant… La longue descente en rappel va surtout mobiliser nos ressources mentales… bref, on continue!

Le bastion réserve une avant dernière longueur de toute beauté avant de finir sur un ultime petit bout d’arête. Il est 16h, la vue n’est pas des plus dégagée mais de temps à autre apparaissent dans les volutes les sommets voisins, Ciseaux, Fou… sacré ambiance! Dans cette belle face d’ampleur que nous venons de gravir, malgré l’engagement et les difficultés, on ne perd jamais le contact avec la vallée. Tous les sons d’en bas nous parviennent!

Et puis à peine en haut, redescendre!!

La descente en rappel est équipée mais demande encore toute notre attention. Il faut régulièrement se ré-encorder pour rejoindre des rappels décalés ou descendre des vires, ne pas louper les ancrages… et remonter quand la corde se coince!! A la fin nous rejoignons la ligne de rappel de Fidel Fiasco. Les rappels sont plus roulant et nous rejoignons le pied de la voie, 14h après notre départ! Ne nous reste plus qu’a rejoindre le refuge où évidement nous redormirons ce soir. Mais d’abord nous réglons le sort des cuisses de canard que nous propose le gardien!

Grépon – Mer de glace

Grépon – Mer de glace

3ème étage de la fusée aujourd’hui… le réveil pique un peu ce matin. De ces jours où tu sens qu’il en faudrait pas beaucoup pour envoyer valser ce téléphone qui sonne insolemment et se rendormir jusqu’à midi!

Nous avons décidé de laisser partir devant nous 3 cordées que nous supposons plus rapides pour pouvoir grimper sans le stress de cordées qui nous talonnent… C’est qu’aujourd’hui par le hasard des agendas et d’une météo conciliante, 4 autres cordées ont le même projet que nous…

Passée la rimaye, nous prenons notre mal en patience. Les cordées devant ne déroulent pas autant que nous l’imaginions, on en profite pour mater le paysage… Avant le rappel qui donne accès à la partie supérieure de la voie, à la faveur d’une erreur d’itinéraire généralisée des 3 cordées devant nous, nous repassons devant. Plus nous nous élevons dans la face, plus la grimpe est belle! Et plus la grimpe est dure! Au dessus de la niche des amis, le IV+ chamoniard et les efforts des journées précédentes commencent à se faire sentir. Faut dire que les IV+ par là haut, ils ont des allures de 6a de la plaine!! Après deux grandes longueurs, nous sommes rattrapés par Yannick et son client, en chaussons depuis le début de la voie, ce qui finit de convaincre Antoine de quitter les grosses pour la fin!

Je sens qu’Antoine commence à en avoir un peu marre de ces océans de granite mais nous sommes prêts de la sortie… bon nous avons tous les deux lu le topo et on va pas se mentir, les difficultés sont au dessus de nous! Les deux dernières longueurs qui mènent à la brèche Balfour sont un beau condensé d’escalade chamoniarde où tous les styles y passent, de la dalle à la fissure trop large!

Arrivé à la brèche Balfour, seuls 20m nous séparent du sommet : c’est la fameuse fissure Knubel, le premier V+ du massif, un beau morceau d’histoire… je sens qu’Antoine prendrait bien la tangente… mais le fait de pouvoir grimper sans sac et la motivation du sommet lui donne le regain nécessaire… l’arrivée au Grépon est grandiose. Le dernier mouvement nous rétablit sur ce sommet large comme une table, niché au milieu d’une arête de gendarmes vertigineux surplombant Chamonix. Nous sommes émus d’être là!

Enfin au Grépon, le sommet est loin d’être l’arrivée mais aujourd’hui grâce à des conditions plutôt encore bonnes sur le glacier des Nantillons et à Antoine qui aime cavaler dans les pentes de neige, nous mettrons « seulement » 3h pour rejoindre le téléphérique après moultes désescalades / rappels acrobatiques et autres fantaisies…

Finish à la buvette du télé avec Yannick et son client. Heureusement que Yannick est là pour dire à Antoine qu’il a assuré, car moi il ne me croit plus!

Bravo mon Roberto, le programme était ambitieux et t’as géré ça à merveille de A à Z malgré un guide sadique qui t’as laissé en grosses un peu trop longtemps!!

Traversée Nonne Evèque

Traversée Nonne Evèque

Pour cette deuxième journée dans le secteur du Couvercle, on va rendre visite à la deuxième classique du coin, la traversée Nonne Evèque… Étrangement nous sommes plutôt seuls dans le secteur, comme la veille. Moi qui m’attendait à des bouchons à tous les relais et une pagaille totale aux rimayes… je suis déçu en bien!

Bon ce qui est plus conforme au lieu, c’est la météo… Grand beau annoncé, nous ne verrons pas le soleil de la journée! Rien de catastrophique quand même, c’est même plutôt bien d’être au frais vu comment Antoine me pousse au fesses dans les longueurs à corde tendue.

Nous montons au sommet de la Nonne qui est, plus qu’un lieu d’arrivée, un lieu de passage d’un intérêt assez modéré… le clou du spectacle pour cette traversée, c’est le passage du rasoir, environ 100m d’un esthétique redoutable, le tout dans un niveau abordable et protégeable, what else?

Comme je sais qu’il n’est pas bon de laisser Antoine sur sa faim, on poursuit notre chemin vers la voie normale de l’Evèque. De la brèche encore 4-5 longueurs dont du bon V chamoniard en grosses siouplait. Au grand désespoir d’Antoine, je finis quasiment toujours en bout de corde, à quand des longueurs courtes!!

Vue l’ambiance climatique du jour, on chôme pas au sommet de l’Evèque… faut dire qu’on a aussi un autre programme aujourd’hui : redescendre jusqu’à la mer de glace et remonter au refuge de l’Envers des Aiguilles, le tout si possible avant les pluies de l’après-midi! Trouvez moi l’andouille qui a manigancé ce programme!

Avant de plonger dans la descente vers les échelles, on ne résiste pas à une petite omelette au Couvercle pour honorer une dernière fois cette belle hospitalité… La remontée à l’Envers des Aiguilles nous coûtera un peu quand même, nous qui nous sommes habitué à siester tous les aprem! M’enfin l’honneur est sauf, on arrive le caleçon sec au refuge et il nous reste même un peu de temps pour un bout de repos…

L’ambiance est tout autre qu’au Couvercle. Ici c’est un monde de grimpeur, ça parle topo, fissures, passage de rimaye, longueurs d’anthologie, crux, taille de camalots… Les mains sont calleuses et les biceps acérés. Un groupe de 9 futurs aspirants guides sont là avec leurs 3 formateurs de l’ENSA pour leur examen probatoire. Antoine me fait remarquer la présence d’une célébrité alpine. J’ai l’impression qu’il se demande ce qu’il fait ici au milieu de tout ce beau monde!!

Arête sud du Moine – intégrale

Arête sud du Moine – intégrale

Suspens jusqu’au bout sur la destination de notre trip avec Antoine… la veille du départ à 19h, il sait juste qu’il doit s’attendre à tout! Finalement, une fois n’est pas coutume, un beau créneau semble se profiler en terres chamoniardes. Rendez-vous vous donc à la capitale de l’alpinisme et du tourisme pour nos aventures 2019… La première journée, un peu mitigée sera parfaite pour  »juste » monter au refuge du Couvercle… en bons papas que nous sommes tous les deux maintenant, la bière et la sieste nous suffirons largement pour clôturer la journée. Étonnamment nous sommes très peu nombreux au refuge, on se croirait presque dans un coin paumé des Ecrins!

Réveil 4h. Nous partons pour l’arête sud intégrale du Moine, une très belle petite partie de montagnes russes… Dès le début, nous sommes mis dans le bain de l’escalade chamoniarde, de cheminées en fissures larges, renfougnes, râteaux de chèvres et autres chamoniarderies. L’ambiance est grandiose, le caillou fidèle à sa réputation et Antoine toujours aussi solide malgré le manque d’entraînement… Au bout de 4h de ce petit jeu, nous rejoignons l’arête sud classique qui propose encore quelques passages bien corsés, du V++ bien frappé!! Et le contournement de gendarmes effilés par des vires à l’esthétique certaine.

6h après notre départ, nous prenons la pose et la pause sur le monolithe sommital du Moine… alleluya!

Après une bonne pause, la descente remobilise notre attention pour environ 2h de terrain à chamois entrecoupé de quelques rappels. Grand luxe, des névés al dente nous ramènent presque sans forcer jusqu’au refuge… il est 14h, on va pouvoir peaufiner l’art de la sieste et du ping pong de haute montagne!!
Une p’tite dernière à ski!

Une p’tite dernière à ski!

Je repars dans la foulée avec Quentin et Jeremy. Quand je dis dans la foulée, je n’exagère pas!! Erika et Julien nous regardent préparer nos sacs en attendant que je libère ma voiture avec laquelle ils rentreront… et je m’expédie un jambon-beurre à la sauce italienne avant de reprendre le Skyway que je viens de descendre… c’est que vue la météo du week-end, j’ai proposé à Quentin et Jérémie d’avancer notre programme d’une journée et de tenter le Mont blanc par les 3 Monts dès demain… petite différence et non des moindre par rapport aux jours précédents, nous sommes à skis!!

Notre traversée du jour commence par une descente… à cette heure de la journée la neige commence à être bien revenue mais c’est quand même sacrément bon de se laisser glisser tranquillement dans la montagne…

Longue remontée jusqu’au refuge des Cosmiques où c’est la grande foule ce soir : au moins 12 personnes!! Les téléphériques en rade ça a du bon!

Fini les levés 7h cette fois c’est 1h… demain est une belle journée sur le papier mais on veut mettre toutes les chances de notre côté et avoir la meilleure neige possible. Deux inconnues et non des moindres au compteur : quelles conditions de neige aurons nous au Maudit? Comment Jérémie et Quentin vont réagir à l’altitude avec une acclimatation très sommaire?

Au réveil, un nuage farceur enveloppe l’aiguille mais il me semble avoir vu scintiller les étoiles juste au dessus. Go! Deux cordées nous emboîtent le pas et resteront solidaires de nous… solidaires mais derrière! Comme ça c’est mieux pour profiter de la trace du guide!

Les premières pentes du Tacul sont peu raides puis ça s’incline progressivement plus… Rapidement nous mettons les skis sur le sac par solidarité avec Quentin qui est en splitboard, ces gros engins pas faciles à manier… une fois tout ça sur le dos c’est plus lourd! On rejoint l’épaule du Tacul l’heure du premier bilan de la journée… entre altitude et jetlag, Quentin accuse un peu le coup.

La vue sur les pentes du Maudit est implacable : c’est sûrement pas là que Quentin va se refaire une santé, mais si on passe le Maudit, on pourra toujours basculer sur les Grands Mulets par les Corridors… On traverse donc jusqu’au pied des pentes du Maudit où on déchausse les skis. Là, au bout de quelques mètres il faut se rendre à l’évidence, ça va trop brasser à pied. Si on monte c’est skis aux pieds. La croûte porte bien lorsqu’on est à ski mais cède lorsqu’on est à pied. On essaye une conversion… Quentin n’avance plus et ses 2 enclumes le cloue sur place avant même la première conversion. La décision est sans appel : demi-tour!

Quentin remonte jusqu’à l’épaule où il nous attend pendant qu’avec Jeremy nous nous dirigeons vers le Mont-Blanc du Taxul qui nous fait de l’oeil. L’ambiance et la vue sont magnifiques a
Aujourd’hui. 50m sous le sommet on pose les skis et on finit à pied par un petit passage de mixte. Magique!

On redescend à ski jusqu’à Quentin puis on encape dans la face nord du Tacul… les conditions de ski sont tops avec 5cm de fraîche sur fond dur. Jeremie et Quentin sont de bons skieurs/snowboarders, l’affaire ne traîne pas! On fait des pauses quand même pour en profiter!

Au pied de la pente on taille à droite toute direction Torino… la neige est juste parfaite, petite moquette où on lâche complètement les chevaux! Le kif… on se laisserait bien tenter par une descente de la vallée Blanche mais entre le chantier des crevasses qui nous attendent plus bas, les 5 km de mer de glace déneigés et la remontée des échelles bien lestés… je tranche pour un retour sur Torino.

Une rude remontée de 300m nous attend… On déleste Quentin au maximum pour remonter dans les temps pour récupérer la navette qui nous ramène sur Chamonix… et oui il y a toujours un train, une navette, une dernière benne à attraper dans ce pays, il faut s’y faire!

Des efforts payant qui nous permettent d’attraper la navette du matin!!

 

Mont-Blanc du Tacul - Ski - A l'allerMont-Blanc du Tacul - Ski - Montée vers le sommet du TaculMont-Blanc du Tacul - Ski - Jérémie sous le TaculMont-Blanc du Tacul - Ski - PanoramiqueMont-Blanc du Tacul - Ski - Ski sur l'épaule du taculMont-Blanc du Tacul - Ski - Début de descenteMont-Blanc du Tacul - Ski - Ski dans la face nord du taculMont-Blanc du Tacul - Ski - Quentin à la descenteMont-Blanc du Tacul - Ski - Vallée en moquetteMont-Blanc du Tacul - Ski - Retour vers Torino

 

Une préparation cosmique

Une préparation cosmique

A peine redescendu de 4 jours sur le Mont-Blanc, je repars avec Julien et Erika qui ont pour projet de gravir le Mont-Blanc sur 6 jours, 3 jours de préparation et 3 jours d’ascension. Nous faisons ensemble la préparation. L’idée et de faire une préparation en douceur en se fatiguant le moins possible (mais un peu quand même!)

La planète Chamoniarde est sinistrée en ce début de saison : tramway du Mont-Blanc fermé et Aiguille du Midi HS. Ca sera notre chance! Plutôt que d’aller s’entasser à Torino, je propose à mes deux tourtereaux d’aller au Refuge des Cosmiques où l’on devrait être plutôt au calme vues les circonstances…

Pour ça il nous faut d’abord traverser le massif par le tunnel puis prendre le rutilant Skyway, sorte de téléphérique-parc d’attraction bon pour extraire le maximum de devises des poches des touristes! Que les Ecrins semblent loin dans ces moments!

Du sommet d’Helbronner, nous démarrons dans un brouillard à couper au couteau… Puis les nuages s’écartent et la vue s’ouvrent un peu sur les alentours. Aucune trace fraîche ne part en direction des Cosmiques, ça sent la solitude!

Effectivement, nous ne serons que tous les 3 au refuge ce soir et le secteur est désert comme jamais je ne l’ai vu en été (c’est le coin le plus fréquenté du massif habituellement)… Manu le cuisinier Italien nous concocte des petits plats comme au resto. On est bichonné! Dortoir d’amoureux pour Erika et Julien et chambre privative pour moi… ça a du bon les téléphériques cassés!

Grasse mat’ jusqu’à 7h et on part faire un peu d’exercice sur l’arête des Cosmiques redevenu totalement sauvage… Première course d’alpinisme pour Julien et Erika. L’altitude aidant, il leur faut quand même puiser un peu pour vaincre les passages d’escalade et de désescalade… et vaincre aussi les petites appréhensions au moment de se balancer dans la corde et de se laisser mouliner!

Les nuages se déchirent au fur et à mesure qu’on monte. Le spectacle est superbe!

Arête des Cosmiques - Fin de l'arête

Arête des Cosmiques - Vue vers le Mont-Blanc

Arête des Cosmiques - Belles conditions mixtes

Arête des Cosmiques - Jorasses et Dent du Géant

Arête des Cosmiques - Ptite pause

Arête des Cosmiques - Erika et Julien

On arrive tranquillement sur la terrasse de l’Aiguille, totalement déserte avant de rentrer sur le refuge. Programme chargé l’après-midi à base de sieste et de farniente… Et ce soir c’est la grande foule, nous sommes 5 pour 4 gardiens!

Réveil tranquille encore ce 3ème jour… aujourd’hui on rentre sur Torino avec en prime le beau temps! On parcourt le glacier dans sa partie la plus tourmentée…

Traversée Vallée Blanche - Pas mal la vue

Traversée Vallée Blanche - Devant le Grand Capucin

Après ces 3 jours de préparation, Julien et Erika retournent se reposer une nuit dans la vallée avant de partir pour leur ascension en 3 jours qu’il réaliseront avec mon collègue haut alpin Sylvain… malheureusement pour eux la météo les contraindra au demi-tour sur la première bosse de l’arête!!

Mont-White au dessus des nuages

Mont-White au dessus des nuages

Après un premier Mont-Blanc parfait avec un créneau météo juste miraculeux, je retrouve une nouvelle bande à Tête Rousse, sans même passer par la vallée… Chloé, Cyrille, Pierre et Fred sont accompagnés par Charles un copain guide.

Mes compagnons ont choisi une option en 4 jours pour optimiser un peu l’acclimatation qui est souvent la clé de la réussite là haut… Pour ça ils passent d’abord 2 nuits à Tête Rousse avec une petite journée de préparation autour du refuge pour caler les détails techniques et cramponner un peu. En ce moment les conditions sont excellentes sur la montagne, le couloir du Goûter est tout en neige et fait beaucoup plus rêver qu’en pleine canicule, lorsque des pans de montagne s’abattent sur des alpinistes qui se débattent! Dans ces conditions le sinistre surnom de « couloir de la Mort » semble légèrement surfait!

Le suspens météo reste entier jusqu’à la dernière minute… pas toujours évident pour nous les guides de prendre une décision avec une météo aussi instable. Nous attendons le dernier bulletin après le repas du soir pour décider de l’heure de lever : si nous tentons le sommet ça sera 1h30, sinon ça sera 7h pour « juste » monter au refuge du Goûter. Pas tout à fait pareil!

Le nez dans nos petits smartphones nous essayons de lire entre les lignes des bulletins météo que nous avons… tout ne converge pas, mais une fenêtre semble quand même se dessiner, on tente, ça sera donc 1h30, tant pis pour la grasse mat’!

Après 2 jours passés à Tête Rousse, Chloé, Cyrille, Fred et Pierre ont un peu la bougeotte et l’idée de tenter le sommet demain les motive!

1h30 : je glisse un œil à moitié ouvert par la fenêtre du dortoir… le refuge est dans les nuages mais j’aperçois furtivement quelques étoiles. Ca sent bon!

Le couloir du Goûter est avalé à bon train… nous nous posons quelques minutes sur la terrasse de l’ancien refuge pour boire et manger. Un petit vent frais souffle et les nuages restent de la partie pour l’instant… Nous shuntons la pause au Goûter pour entamer la montée au col du Goûter. En chemin, nous croisons deux cordées parties du Goûter ce matin qui rebroussent chemin : trop froid, trop de vent… brrr, pas motivant ça!

Avant d’arriver au Col du Goûter, nous traversons un passage hostile : vent de face, visibilité nulle… le sommet ne semble pas gagné! Mais aujourd’hui, la montagne n’appartenait pas forcément aux plus matinaux! Vers le Col du Goûter le nuage se déchire de plus en plus et le sommet se dégage, le soleil nous réchauffe instantanément et le vent tombe d’un coup. OK on prend!

Pierre accuse un peu le coup lui qui s’est engagé au dernier moment dans ce projet sans véritable préparation (mais une solide constitution de base!)… l’altitude ne pardonne pas… nous partons tous les deux vers le Dôme du Goûter pendant que Charles continue vers le sommet avec Cyrille, Chloé et Fred.

Le spectacle est vraiment fantastique aujourd’hui. De grosses masses nuageuses venues d’Italie débordent sur le Col du Midi. Tacul et Maudit sont enveloppés dans la ouate mais le Mont-Blanc trône en plein ciel et l’arête des Bosses est parfaitement dégagée! Plutôt que de descendre tout de suite au refuge avec Pierre, nous prolongeons le plaisir là haut. On papote tout en rejoignant le sommet du Dôme du Goûter, bien plus qu’un lot de consolation aujourd’hui avec cette ambiance magique… la déception est très vite passée et Pierre savoure ces instants. Le sommet n’était-il finalement pas qu’un prétexte pour être là, pour se remplir de ces merveilles que la montagne nous offre?

Pour Chloé, Cyrille et Fred, le sommet sera atteint aujourd’hui! Nous nous retrouvons tous au refuge du Goûter pour y passer un bout d’après-midi et la nuit avant de redescendre vers la verdure et la civilisation!

Un petit assortiment de photos prises par notre barbu de photographe, la classe!

Couché Soleil Tete rousse

mont-blanc - brumes matinales

mont-blanc - cyrille le barbu photographe

mont-blanc - Nico dans le rôle du guide manouche

mont-blanc - Bande de givrés

mont-blanc - Pierre heureux!

mont-blanc - Aiguille du midi

mont-blanc - bon ok ça ne prouve rien!

mont-blanc - Chloé

mont-blanc - le sommet

mont-blanc - Charles

mont-blanc - summiters

mont-blanc - Fred

mont-blanc - glacier de Bionassay

mont-blanc - montée à Tête Rousse

Mont-Blanc 6 jours

Mont-Blanc 6 jours

Retour sur un « stage Mont-Blanc » original avec une joyeuse bande!

Original pourquoi? Et bien déjà car il se découpe en 2 sessions de 3 jours avec 3 jours de repos au milieu pour permettre à tous de concilier harmonieusement ce projet avec la vie familiale et professionnelle. Original aussi parce que pour la préparation nous optons pour un raid à ski de 3 jours vus les conditions d’enneigement encore très bonne cette année!

Jour 1 : Pré de Madame Carle – refuge du Glacier Blanc. Ecole de Neige

C’est un projet de longue date qui démarre aujourd’hui au Pré de madame Carle avec Aymeric, Stan, JB, Manu, Arno et François… Aymeric m’a contacté 9 mois plus tôt pour planifier ça! J’avoue que je suis peu habitué à me projeter aussi loin en avant dans le temps… mais les agendas compliqués de ces 6 copains cumulant tout de même la bagatelle 19 enfants imposait cette planification.

Le grand rêve de la bande est de gravir le Mont-Blanc. Pour ça l’option que nous avons retenu se découpe en 2 temps. Une première session de 3 jours pour s’acclimater, se préparer techniquement, caler des petits détails et accessoirement faire connaissance! Suite à ça 3 jours de repos et nous repartons pour gravir le Mont-Blanc en 3 jours…

Au fil de nos échanges une autre idée est venu s’insérer dans le projet, et vue les quantités de neige elle est plutôt bienvenue… toute la bande pratique le ski : pourquoi ne pas faire la préparation à ski de rando? Outre le fait que ce moyen de locomotion est particulièrement recommandé en montagne par les temps qui court c’est une belle occasion de découvrir l’activité et d’élargir les horizons!

C’est donc équipés de tout l’attirail du parfait randonneur-glisseur que nous quittons le Pré ce matin.

Raid ski Ecrins - Au départ

Un premier portage de 350m et nous chaussons les skis. La météo est changeante, quelques gouttes farceuses nous font sortir la Gore-Tex mais rien de grave, on échappe à la saucée… passage clé de la montée : le couloir sous le refuge, avec au programme une belle initiation à l’art de la conversion!

Raid ski Ecrins - Sous le Refuge du Glacier Blanc

Après une halte au refuge où nous résistons en bloc a l’appel de la bière nous repartons pour une petite école de neige derrière le refuge… le temps de faire notre pause, une averse coquine a fait rentrer tous les alpinistes! Et nous nous profitons de belles éclaircies… quel timing! Derrière le refuge nous trouvons quelques pentes raides pour nous adonner à quelques glissades et cramponneries en tout genre.

Raid ski Ecrins - Ecole de neige

Raid ski Ecrins - Ecole de neige - Stan

Raid ski Ecrins - Ecole de neige - JB

Au bout d’une heure de cabrioles, fin des hostilités! On sonne le repli vers le refuge et la récompense houblonneuse du jour, en terrasse s’il vous plait!

Raid ski Ecrins - Récompense

Jour 2 : Bosse entre le Pic d’Arsine et le Pic du Glacier Blanc

5 h du mat. La grasse mat’! Aujourd’hui on prend la direction du Pic d’Arsine. Petite série de conversion matinale pour s’étirer puis on peut se mettre en pilote automatique. A voir les piétons brasser dans la semoule on ne regrette pas notre moyen de locomotion, à la montée du moins!! Le petit créneau matinal nous offre une belle vue sur les alentours et le glacier…le Pic d’Arsine pour nous autre skieurs a mauvaise mine, nous lui préférons la bosse voisine vers le Pic du Glacier Blanc.

Raid ski Ecrins - En rang

Raid ski Ecrins - Devant la Barre des Ecrins

Raid ski Ecrins - Devant le pelvoux

Raid ski Ecrins - Sommet de la bosse

Nous sommes heureux d’avoir des skis mais pour une première la bande n’est pas gâtée!! Descente « sportive » dans une neige hmmm… comment dire… peu flatteuse! De ces neiges qui te font te demander si ce n’est pas la première fois que tu chausses des skis… Enfin bon, ça glisse et c’est déjà pas mal!!

Raid ski Ecrins - Yihhah

Notre journée se termine par une bonne session farniente au refuge des Ecrins, ponctuée par un sympathique spectacle son et lumière faisant trembler toute la montagne. Brrr, ambiance!

Ce soir au dodo tôt! Pas de programme fixé, c’est le ciel qui nous guidera!! Et accessoirement moi aussi un petit peu!

Jour 3 : descente refuge du Glacier Blanc et ski vers le Col de Monetier

4h30… on ampute progressivement nos nuits de sommeil… ça aussi c’est l’acclimatation Mont-Blanc! Dehors les montagnes au dessus de 3400m sont invisibles, il a neigé 10cm sur une espèce de mille-feuille destructuré peu ragoûtant… le plan du jour sera donc de skier plus bas, là où la neige a déjà vécu de nombreux cycles de gel degel et une totale humidification… de la bonne neige de névé quoi! Descente tranquille jusqu’au refuge du glacier Blanc, on savoure de se laisser glisser en quelques minutes, là où à pied un bon brassage nous aurait attendu. Du refuge nous remontons jusqu’à 3100m sous le col de Monetier.

La descente est bien meilleure que la veille sur cette neige de névé soupeuse à souhait… l’occasion pour tout le monde de renouer avec le skieur qui est en lui! Courte halte au refuge et on encape vers la vallée… vive le ski!

Raid ski Ecrins - Refuge du Glacier Blanc

Raid ski Ecrins - Ski de névé

Raid ski Ecrins - Sous le col de Monetier

Encore un peu de portage et nous voilà de retour au Pré bien content de s’être faufilés à travers ce créneau pas gagné d’avance sur le papier… une première à ski de rando… et une préparation  »en douceur » avant notre virée du week-end prochain sur la plus haute bosse d’Europe.

Jour 4 : montée au refuge de Tête Rousse

Après une courte semaine de boulot vite passée, la tête encore à moitié dans les nuages, toute la troupe se retrouve au parking de Bionassay avec en plus Vince et JB, deux dictateurs de haute montagne venus m’aider à driver l’équipe vers là haut… point de telepherique ni de tramway qui tienne en ce début de saison. Un ptit coup de taxi 4×4 nous propulse jusqu’à l’arrivée du téléphérique. Pour cette première journée de marche l »objectif est de monter en se fatiguant le moins possible jusqu’à Tête Rousse où nous dormons. On arrive en début d’aprem, de quoi profiter du soleil et lézarder tranquillement, laisser le temps s’étirer avant la grosse journée de demain.

Renseignement pris, ceux qui font la pluie et le beau temps ont décidé de nous ouvrir une très large fenêtre le lendemain. De quoi largement s’y glisser à 9!

Jour 5 : Refuge de Tête Rousse – Sommet Mont-Blanc – Refuge du Goûter

1h30. Ca pique les yeux quand même. Sauf pour ceux qui dormait pas! Démarrage hésitant dans la nuit : crampons qui foirent, thème du jour. Il en faudra plus pour nous barrer la route!! Les conditions sur la montagne sont parfaites. Le couloir du Goûter tout en neige ne ressemble en rien à l’infâme tas de pu qu’il va devenir d’ici peu de temps… à la place, du mixte intéressant que l’on remonte tout en crampons, enfin quand ils tiennent!!

Mont-Blanc - La cordée Stan et Manu dans le couloir

Sortie du couloir juste pour le levé du soleil, des instants magiques. On s’autorise une pause de quelques minutes au Goûter avant de poursuivre…

Mont-Blanc - Magique

Mont-Blanc - Stan et Manu

Mont-Blanc - Proche du refuge

Changement d’ambiance par rapport au couloir, l’espace s’élargit, on peut se mettre dans un rythme et laisser les pensées divaguer. Je suis encordé avec Aymeric et JB et nous avançons régulièrement. Les conditions météo sont idylliques, pas de vent, des températures très clémente et l’horizon dégagé à 360 degrés. La journée inespérée, en tous cas la première du genre depuis bien longtemps!! On profite de la vue qui s’ouvre au fur et à mesure…

Refuge Vallot. Tout va bien, on attaque la chevauchée du chameau à 4 bosses. Nous continuons sur notre rythme métronomique qui ne fléchira presque pas jusqu’au bout… et puis arrive ce qui devait arriver, la dernière bosse qui s’étire puis plus rien au dessus. Le sommet sans foule, ni vent!

Mont-Blanc - Stan, Manu et JB au sommet

Mont-Blanc - Aymeric et Jb au sommet

Mont-Blanc - Aymeric et Jb au sommet

On attaque la descente qui est en super conditions (où sont nos skis!!!). Sur le chemin on croise les copains qui sont vers la 2ème bosse. Certains entame un beau combat contre eux même pour aller chercher ce rêve. Chapeau messieurs! C’est facile pour personne mais certains ont du mobiliser des ressources lointaines! Grande satisfaction : tout le monde ira au sommet aujourd’hui et sera à l’heure pour l’apéro! Quelle équipe!

La soirée de fiesta se prolonge au moins jusqu’à … 19h30 avant une horizontalisation collective!

Jour 6

7h… Que c’est bon de l’avoir derrière soi ce Mont-Blanc! On ne se sent plus concerné par tout ça et on a presque de la peine pour ceux qui montent aujourd’hui! Enfin pour nous c’est pas tout à fait fini, il faut bien remobiliser notre attention pendant 2 petites heures pour descendre le couloir du Goûter. Arrivée au refuge de Tête Rousse, on retrouve un chaleureux soleil matinal. C’est bon on peut commencer à se détendre. Avec la neige jusqu’au Nid d’Aigle, la descente est presque une partie de plaisir!

Bravo à tous pour cette belle aventure. Je suis heureux que le rêve se soit concrétisé pour tout le monde!! Merci d’avoir abordé ce projet avec un esprit « large » et de m’avoir donné la liberté d’organiser tout ça à la sauce Draperi! A une prochaine sur les skis ou sur les crampons!!

Mont-Blanc à ski

Mont-Blanc à ski

Jody m’appelle à la rescousse pour guider une bande de joyeux lurons Belges au sommet du Mont-Blanc… Et comme tout ces gugusses préfèrent glisser sur la montagne skis au pied que de marcher des heures à la descente, c’est avec les planches que nous le tentons!

Nous passons par la voie historique des Grands Mulets qui est l’itinéraire classique à ski… en évitant bien sûr à la montée les séracs du Petit Plateau en passant par la très esthétique arête nord du Goûter. Une ascension qui se mérite avec plus de 1700m de dénivelé dont une partie skis sur le sac. Mais il en faut plus pour effrayer la bande qui heureusement a pris le soin de s’acclimater les jours précédents…

Bilan des courses, tout le monde arrive au sommet (même les guides) par une météo de rêve sans un pet de vent et des températures presque inquiétantes pour une fin mai!!

La descente à ski n’a rien à voir avec la longue bavante de l’été mais demande quand même de la ressource entre les cuisses fatiguées par la montée, l’altitude et les « petites » remontées à la fin!!

 

 

Mont-Blanc - Ski - La jonctionMont-Blanc - Ski - La jonctionMont-Blanc - Ski - L'itinéraireMont-Blanc - Ski - Levé de soleilMont-Blanc - Ski - Fin de l'arête nord du DômeMont-Blanc - Ski - ContrastesMont-Blanc - Ski - Si prêtMont-Blanc - Ski - Grand PlateauMont-Blanc - Ski - Quelques séracsMont-Blanc - Ski - Sous les séracs du Petit Plateau

Innominata

Innominata

Sans même prendre le temps d’une petite bière, j’abandonne mon équipe de Tourangeau à Courmayeur où m’attend Frank…

Après le calme du Grand Paradis, direction la solitude de l’Envers du Mont-Blanc et ses mensurations himalayennes. Frank n’est pas revanchard, mais ce versant qui part deux fois l’a refusé commence à l’énerver! Pour ma part c’est la découverte totale du coin… Un coin peuplé d’itinéraires de grande envergure, de monuments alpins et d’histoires mythiques… Pour nous ce sera l’Innominata.

Les difficultés commencent bien plus tôt que prévu, pour traverser la Doire. Non pas qu’il n’y ait pas de pont, mais qu’un ouvrier trop consciencieux et un chouya pschychorigide refuse de nous laisser traverser, sous prétexte que si nous nous blessons il perd son travail… Pourtant le pont est bien là et la barrière à enjamber nous paraît un bien maigre obstacle comparé aux 3500m de versant qui se développe au dessus de nos têtes! Finalement un p’tit coup de forcing et nous voilà acquitté du détour de 2km…

Première nuit à Monzino dans le confortable refuge d’hiver rien que pour nous… Nous arrivons une petite demi-heure avant l’orage. Nickel!

Mont-Blanc - Inominata - Monzino et la suite

A ce stade, nous sommes confiants pour la suite, même si les questions se bousculent dans nos têtes : l’acclimatation? Le regel? Les corniches? Les orages? De quoi alimenter de doux rêves!!

Le lendemain, pour monter au bivouac Eccles, on opte pour un départ matinal pensant brasser un peu. Bordé de nouilles sera notre postérieur! La première partie du glacier brasse mais une trace récente nous économise bien de la peine! A partir de 3400m, le regel est aldentissimo et on évolue facilement dans la grâce et l’élégance, accompagné par le doux crissement du crampons sur cette neige parfaite… On ne s’y attendait pas vraiment! Mont-Blanc - Inominata - Glacier du BrouillardMont-Blanc - Inominata - Glacier du Brouillard

Les piliers rouges du Brouillard… Attirants! Nous croiserons une cordée d’italiens (un guide et son fils) qui après s’être pris l’orage dans les rappels du pilier Rouge décident d’aller essorer leurs chaussures dans la vallée au lieu de sortir le lendemain au Mont-Blanc.

Pleine solitude pour nous donc!

Mont-Blanc - Inominata - Piliers rouges du Brouillard

Devant la Punta Innominata

Mont-Blanc - Inominata - Devant la Punta inominataMont-Blanc - Inominata - Conditions parfaites

Dans les pentes d’accès à Eccles. Pour nous ça sera le nouveau bivouac, plus confortable que l’ancien, même si le matin ça nous oblige à redescendre.

Mont-Blanc - Inominata - Montée au bivouacMont-Blanc - Inominata - Montée au bivouac

Petit repérage pour le lendemain.

Mont-Blanc - Inominata - Vue sur l'itinéraire

Et on s’échoue dans notre petit nichoir. Il est 9h, on va pouvoir en profiter!! La journée sera consacrée au repos, à la production d’eau liquide, à la contemplation et à quelques discussions métaphysico-mystico-joviales! Plus prêt des cieux, privé d’oxygène, les cerveaux divaguent!

Mont-Blanc - Inominata - Bivouac Eccles

Notre stratégie pour le lendemain est de partir tôt. Des orages sont annoncés, on veut se garder de la marge d’autant qu’on ne sait pas si on va brasser ou pas! Le réveil est mis à minuit. J’ai mal rien qu’en regardant l’heure!

Minuit : réveil en sursaut pour tous les 2! Quelques secondes pour comprendre où on est et ce qu’on fait là! La nuit déjà très courte fut agitée… On pressent qu’il nous manque quelques globules pour être parfaitement à l’aise! Il y a 3 semaines Frank gambadait à 5000m au Népal, mais 3 semaines c’est justement la durée de vie des globules! Aura-t-il un sursis? Pour ma part, mon acclimatation s’est faite les 3 jours précédents, pas idéal.

1h du mat’, je fixe le brin de 50m qui permet à Frank d’atteindre l’ancien bivouac en un rappel et je le rejoins en mixant rappel et désescalade. La neige n’a pas regelé cette nuit, les orages ont un peu traîné dans la soirée. En même temps il est encore tôt et nous ne désespérons pas pour le regel! Petit brassage donc pour atteindre le col Eccles. Des zones parfaites (neige avec glace pour protéger en dessous) et des zones ignobles. J’aime bien la croûte sur la polenta mais quand c’est dans mon assiette pas sous mes pieds!

Nous aurons droit régulièrement dans la journée à des sessions polenta plutôt courtes quand même au regard de l’itinéraire mais bien éprouvantes!

Du col Eccles, une section mixte facile nous mène au pied du crux, une longueur de 40m comprenant un court passage de Vsup athlétique. Pas dur techniquement mais pêchu le pas! Encore un peu de IV+ dans les 2 longueurs suivantes puis on part à corde tendue en direction du grand couloir non sans quelques sessions polenta et autres samivéleries cornichiennes.

Au petit jour, nous sommes dans le Grand Couloir où les conditions sont excellentes. Bon fumage de mollets quand même!

Mont-Blanc - Inominata - Grand couloir

On traverse en direction d’une rampe qui s’avérera 100m plus bas que la bonne. Petite erreur d’aiguillage qui nous coûtera un peu de temps mais une variante sympa avec un ou deux passages de IV+. De temps en temps on lève quand même la tête pour profiter du lieu…

Mont-Blanc - Enfin des bonnes conditions Mont-Blanc - Bella Mont-Blanc - Les sommets suisses emmergentMont-Blanc - Les sommets suisses emmergent Mont-Blanc - Profiter d'être là

Pour rejoindre l’arête du Brouillard, on s’attend à une arête facile mais le profil n’est pas si débonnaire que ça!!

Mont-Blanc - Samivélesque!

Et puis toujours cette polenta qui s’invite de temps à autre…

La dernière pente (150m à 45-50°) verra l’explosion de nos mollets et nous permettra de faire un bilan très clair sur notre acclimatation : pas optimale, on ramasse un peu.

Mais au débouché sur l’arête du Brouillard, la vue sur le Mont-Blanc motive à bloc!

Mont-Blanc - Sur l'arête du Brouillard

On rame un peu quand même jusqu’au sommet mais sans stress, il fait beau, les difficultés sont derrière nous. Les orages nous ont épargnés et nous avons survécu aux corniches effilées et à la polenta… Alors oui, un poumon de plus ne serait pas de refus mais nous nous en sortirons avec les nôtres!

Mont-Blanc - Corniches sur l'arête sommitale

En tous cas pas de quoi gâcher la joie d’arriver là haut par un si bel itinéraire!

Il est 11h, nous sommes dans le rêve, qui se réalise et de belle manière! Bravo Frank!

Mont-Blanc - Inominata - Sommet

Nous savourerons tout ça un peu plus bas. Ici il fait un peu froid pour se poser et nos corps nous réclament de l’oxygène!

On file à bon pas vers le refuge du Goûter. Même si descendre n’efface pas la fatigue, on se sent progressivement revivre, comme un poisson retrouvant son bocal après un petit séjour à l’extérieur! Bonne pause au Goûter où on s’abandonnerait bien à une grasse sieste… On préfère continuer jusqu’à Tête Rousse. Les cumulus au dessus de notre tête sont encore gentils, on descend tranquillement. Arrivés à Tête Rousse, il nous faut prendre une décision. Il n’y a pas de train en ce moment et les options sont soit une descente intégrale à pied, soit un onéreux taxi à Bellevue, soit une nuit à Tête Rousse.

Devant une bonne tarte, nous optons pour une séparation avec Frank. Lui restera à Tête Rousse pour descendre demain quant à moi je me lance dans les 2000m de déniv’ qui me sépare de la vallée. Arrivée aux Houches et pris en stop quelques minutes avant un spectaculaire orage! Un peu plus tard, sur la route du retour vers les Ecrins, je serai contraint de m’arrêter pour laisser passer un orage. Parti pour une courte sieste, je me réveille seulement 9h plus tard après un sommeil quasi comatique!

Au final une belle traversée sud-nord du Mont-Blanc sans moyen mécanique! Un créneau météo quasiment top. Des conditions de neige globalement bonnes malgré la polenta… Des alpinistes un peu acclimatés mais pas trop!

Et un compagnon avec qui j’ai grand plaisir à partir en montagne! Merci pour ta confiance Frank.

Couloir NE de Tré la Tête

Couloir NE de Tré la Tête

Un trip à ski, probablement le dernier de la saison, dans un coin bien paumé du massif du Mont-Blanc… Après un loupage de benne en règle, Seb me dégotte un plan B encore mieux que le A!! Direction le fin fond du Val Veny, un beau coin de paradis pour un bivouac en amoureux au bord du lac Combal.

Le lendemain, un beau morceau nous attend avec presque 1100m de couloir à monter et descendre! Vue unique sur l’envers du Mont-Blanc (qui est l’endroit des Italiens)…

Un peu de portage à la montée et quasi aucun à la descente, y a bon!

Récit complet et plus de photos ici.

3 jours à Orny

3 jours à Orny

3 belles journées dans le secteur d’Orny en compagnie de Gab et Aurel. Le télésiège de Champex a brulé, du coup le coin est plutôt calme… La cabane d’Orny est à nous! Très bel accueil par Patricia. Raymond lui court les montagnes!!

Le premier jour, nous complétons la montée au refuge par une petite section de cramponnage sur le glacier pas loin de la cabane histoire de revoir un peu tout ça. Glace mojito de premier choix!!

Levé de soleil au refuge Sur le Glacier d'Orny

Pour la deuxième journée, nous allons grimper (et pas fumer) La Moquette une jolie voie à l’Aiguille d’Orny équipé par Raymond. Raymond c’est le gardien de la cabane d’Orny qui est aussi guide. Il a pas mal joué du perfo dans le secteur parfois un peu trop près des fissures à mon goût mais faut reconnaître que c’est assez confortable….

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Last day, on part pour une jolie course aux Dorées : l’arête sud de la Sans Nom… Si sur le papier ça ne paraît pas trop loin, il faut quand même contourner toutes les Dorées pour aller la chercher… Mais ça vaut vraiment le coup! Cette arête s’illumine dès les premières lueurs du jour…Il existe plusieurs versions de cette arête selon que l’on gravisse tous les ressauts où seulement quelques uns. Pour nous ce sera une version light déjà bien suffisante pour aujourd’hui… Le final de l’arête, gazeux à souhait, laissera quelques souvenirs!! Du sommet de la Sans Nom, on refait un petit bout de la traversée des Dorées mais à l’envers pour retrouver une ligne de rappels au niveau du Trident. Là encore le Père Forateur a oeuvré. Relais sur chaînes tous les 25m… Pas classique en montagne…2013-08-18 06.53.06 Resized 2013-08-18 09.06.47 Resized 2013-08-18 09.10.47 Resized

Traversée des Drus

Traversée des Drus

Après une journée de transition occupée à faire la jonction entre le Couvercle et la Charpoua nous voilà aujourd’hui à pied d’oeuvre pour la traversée des Drus. La Contamine à l’Evèque nous a permis de voir que notre cordée « fonctionne » bien avec Frank et aussi que le glacier de la Charpoua est en excellentes conditions ce qui dixit Christophe le gardien est plutôt rare à cette époque… A tel point qu’on s’est même fait l’économie du traditionnel repérage…

Aucun souci pour le glacier… Pas d’acrobaties nocturnes… On prend rapidement pied sur les vires. Dans la nuit noire il n’est pas aisé de prendre toujours le chemin le plus simple dans ces vires. On est quand même vite rappelé à l’ordre en cas d’égarement, ça peut grimper!! Si c’est dur c’est que vous êtes pas au bon endroit! On gagne finalement les Flammes de Pierre au petit jour, bon timing, plus tôt c’est pas la peine. L’itinéraire ensuite est assez facile à suivre avec le topo Laroche, très bien fait! Il ne faut pas suivre aveuglément le matériel en place qui signale plutôt des passages durs!! Je pense qu’à peu prêt toutes les variantes ont été testées… Pas mal de cordées redescendent en rappel par cette voie donc il y a aussi des relais un peu partout… Un mélange de flair et de topo Laroche permet de bien s’en sortir…

La grimpe se déroule dans les lignes de faiblesse (cheminées, gradins, dièdres, …) et c’est toujours assez facile de se protéger. Dans le haut de la face l’itinéraire est plus subtil et une erreur peut vite sanctionner mais là encore le topo Laroche est très bien fait…

Et puis surprise, un dernier réta et on tombe nez à nez avec la vierge! Bonjour Madame! Première fois en haut des Drus pour nous deux! On déguste…

La journée est loin d’être finie puisqu’il reste la traversée des Grands Drus et surtout la descente…

Rien de difficile pour la traversée exceptée la fameuse cheminée coudée qui permet de s’initier aux joies de la reptation verticale!! Gros gabarit s’abstenir!!

On traîne pas trop au Grand Dru car on appréhende un peu la descente et ses rappels à la réputation « coinçante ». On s’en tire sans coincement en restant plus ou moins dans les rappels équipés par le Snisag…

Un beau moment de montagne en ta présence Frank! Merci!

Voie Contamine à l’Evèque

Voie Contamine à l’Evèque

Un été de rêve! Les beaux créneaux météo s’empilent les uns sur les autres!

Tant mieux car je retrouve Frank à Chamonix capitale du mauvais créneau!! Il a quand même pas mal reneigé les jours précédents et nous modifions à la dernière minute le programme… On décide de partir dans le secteur Charpoua – Couvercle pour un enchaînement de 2 belles courses : la Contamine à l’Evèque puis la traversée des Drus… Comme on est pas des adeptes du Stakhanovisme, on étale tout ça « tranquilement » sur  4 jours avec une journée de transition pour faire la jonction Couvercle – Charpoua… Coup de bol, cette journée de transition sera la seule journée moyenne au niveau météo!!

Cette première course sera une excellente façon de faire connaissance avec Frank et de roder notre cordée avant de partir vers des projets plus engagés. Frank a déjà une belle expérience en haute (et très haute!!) montagne y compris en autonomie, je ne suis pas très inquiet mais c’est important d’apprendre à se connaître, de tisser ce lien qui unit les membres de la cordée, cette confiance indispensable pour mener à bien toute entreprise en montagne… La course devient presque secondaire quand on part avec le bon compagnon!!

Et bien pour ce galop de chauffe tout a roulé! Nous trouvons le bon tempo. Efficace sans chercher à courir, on est pas là pour ça! Nous prenons vraiment plaisir à être là…

Cette voie est déjà une belle entreprise de part sa longueur qui occupe en moyenne les cordées pendant une huitaine d’heures! Il est possible d’esquiver la plupart des difficultés en restant rive droite du couloir Nonne Evèque mais c’est alors une autre course et de peu d’intérêt qu’on réalise… Une partie du fil de l’arête est néanmoins bien difficile et se « contourne » par la droite. Le tout est de savoir à quel moment quitter le faîte de l’arête et à quel moment le rejoindre… Pour notre part, nous avons voulu rejoindre le fil un peu tôt et bien on est pas resté longtemps dessus!! Ca fleurte vite avec le VI sup!! Du coup recontournement et retour sur le fil un peu plus haut au niveau du « crux », une fine fissure en Vsup avec 2 pitons en place… Faut pas mollir!! Pour le dernier bastion, on a rangé le topo au fond des poches et on est parti au feeling plutôt versant Charpoua dans une cheminée puis un beau dièdre… visiblement pas dans l’itinéraire « classique » plutôt versant sud…

Pour la descente, on a pris les rappels qui descendent direct vers la Brèche Nonne-Evèque. On avait une corde de 60m, avec 50m ça aurait été short!! Pour la quincaillerie, 4-5 sangles, 4-5 dégaines, un jeu de camalot du 0,2 au 3 et éventuellement 2-3 cablés moyen (pour le crux).

Mont-Blanc par les Aiguilles Grises

Mont-Blanc par les Aiguilles Grises

Si vous cherchez une façon originale de gravir le Mont-Blanc tout en restant dans le techniquement abordable c’est la voie des Aiguilles Grises qu’il vous faut! Faut juste être un peu en forme car l’étape du 2ème jour est longue (1800m) de dénivelé entièrement au dessus de 3000m.

Avec Tom, Edern, Aurélien et Raf on se lance donc dans cette belle aventure à deux cordées sur ce versant himalayesque du Mont-Blanc. La remontée du Glacier de Miage est rendue agréable par la présence de beaux névés… Les yeux ne quittent pas l’Envers du Mont-Blanc defendu par d’imposants piliers et des glaciers monstrueux!! Tout parait surdimensionné dans ce versant… La montée à Gonella sans être laborieuse est déjà une bonne journée de mise en jambe avec ses 1500m et quelques passages sur câbles et échelles. Gonella est un refuge tout neuf… Une belle réussite il faut dire. On s’y sent pas trop mal! Et quelle vue!

Le gros défaut de l’attaque par ce côté c’est l’heure du réveil : minuit! Aïe ça fait mal ça! Les yeux piquent devant notre petit déjeuner à base de biscottes (!). Faut vite partir pour ne pas céder à l’appel du lit… Une traversée à flanc de pente permet de rejoindre le glacier. Les conditions du glacier sont très bonnes cette année et le regel impeccable. Une courte section sur quelques ponts de neige nous laisse entrevoir ce que peut réserver ce glacier les années moins enneigée. Finalement, l’essentiel de la montée se fait de nuit et ça passe plutôt bien. Le piton des Italiens est vite atteint. Une courte section très effilée sur l’arête puis on rejoint la croupe accueillant du Dôme du Goûter. L’équipe tourne au poil, l’acclimatation y est pour quelque chose… On rejoint le col du Goûter en même temps que les premières cordées arrivant du Goûter.

C’est là qu’il faut pas se décourager! L’arête des Bosses est encore longue et l’échappatoire commode vers le Goûter nous tend les bras… Mais toute la bande est gonflée à bloc et on vole jusqu’au sommet en quelques enjambées!! C’est pas les grosses chaleurs là haut mais on profite quand même bien…

Stage Mont-Blanc et summit!

Stage Mont-Blanc et summit!

Après une intense semaine de préparation avec Simon qui mène d’une main de fer le groupe, Tibo, Freddy, Kilian et Merwan sont fin prêt pour s’attaquer à la grosse bosse blanche tant convoitée. Je retrouve une partie du groupe à Tête Rousse de bonne heure histoire de franchir le couloir de la Mort (brrrr) de bonne heure. Un bel endroit qui ne fait pas trop rêver. Un genre de roulette russe à la française. Quand même nettement plus fréquentable le matin surtout quand il y a encore de la neige. Simon lui fait des aller retours dans le couloir du Goûter pour travailler les mouv’. Quel sens du travail bien fait!! Je reste avec Tibo pour quelques mises au point visuelles sur le paysage (c’est pas du vide, c’est du paysage!!).

Il est encore tôt dans la journée quand tout le monde se retrouve niché dans le flambant neuf refuge du Goûter… Je fais connaissance avec le reste du groupe. L’ambiance n’est pas triste et tout le monde a l’air en grande forme! Ca fait plaisir! Après une grosse ventrée de pattes on va regarder un peu nos paupières pendant une heure ou deux. La rude vie de l’alpiniste….

samedi… 2h… ça pique les yeux! Aujourd’hui c’est le sommet! Et ça déroule pour tout le monde… C’est bon l’acclimatation! Tout juste un petit mal de casque par ci par là mais rien d’alarmant, on monte à bon rythme. Le vent nous attrape un peu sur la première bosse, les doigts picottent, les orteils font pas trop les malins dans les grosses… Mais tout ça n’entâche pas un instant la motivation du groupe et le sommet finit par arriver (à moins que ce ne soit nous qui arrivions au sommet). Ca caille là haut mais c’est fantastique dans les lueurs matinales. On passe un gros quart d’heure à savourer ce rêve rondement réalisé pour tous nos compagnons….

Mont-Blanc par les Grands Mulets

Mont-Blanc par les Grands Mulets

J’accompagne Alex, Lionel et Jean-Jean pour gravir le Mont-Blanc par l’itinéraire des Grands Mulets. L’été, ce secteur est complètement délaissé des alpinistes. Par contre au printemps c’est l’itinéraire de prédilection des skieurs. Le coin est autant magnifique que le glacier est tourmenté… En montant par l’arête nord du Dôme, on évite de s’exposer aux séracs du petit plateau qui sont bien menaçants! On passe en dessous seulement à la descente, bien moins longtemps évidemment.

Etonnant de voir que certains prennent l’option séracs à la montée… Etonnant aussi de voir si peu de monde encordé sur ces glaciers bien tourmentés…

L’ascension se déroule à merveille jusqu’au Dôme du Goûter. Là, nos organismes pas acclimatés commencent à accuser le coup… Une bonne pause pause à Vallot où on laisse les skis et on se lance sur l’interminable arête des Bosses où on se fait doublement cueillir par le vent et par le manque d’oxygène… La fin est besogneuse mais on y arrive! C’est cool d’être là haut!

Le vent nous fait rapidemment fuir. Au fur et à mesure qu’on descend ça va mieux! A Vallot on retrouve les skis et tout s’accélère… C’est quand même autre chose que l’été! Mise à part les traversées du bas (pas cool pour le surfeur de la bande), la descente est vite avalée…

Nous arrivons au Plan de l’Aiguille d’où décolle un hélicoptère… au fait le dernier hélico pour évacuer les touristes et alpinistes bloqués suite à la panne du téléphérique… Pour nous et les 100 personnes qui arrivent petit à petit il faudra attendre la bagatelle de 5h sur place que la panne soit réparée… C’est pas notre faute si on a bu autant de bières…

Merci à tous les 3 pour ce beau moment et particulièrement à toi Alex pour m’avoir accepter parmis vous!

Ski à Chamonix

Ski à Chamonix

Petite virée de 3 jours à Chamonix avec Arno, Fabrice et … Christophe. De biens tristes individus difficiles à sortir de leur lassitude. Des journées qui passent lentement au rythme de pesants silences lourds de sens. Des conditions de neige catastrophiques. Un temps abominable. Un programme banal dans la foule du matin au soir. Un guide peu compétent qui connaît très mal le terrain. C’est comme ça. On ne peut pas toujours avoir du bol.

Petite virée de 3 jours à Chamonix avec Arno, Fabrice et … Christophe. De biens joyeux drilles venus là clairement pour s’amuser! Les journées passent vite au rythme des montées et descente régulièrement entrecoupées de copieux ravitaillements… et des tournées de génépi et de fou rires! Un petit tour à ski de rando sur le glacier d’Argentière vendredi puis de la grosse poudre samedi aux Grands Montets (merci François) avant de monter aux Cosmiques en fin d’aprem. Dimanche une vallée blanche féérique, rien que pour nous. Un programme improvisé au poil par un guide rusé et hors du commun!

La version correcte sera déterminée par le vote du public.

Initiation vers le glacier d’Argentiere

Initiation vers le glacier d’Argentiere

En vue de l’ascension du Mont-Blanc, nous passons 2 jours avec Colin, Linda, Fabien et Freddie dans le secteur du Glacier d’Argentière afin d’acquérir toutes les bases pour la grande bosse et s’acclimater un chouya. Débuts en cramponnage pour la bande sur le glacier d’Argentière au niveau d’un bloc dément avant de rallier en fin de journée le refuge d’Argentière, un véritable havre de paix tout confort qui fait face à quelques mythiques parois des Alpes…. de toute beauté! Et l’accueil et la nourriture sont à la hauteur de la beauté des lieux! A fréquenter sans modération!

Le lendemain, on rallie le col des Montets où nous rejoint Sylvain, le deuxième guide venu en renfort pour l’ascension de la Petite Verte. Partis sous une tempête de ciel bleu, le temps tourne progressivement… Un p’tit coup de fatigue générale se fait sentir vers les deux tiers de l’ascension. Demi-tour donc pour que l’aventure reste avant tout du plaisir et fin de la journée devant un bon repas dans la vallée!

Pour la suite de l’aventure, malheureusement, les conditions ne sont pas réunis à commencer par la météo, passablement exécrable! C’est donc partie remise, au Mont-Blanc ou ailleurs car je vous le promets il n’y a pas qu’au Mont-Blanc que l’on peut prendre du plaisir!

Mont Blanc – Voie normale

Mont Blanc – Voie normale

C’est avec une bien sympathique troupe de 6 Bordelais et 3 guides que nous prenons aujourd’hui le chemin du Mont Blanc. Les jours précédents, de grandes quantité de neige se sont déposées jusqu’à basse altitude et les prétendants de la veille ont du vraiment s’amuser pour faire la trace qui nous profite bien!

A cause des travaux sur le tramway du Mont Blanc, les moyens mécaniques ne nous transportent pas au dessus de Bellevue soit 600m plus bas qu’en temps « normal », lorsque le TMB va jusqu’au Nid d’Aigle. Du coup, la première étape jusqu’au refuge du Goûter s’arrache au prix de 2000m de déniv’! Une belle mise en jambe qui laisse des traces pour le lendemain! Vers 17h, nous sommes tous autour du Goûter réuni devant un bon apéro. Pour demain, la météo est au beau fixe mais le vent souffle pas mal. Une accalmie serait la bienvenue…

… 1h45 : branle bas de combat au refuge du Goûter. Après une petite nuit mais un bon petit dej’, on se lance vers 3h sur l’arête du Goûter. Le vent a légèrement forci durant la nuit. Certaines bourrasques nous chahutent pas mal et soulève la neige qui nous fouettent le visage et les yeux. Sympa l’ambiance!

Dans la bande, une première cordée fait demi-tour dans la montée vers le Dôme du Goûter. Encordé avec Lionel et Benoit, tout va pas mal. Nous avançons à bon rythme, rattrapant quelques cordées. Peu avant Vallot, on reprend de plein fouet le vent duquel nous étions un peu abrités sous le Dôme du Goûter. L’ambiance se rafraîchit nettement! Nous nous posons quelques minutes à Vallot, à l’abri du vent… Il est 5h15, nous avons bien avancé. Mais le vent m’inquiète un peu. Outre le froid, il faut penser à notre sécurité sur l’arête des Bosses. Je décide de poursuivre jusqu’à la première Bosse et d’aviser là haut. Dans la montée à cette première Bosse, nous sommes très exposés au vent. Au bout de 10 minutes de marche j’échange un regard avec Benoit et Lionel et la décision est vite prise. Le plaisir n’est plus là! Il est hors de question de risquer une gelure pour un sommet fusse-t-il le Mont-Blanc!

Dans les rangs c’est la déception d’autant plus que tout le monde se sentait l’énergie de le faire. Mais très vite ce renoncement est accepté avec philosophie et l’on savoure pleinement ces instants magiques dans la lueur matinale… Nous rejoignons le reste de la troupe au refuge du Goûter.

La descente du Couloir du Goûter mobilisera encore toute notre attention… Sous Tête Rousse, l’ambiance se détend carrément! Nous descendons les névés sur les fesses, chacun avec son style, l’occasion d’un bon moment de rigolade….

Merci à tous pour ces moments sympathiques passés en votre compagnie. pas de sommet certes mais l’essentiel n’est pas forcément là!

Grands Montets

Grands Montets

Après la Vallée Blanche d’hier, direction aujourd’hui les Grands Montets avec le team Poitrine-Canoui. Au programme encore du ski sur Glacier, au pied des plus grandes faces nord du massif : Verte, Droites, Courtes. Là encore, des monuments alpins! La neige est excellente, très bien conservée. Un régal. On file dans la partie la plus crevassée du Glacier pour du ski vraiment insolite. Les chutes de neige abondantes ont bien bouché les crevasses, RAS.

Tellement bon qu’on remet ça dans la foulée avec les plus motivés! Ce coup là on descend jusqu’au parking par les sections tout terrain du bas, bien ravagées. Les cuissots chauffent, on commence à subir. Final tranquille par la piste histoire de terminer sur de bons virages.

Un bien sympathique we, merci à vous tous!

Vallée Blanche

Vallée Blanche

Nous sommes toute une petite troupe à s’élancer ce jour sur la Vallée Blanche. Afin d’éviter la cohue matinale, nous partons tranquillement vers 11h30. Un pari un peu engagé vu la nébulosité annoncée l’après midi mais un pari finalement gagnant! Les éclaircies dominent et la Vallée est presque rien que pour nous!

Après quelques virages de chauffe, on traverse le grand plat du Col du Géant…. On contourne ensuite le Rognon au pied d’itinéraires appartenant à la mythologie alpine! Pilier Gervasutti, Grand Capucin, Tour Ronde, Dent du Géant… La très grande classe. La neige devient excellente à skier, lisse et froide… On se lâche!

Passé le Rognon, avant la Salle à Manger, le ski devient plus technique. Des bosses avec parfois un peu de glace apparente… Pour ne pas oublier que nous sommes sur le plus grand glacier de France. On longe les séracs, l’ambiance est complètement insolite! Enfin nous arrivons à la Salle à manger, toponyme nous invitant inmanquablement à un petit grignotage…

Ensuite encore quelques virages serrés avant de lâcher les chevaux sur le grand plat de la Mer de Glace. On peut se laisser vivre en contemplant le paysage… La belle vie. Les 5km de la Mer de Glace sont rapidement avalés. Dans le bas, sur le front du Glacier, ça se corse un peu. La corde sera nécessaire pour franchir un court passage de glace.

Et puis c’est le moment de la douloureuse remontée jusqu’à la cabane des Mottets qui met les organismes à rude épreuve! Le retour à Chamonix se mérite. S’ensuit une partie de border cross sympathique sur la piste forestière qui nous ramène aux Planards.

Et là c’est le moment de grâce! 5h30 après être parti de Chamonix, nous laissons enfin nos traces sur la piste des Planards fraîchement dâmée. Un rêve qui se concrétise!

Mont Blanc par les Trois Monts

Mont Blanc par les Trois Monts

Fin de notre périple. Préparés techniquement, acclimatés, entrainés aux nuits les plus extrêmes en refuge mes deux guerriers trépignent d’impatience! Nous joignons samedi le refuge des Cosmiques par la très aérienne arête de l’Aiguille du Midi où les deux compères feront encore preuve d’un mental à tout épreuve! Etonnament, le refuge est « relativement » désert… Demain nous sommes trente prétendants au sommet. La plupart se lèvent à 1h…. Nous optons de notre côté pour une bonne grasse matinée avec un levé à 3h. Epaule du Tacul, Rimaye du Maudit, mes deux challengers avalent les difficultés sans broncher! A 9h30, malgré une crevaison dans le mur de Côte, c’est l’apothéose, nous foulons le dôme sommital du Mont Blanc dans une tempête de ciel bleu.

Récit de Denis

Le samedi matin, je me lève serein. Nous avons dormi chez mes parents, dans la vallée de l’Arve, à 50 km de Chamonix. C’est ma première bonne nuit depuis 3 jours… Le coup de téléphone de Nico vient briser le charme : « C’est tout bon Denis. Préparez vos sacs. On monte au Cosmiques cet après-midi. On va tenter l’ascension cette nuit. Rendez-vous 14h au Montenvers».

Nous sommes presque pris de court. « Je m’étais fait à l’idée d’une journée off, se lamente Ludo. Dis, c’est vraiment dur cette arête à l’Aiguille du Midi ? » Je lève les yeux au ciel. Je suis dans la même galère… Nico nous retrouve au parking du Montenvers, tous les deux tendus comme des arbalètes !

16h30, nous arrivons en haut de l’Aiguille (3842m) par le téléphérique. C’est l’heure des braves! Guidé par les consignes de Nico placé derrière nous, je m’élance en tête, pas après pas sur le passage tant redouté. Curieusement, je ne tremble pas. Je suis concentré à l‘extrême. Mes gestes sont sûrs, calculés, mesurés. J’essaie de me raisonner : « Imagines que tu marches sur un sentier étroit dans la forêt. Tu ne vas pas tomber ? Et bien là, c’est pareil. Allez, gentiment Denis, un pas devant l’autre, sans se brusquer. Voilà ». Derrière, Ludo se polarise sur mes 2 chaussures et fait les mêmes pas, sans regarder le vide. Il pense que j’assure comme un chamois. En fait, je n’en mène vraiment pas large. Pour la 2ème fois depuis la Roche Faurio, je lutte vraiment contre ma peur. Pendant ce temps là, Nico nous lance quelques encouragements et sifflote pour détendre l’atmosphère… Après 2-3 minutes de tension, nous pouvons enfin souffler sur une plate forme plus large. Ouf, l’arête est passée, on se détend ! Le refuge des Cosmiques est situé à quelques pas (3613m). Nous pensons que le plus dur est fait. Heureux les simples d’esprit ! Il nous reste quand même 1500m de dénivelé et quelques km pour fouler le toit de l’Europe !

L’accueil au refuge des Cosmiques nous fait regretter notre Jeannot des Ecrins. On s’y était fait à notre petite messe du soir. Ici, nos hôtes semblent assez indifférents à notre devenir d’alpiniste. Par contre, le bâtiment peut être classé dans la catégorie 3 ***. Les dortoirs sont spacieux, le local matos est chauffé et éclairé et il y a même des toilettes et des urinoirs avec eau courante. Que de luxe !

Tout doucement, la tension du lendemain monte… Nous passons notre temps à rigoler. Ici pas un bouquin sur la montagne, étonnant mais en fouinant, je trouve un livre sur le « Mont-Saxonnez », mythe de mon enfance. C’est un village situé sur les hauteurs de la basse vallée de l’Arve prêt duquel j’ai grandi. Ce gros bouquin avec des milliers de photos est une bible. Tout y est. L’auteur est même allé jusqu’à photographier tous les habitants du bourg et des hameaux pour être certain de la vendre. Sur les photos, je vais chercher longtemps sans la trouver « la Marie-Cécile Gros-Gaudenier », championne de ski oubliée de tous, réputée dans les années 80 pour ses descentes rapides, sa petite taille et ses grosses cuisses. Les 2 autres tentent de repérer des jolies filles sur les clichés. Peine perdue, il n’y en a pas en Haute-Savoie ! Ou alors, elles sont tellement mal habillées qu’elles se perdent dans le paysage.

Toutes les pages du beau livre me rappellent mon enfance en Haute-Savoie. La chasse, la pêche, la tradition… Nous parlons aussi politique, culture, gastronomie, société, sport. Le détail de nos conversations restera secret mais d’un grand niveau intellectuel surtout à cette altitude…

Dehors, le brouillard s’est installé et nous ne verrons pas « le splendide coucher de soleil depuis le Refuge des Cosmiques » vanté dans tous les guides. Pire, il neige. Tout cela est inquiétant pour demain. Notre voie envisagée dite des 3 Monts (Mont Blanc du Tacul, Mont Maudit, Mont Blanc) a été tracée aujourd’hui en partie pour la première fois depuis 15 jours. 30 personnes ont le même objectif que nous pour demain. Nico semble réfléchir à la meilleure tactique pour réussir le sommet. « Bon les gars, à mon avis c’est pas la peine de partir à 1h du mat’ avec tout le monde. On est acclimatés, au lieu de prendre le petit déj à une heure, nous allons faire la grasse mat’ jusqu’à 3 heures. On sera plus cool au départ et on profitera de la trace. ». Ouaah, quel plan diabolique ! Trop fort notre guide !

La nuit sera de toute façon très courte. Entre la pression qui monte, l’altitude et les ronflements, il est impossible de bien dormir dans un refuge. C’est comme la dernière nuit d’un condamné à mort. Il y a toutes sortes d’images négatives qui viennent se bousculer dans nos cerveaux. J’essaie de me relaxer en m’essayant à la sophrologie: « Allez Denis, ne pense plus à rien. Ton corps pèse une tonne et s’enfonce dans le matelas. Tu es lourd et ton cerveau est léger. Tu peux te… « Hey Denis, réveille toi, c’est l’heure. Il est 2h45 »

C’est l’heure des braves. Nous parlons peu, tendus vers l’objectif. En 40min, nous sommes dehors, sous les étoiles. Il ne neige plus et la nuit est magnifique. En levant la tête, nous voyons tout en haut de l’épaule du Mont Blanc du Tacul (4028m), les premières cordées parties 2 heures avant nous. Les lampes frontales se mélangent avec la voie lactée. Tout semble irréel, comme en apesanteur. « Regardez les gars, les premières cordées passent l’épaule du Tacul. Le temps est avec nous. Je crois qu’on peut enlever une couche, il fait doux. Allez en route, on essaye de se caler au bon rythme » commande Nico.

En haute montagne, le rythme est important. Ne pas donner donner d’à-coups, avancer régulièrement sans être asphyxié, faire les pauses aux bons endroits et au bon moment…. Tout ça permet de bien gérer son effort. L’idéal en arrivant pas trop tard au sommet est de profiter des meilleures conditions de neige à la descente, avant que tout ça ne chauffe trop. Je demande à Nico à quel heure nous serons au sommet : « Quand tout roule bien avec des gars acclimatés, on compte environ 2h par sommet. Nous pouvons être au Mont Blanc à 9h30. Avec des artistes comme vous je me fais pas trop de souci!»

Après 15 minutes de marche facile en direction du col du Midi (3532m), je trouve son optimisme un peu exagéré : alors que nous abordons les premières pentes du Tacul, une guide chamoniarde toute blonde et ses deux clients germaniques nous déposent sur place. Nous nous écartons de la trace pour mieux les laisser passer. Quels athlètes ! Quelle rapidité ! La bourrasque d’air qu’iles déplacent manquent de nous renverser ! Voilà qui nous remet à notre place.

Hors, cinq minutes plus tard, nous les rattrapons sans changer d’allure, du célèbre pas du montagnard, régulier comme de l’horlogerie suisse. Les deux germains sont asphixiés, suants et les yeux exorbités par cette accélération bien matinale. Nous ne les reverrons pas : « Etrange tactique! nous concède Nico plus tard ».

Dans les premiers 100m, Nico nous fait part de son analyse sur les conditions de neige. « La neige porte bien, pas d’accumulations, c’est bon pour nous ça, on continue! »

La pente est soutenue. Pour moi, la forme est là. Plusieurs fois, je me fais cette réflexion : « Putain, c’est dingue. J’ai l’impression de ne faire aucun effort. Mes jambes pèsent une plume et je n’ai aucun problème pour respirer à cette altitude. C’est bon ça, je dois être acclimaté! » Mais je n’en dis rien à mes collègues devant. Je crains que cela me porte la poisse. Superstition quand tu nous tiens.

Nous ne parlons quasiment pas. Chacun est dans son monde. De toute façon, il faudrait crier pour dire quelque chose aux camarades. Comme nous cheminons sur un glacier, il y a de nombreuses crevasses heureusement bien bouchées par la neige, du coup, nous sommes encordés pour la sécurité à environ 10 mètres les uns des autres.

Un peu avant l’Epaule du Tacul, sur un pont de neige et sous un sérac, des alpinistes ont dressé leur tente pour un bivouac joueur à 4100 m d’altitude. Drôle d’endroit pour faire du camping. « Hello ! » nous lance un gars qui sort de la tente. Il y en a qui ne tiennent pas à la vie…. « Heureusement la plupart du temps la montagne est clémente » commente Nico.

L’épaule du Tacul est atteinte en 1h30. Courte pause. Les premières lueurs du jour embrasent le ciel à l’est. Je me retourne et je perçois encore dans la pénombre en contrebas les lueurs de Chamonix. Nous croisons sans dire mot une cordée qui descend. Qui sont-ils ? Pourquoi abandonnent-ils ? Nous ne le saurons pas.

« Et d’un ! » me dis-je intérieurement en grimpant les derniers mètres du Tacul. De l’autre côté, nous apercevons le Mont Maudit (4465m), notre prochain objectif. Les premières cordées passent la rimaye du Maudit, d’autres sont dans les pentes en dessous et semble littéralement scotchées sur la pente.

Vers 6h00, les premières lueurs du jour nous sortent de la torpeur. Le spectacle est magnifique. C’est un vrai festival de couleurs du bleu au rose, qui colore la neige. Les premiers rayons du soleil, d’une froide tiédeur nous lèchent le visage dans chaque lacet du Maudit. Quel ravissant spectacle pour les yeux! Dans la vallée de Chamonix, 3400m plus bas, il y a du brouillard. « Encore une mauvaise journée en montagne » doivent se dire les touristes en levant les yeux. Encore une fois, nous avons de la chance avec la météo. Pas le moindre nuage à l’horizon!

«Regardez là bas, c’est le Mont Rose et le Cervin en Suisse. » nous montre du bout de son piolet Nicolas. « Ouais bof, je lui réponds, jette plutôt un coup d’œil de l’autre côté, il y a les Aravis, le Jalouvre, Mont Saxonnez et sa majesté Môle ». Ces montagnes sont inconnues mais elles ont rythmé mon enfance dans la vallée de l’Arve. Ce sont des sommets modestes de 2000m à 2500m, des géants quand j’étais petit, des nains vus d’ici. Nous rencontrons deux autres cordées qui rebroussent chemin. « Nous avons le mal des montagnes » nous apprennent ces italiens rencontrés hier au Cosmiques.

Au bout d’une heure trente sans difficulté, nous atteignons enfin le passage délicat du Maudit. Sur 100 m, la pente se dresse jusqu’à 50° degrés. Il faut l’attaquer de face, planter le piolet dans la neige sans faiblir et enfoncer les crampons par les pointes de devant. Nous sommes presque à la verticale, debout sur nos jambes. J’entends parler de ce passage depuis une bonne décennie. Stéphane, mon petit frère, est passé par là et m’a souvent fait peur avec cet endroit. Aujourd’hui, les conditions sont vraiment bonnes : la pente est entièrement en neige, une neige qui porte bien et il n’y a pas de glace qui affleure. Étonnamment, je ne tremble pas. Au contraire, j’adore cet effort où il faut être concentré à l’extrême. Il y a 1000m de vide au dessous. Je crois bien que je suis fait pour ce genre d’effort.

« Et de deux ». Arrivés en haut, nous doublons un groupe de 10 russes. Droit devant nous, enfin, le Mont Blanc. Il paraît si proche vue d’ici mais, vue l’altitude, il nous reste le plus dur à parcourir. Nous descendons vers le col de la Brenva (4303m) avant d’attaquer le redoutable Mur de la Côte ou les prétendants au Mont Blanc payent cash les efforts consentis dans les bosses précédentes et le manque d’acclimatation. Que de larmes ont du être versées dans ces 500 derniers mètres ! En jetant un oeil sur le Mont Blanc, il n’y a aucune trace qui arrive au sommet. Trois cordées partis ce matin au premier réveil sont juste devant nous en train de lutter dans le Mur de Côte. Les autres, sont derrières nous ou on renoncé. On va être tranquille là-haut. On parle souvent du Mont-Blanc comme d’une autoroute. De notre côté aujourd’hui c’est plutôt route de campagne. Certes, sur l’autre voie à droite, celle du Goûter, la plus courue, il semble y avoir un peu de monde. Mais cela reste raisonnable.

Dans le Mur de la Côte, mon Ludo donne quelques signes de fatigue. « Les gars, un peu moins vite, je commence à être sec. J’ai faim aussi » annonce t-il. Nous nous arrêtons plusieurs fois mais le rythme est toujours bon. Nous dépassons 3 autres cordées et il n’y a, désormais, plus personne devant nous. « Je savais bien que j’avais à faire à des challengers » dit Nico en rigolant pour encourager Ludo. Le Sétois est courageux mais son souffle est de plus en plus court. « C’est tout a fait normal, le rassure Nicolas, nous sommes quand même presque à 5000m. Allez plus que 200 m et nous sommes en haut. On y va tout doux ». Ces derniers mètres de dénivelé seront terribles!

Comme je suis placé dernier de cordée, derrière Ludo, je bute sans cesse sur ses pas moins rapides ou lorsqu’il s’arrête. Même si cela casse le rythme, j’apprécie de plus en plus les arrêts à chaque virage. A 100 m du sommet, je commence à avoir mal à la tête. Cela ne me quittera pas avant quatre bonnes heures !

9H40, « et de trois ! ». Nico filme notre arrivée en haut du toit de l’Europe. Nous sommes au ralenti sur les derniers mètres, tous nos pas semblent comptés et nous évoluons comme dans du coton. « A cette altitude, non acclimaté nous perdons 30% de nos capacités physiques et intellectuelles. A cause du manque d’oxygène, notre cerveau est mal irrigué, tout comme nos muscles ». A la réflexion, ce n’est pas désagréable. Rien ne semble réel. Il manque simplement des bouts de je ne sais quoi. C’est probablement cela qui explique la qualité déplorable de la vidéo enregistrée par l’appareil de Nico.

L’arrivée au sommet du Mont Blanc est un soulagement. C’est presque aussi un peu décevant. Tout est minuscule autour. D’ici, l’Aiguille du Midi ne ressemble pas à une aiguille mais à un aimable et petit rocher. Le Mont Blanc écrase tout et c’est finalement assez triste de voir… qu’il n’y a rien au dessus! Forcement, il n’y a pas de vue sur… le Mont Blanc et il n’y a plus de repères au loin si ce n’est une mer de nuages, à l’infini. Bon, je suis un peu rabat joie, cela reste très beau et unique!

Nous méritons une bonne halte sur le belvédère du sommet, assez large pour être totalement en sécurité. Nous cassons la croute et profitons du paysage malgré un petit vent de 20 km/h. Cela n’a l’air de rien, mais à cette altitude et même avec une température légèrement en dessous de zéro, nous nous refroidissons assez vite. J’ai déjà atteint les 4810 m en 2004 lors d’un reportage télé et j’avais ressenti la même envie de repartir rapidement. Les hélicoptères de touristes tournoient au dessus de notre tête en nous faisant coucou ce qui a le don d’énerver Nico, notre bon samaritain. Triste spectacle typiquement Chamoniard. C’est vrai, y’a plus de respect ma pauvre dame. Nous sommes des summiters nom de nom, pas des singes à qui on balance des cacahouètes !

Au sommet, Nico nous expose les deux options que nous avons pour descendre. Soit demi-tour et redescente par la même voie, soit on redescend par la voie normale ce qui nous permet de faire une jolie boucle. Il nous prévient que cette option est quand même plus longue que l’aller retour et qu’il va falloir passer par le couloir du Goûter dans lequel il sait que j’ai vécu l’an passé une expérience traumatisante.

Lors d’un autre reportage, en s’écartant légèrement du chemin, un alpiniste danois a dévissé juste devant moi dans cette caillasse pourrie. Une chute mortelle de 50m. J’ai été traumatisé par cette mort en direct. Le souvenir de ce corps désarticulé qui bascule dans le vide me hante toujours. L’homme était fatigué par l’ascension et redescendait au moment de glisser. L’accident s’était déroulé au ralenti sous nos yeux sans que l’on puisse tenter quelque chose. Ce qui me frappe le plus avec le recul, c’est l’absence de son au moment de la glissade. Le gars n’a rien dit, pas un cri, rien. En revanche, le guide m’accompagnant avait fondu en larme en criant : « ce n’est pas possible, non, ce n’est pas possible, arrêtez vous, arrêtez …». Tout cela me revient en mémoire. C’est douloureux. Vraiment, l’endroit ne me plait pas du tout. Il sent la faucheuse à plein nez.

Bon, il faut maintenant redescendre le Mont Blanc. Nico nous prévient : « Quand on atteint un sommet, nous ne sommes qu’à la moitié du chemin et ce qui nous reste est parfois plus compliqué avec la fatigue. Le sommet est atteint mais la course se finit au bistrot dans la vallée. Restez bien concentré pour la descente » Dans mes souvenirs, le début est très facile. Comme je suis premier de cordée dans le sens de la descente, je m’élance d’un bon pas quand tout à coup, je fais un refus, comme un cheval devant un obstacle trop grand. « Euh, non, là, je ne le sens pas tout. Je ne veux pas passer par là, c’est trop dangereux ». Droit sous mes pieds, l’arête des bosses. D’un côté, à gauche, l’Italie et 2000m de gaz, de l’autre les pentes raides vers les séracs des grands Mulets.

Subitement, avec la fatigue accumulée, le mal de tête et un début de vertige, je ne me vois pas, mais alors pas du tout, avancer debout sur cette corniche étroite qui serpente au dessus du vide sur plusieurs dizaines de mètres. Nico me rassure : « Allez Denis, ne t’inquiètes pas, c’est moins dur qu’à l’Aiguille et ça se calme vite. Vas-y tranquille et assure chaque pas. Vous êtes bien assurés. » Comme Ludo, derrière, a l’air placide, je me lance, en marchant comme un petit vieux sur l’arête. Certes, ça passe mais ce n’est pas mon truc. Mais effectivement, c’est pas long…

Très rapidement, nous dépassons le refuge Vallot (4382m, l’œuvre de Joseph Vallot, un savant héraultais du XIXème siècle), puis le Dôme du Gouter pour arriver vers le refuge éponyme. Nous sommes fourbus et nous n’avons plus rien à boire. Nico veut aller nous acheter des cocas : «Ouais, ben, on va attendre d’aller au refuge de Tête Rousse plus bas car ici, c’est du vol, le coca est à 5 euros et de toute façon les gardiens ne sont pas là!»

La descente des 700m de dénivelé dans l’aiguille du Goûter est fastidieuse. Il y a beaucoup trop candidats au Mont Blanc par cette voie. Comme demain, la météo annonce encore un temps magnifique, l’endroit est sur fréquenté. Et chouette, c’est le plus dangereux du massif avec le plus fort taux de mortalité ! « Autant de débutants concentrés sur un si petit espace, ça laisse réveur… commente Nico ». Nico nous assure toute la descente au milieu des bouchons. Ludo m’inquiète. Il semble exténué. Son visage est tout blanc, perlé de sueur et surtout, son pied est de moins en moins sûr. Il met beaucoup de temps pour passer d’un rocher à l’autre et souvent cela me tire en arrière vu que nous marchons encordés. Bon, ça finit par passer et le couloir final, tant redouté pour les chutes de pierre ne pose aucun problème. Les cailloux sont encore bien fixés grâce à la neige qui tapisse la pente. Petite pause restauratrice à Tête Rousse, ça fait du bien…

Après encore 1h de descente par un chemin de mule, nous arrivons enfin au Nid d’Aigle (2372m) pour prendre le petit train qui va nous ramener dans la vallée. Il est 16h00. Je suis fatigué mais je n’ai plus mal à la tête. Tout s’est bien passé, comme dans un rêve. Je m’endors dans le train….

Trois heures plus tard, nous buvons une bonne mousse au bar des Sports, rue Joseph Vallot à Chamonix. L’occasion d’évoquer les bons moments passés ensembles et de débriefer sur cette semaine. Tout a été crescendo : le retour du beau temps, les difficultés techniques, la montée en pression… Parfait ! Il est temps de payer notre metteur en scène qui s’en retourne vers ses calmes Ecrins. Je dis à Ludo : « Tu vois mon pote, ça, c’est de l’argent bien dépensé. »

 

Merci à Nico pour sa compétence et sa joie de vivre.

Merci à Ludo pour être le meilleur compagnon de cordée au monde (à part dans l’aiguille du Goûter !)

Merci à mes parents et à mes frangins pour leur soutien et leur humour.

Merci aux deux gamins Clerc et à ma femme Sandrine de m’avoir laissé vivre cette belle semaine en montagne.

! En attendant le récit complet par Ludo et Denis, voici déjà quelques photos de l’ascension…

Traversée des Aiguilles d’Entrêves

Traversée des Aiguilles d’Entrêves

On prend les mêmes et on repart aujourd’hui direction la traversée des Aiguilles d’Entrêves, une des courses classiques du massif du Mont Blanc. Depuis Torino, l’accès est rapide jusqu’au col d’Entrêves. Cette petite traversée est vraiment très esthétique si l’on reste sur le fil. Quelques passages un peu plus durs viennent pimenter l’ascension. Par contre on s’interroge vraiment sir l’intérêt des spits qui ont été posés à plusieurs endroits alors que le terrain se prête à merveille à l’assurage sur becquets. La course est courte, on prend notre temps, on savoure la vue magnifique…

Mont Tondu – Arête NE

Mont Tondu – Arête NE

Après la bonne grosse journée d’hier, on opte aujourd’hui pour un programme plus light. Le Mont Tondu par l’arête NE. L’occasion de faire découvrir les joies des arêtes rocheuses à Gabriel et Aurélie. Delphine connait déjà un peu ça. La journée attaque par quelques tractions sur un câble pour rejoindre le col du Mont Tondu. Ensuite, on suit le fil de l’arête jusqu’au Pain de Sucre. Le caillou est plutôt sain sur le fil et bien moins bon quand on s’en éloigne. Entre le Pain de Sucre et le Mont Tondu, il y a quelques beaux passages aériens.Après la grosse journée d’hier, cette course prend des allures de promenade digestive! Mais la descente jusqu’à notre Dame de la Gorge est longue avec quand même plus de 2000m de déniv’. Le mauvais temps annoncé nous épargne toute la descente et ce n’est que tranquillement attablé sur une terrasse de Saint Gervais que nous verrons tombé les premières gouttes de pluie. Excellent timing!

Traversée Tré la Tête – Aiguille des Glaciers

Traversée Tré la Tête – Aiguille des Glaciers

Pour nos cobayots et cobayettes nous avons choisis une course longue, sauvage et peu fréqentée : la traversée de la Tête N de Tré la Tête jusqu’au Dôme de neige au pied de l’Aiguille des Glaciers. Cette course se réalise au départ des Conscrits, sur la rive gauche du Glacier de Tré la Tête. La plupart des cordées présentes au refuge partent pour la populaire et plus accessible traversée des Dômes de Miage ou plus simplement pour l’aiguille de la Bérangère.

Pour nous l’aventure commence d’abord par une bonne montée en refuge! Le bassin de Tré la Tête a été épargné par les remontées mécaniques. Il faut donc monter au refuge by fair means! L’approche par Notre Dame de la Gorge permet une montée au frais, à l’ombre de la forêt. Peu avant d’arriver au refuge de Tré la Tête, on emmerge des arbres, la vue sur le verrou glaciaire de Tré la Tête est magnifique! Au fond, le Dôme de Neige au pied de l’Aiguille des Glaciers. Demain nous serons là haut!

Le verrou du Glacier de Tré la Tête avec en fond l'Aiguille des GlaciersOn profite du glacier de Tré la Tête pour faire une petite révision des techniques de cramponnage. Les débuts sont timides mais les progrès très rapides! Il faut un peu de temps pour bien appréhender ces techniques pas forcément instinctivesTré la Tête - Ecole de Glace - Version plus stableTré la Tête - Ecole de GlaceTré la Tête - Ecole de Glace - Aurélie, appliquéeTré la Tête - Ecole de glace - Delphine à l'aiseAprès avoir transformé notre terrain de jeu en glace à poisson, nous filons vers le refuge des Conscrits où une petite bière et une sieste pas volée nous ferons patienter jusqu’au repas. Pas question de veiller ce soir : le réveil est fixé à 2h30, il va falloir dormir un peu…

Hormis une cordée partie pour enchainer Dôme de Miage – Bionassay, nous sommes les premiers levés. Le ciel est grand étoilé, les premiers névés que nous rencontrons bien gelés : la course s’annonce bien. Après une heure d’approche sur de vagues sentes kairnées et après quelques zipettes sur des dalles verglacées nous prenons pied sur le Glacier de Tré la Tête. Le glacier bien bouché nous dévoile de temps à autre une crevasse dont on peine à voir le fond.

Après une fraiche halte au pied de la face N de l’Aiguille N de Tré la Tête, nous franchissons la rimaye sans souci complètement à gauche de la face puis traversons au dessus des séracs. Les premiers dans les raides pentes au dessus de la rimaye sont impressionnants mais en quelques minutes, tout le monde trouve ses marques et la quadrupédie est vite délaissée! On est quand même mieux debout!

Gabriel dans la face Nord de l'Aiguille N de Tré la Tête

Tré la Tête - Petite halte prés des séracs

200m sous le sommet, l’altitude commence à bien se faire sentir, surtout pour Delphine. On se regroupe pour décider de la suite des opérations.

Tré la Tête - Rimaye avant de rejoindre l'arête faitière

Tré la Tête - Regroupement sous la rimaye

Malgré le froid bien sensible quand on s’arrête, l’ambiance est au beau fixe dans notre petit groupe. Delphine avec beaucoup de courage continue l’ascension jusqu’au sommet de tête Blanche. Bravo miss! L’arête avant d’arriver au sommet est très esthétique est impressionnante! Heureusement mis à part deux très courts passages en glace, les conditions sont excellentes… Nous nous retrouvons tous au sommet de Tête Blanche.Tré la Tête - Sur l'arête faitièreTré la Tête - Bisous sommital!

Tré la Tête - Quelques minutes plus tard, le temps s'est bien levé!Au sommet on fait une bonne pause pour recharger les accus. Le levé matinal commence à se faire sentir et si ce n’est le froid, certains se laisseraient bien aller à une petite sieste! Mais la route est encore longue pour terminer cette traversée, nous reprenons la marche. La descente du sommet remet tout de suite dans l’ambiance : il faut désescalader une pente d’une centaine de mètres  à 40° pour prendre pied sur le glacier suspendu. Les techniques apprises hier à l’école de glace sont mises en application, c’est du concret! Passé cette difficulté, la descente sur le Glacier de la Lée Blanche ne pose pas de problème… La vue sur la suite de la course est magnifique!Tré la Tête - L'Aiguille des Glaciers et la Lée Blanche vues du Glacier suspenduNous profitons de l’arrivée sur le glacier pour faire encore une bonne pause restauratrice ! Cela nous laisse le temps de décider si nous poursuivons la course d’arête jusqu’au Dôme de Neige ou si nous réchappons vers la vallée. Un petit point météo : ça se couvre de plus en plus mais pas d’orages annoncés… Banco, on continue! On remonte donc sur l’arête. L’arête n’est pas trop difficile mais pour contourner une partie rocheuse nous devons traverser versant Tré la Tête dans une neige qui ne porte pas. On s’enfonce jusqu’aux genoux, plus parfois! Finalement nous atteignons tous ensembles la Lée Blanche dans la purée de pois! Sur l’arête, nous contournons une jolie corniche.Tré la Tête - Corniche vers la Lée BlancheUne courte redescente et encore 60m de montée et nous arrivons au pied de l’Aiguille des Glaciers dans le grand blanc. Visibilité plus que modérée. Nous en avons fini avec la montée c’est déjà ça. La boussolle est sortie pour s’orienter sur le Dôme de Neige. Le cheminement sur le glacier est imposé par les crevasses. Quelques centaines de mètres plus bas, nous sortons des nuages.Nous perdons rapidemment de l’altitude sur le glacier. La fin de la journée semble proche. Il faudra quand même encore mériter la remontée au refuge Robert Blanc ou devant une bière on peut savourer le repos bien mérité après cette belle GBM! En tous cas chapeau à Gabriel et Aurélie pour leur première course et à Delphine pour s’être bien battue toute la journée! Notre excursion n’est pas terminée : demain nous gravirons le Pain de Sucre et le Mont Tondu par l’arête NE…

Petite Aiguille Verte

Petite Aiguille Verte

L’Aiguille Verte est une très belle et courte course d’initiation ou de remise en jambe très facilement accessible grâce au téléphérique des Grands Montets. L’endroit idéal pour permettre à Olivier, Anne et Catherine de retrouver leurs marques en cramponnage et escalade. La rimaye est passée sans souci. Encore un peu de neige et nous arrivons sur l’arête. Pour s’entrainer à l’escalade avec les crampons comme c’est le cas dans de nombreuses courses mixtes, nous gardons les crampons sur l’arête. L’arête est vraiment ludique avec deux ou trois passages demandant un peu de concentration. Nous poussons jusqu’au vrai sommet, tout au bout de l’arête qui plonge après dans une brêche où débute l’arête des Grands Montets. Pour descendre c’est pas compliqué! On inverse la vapeur et on redescend par le même itinéraire.

Aiguilles Dorées – Traversée

Aiguilles Dorées – Traversée

Après une montée très pénible la veille à la Cabane d’Orny, sous une pluie froide et battante, nous espérons avoir aujourd’hui des conditions climatiques plus favorables pour la traversée des Aiguilles Dorées. Et c’est pas gagné du tout puisqu’au premier réveil à 5h il pleut encore. On rempile donc pour une heure de sommeil supplémentaire! A 6h, l’ambiance est toujours très nuageuse mais un peu moins humide. Branle bas de combat! A l’approche sur le plateau de Trient, quelques trouées nuageuses maintiennent l’espoir mais le froid et l’humidité sont tenaces!

Nous attaquons la traversée complètement à sa gauche par une corde fixe et deux longueurs équipées par les guides Suisses pour éviter la cheminée originale. On bascule par une petite brêche sur le versant Sud où l’on attrape tout de suite quelques dégrés supplémentaires! Un peu de cheminement sur une vire versant Sud et dans des Rochers brisés nous mène au pied de l’aiguille Javelle où l’ambiance est à l’opposé de celee de l’attaque : il fait bon chaud, la mer de nuage est sous nos pieds, le magnifique granit mordorée tiédit gentiment… La journée s’annonce très belle! Motivé par l’amélioration soudaine des conditions, nous tentons l’ascension de l’Aiguille Javelle (facultative) par sa fameuse cheminée, un IV+ d’antan comme les anciens en avaient le secret! De la bonne fissure large et expo dans laquelle les grimpeurs modernes perdent vite leurs repères! Sitôt gravie, l’Aiguille Javelle est redescendue en rappel pour retrouver les sacs laissés au pied.

La suite jusqu’au Col Copt ne présente pas de difficultés. Nous choississons de gravir le beau dièdre Copt (6a) plutôt que le contournement par le versant Nord. A la sortie du dièdre, il faut remettre les crampons pour contourner l’Aiguille sans nom et remonter au pied de la Tête Biselx. Quelques rochers faciles et une courte fissure mène au summit…

La suite de l’itinéraire est plutôt bien enneigée. Après avoir contourner la pointe Fynn par la gauche, on rebascule en versant Nord pour contourner les Aiguilles Penchées par des pentes de neige et glace et du mixte. Le rocher est parfois douteux…. On rejoint le fil de l’arête après la dernière des Aiguilles Penchées. Jusqu’à l’Aiguille de la Varappe, il n’y a plus vraiment de difficultés, on progresse rapidemment. La descente orientée NW est encore bien enneigée, rendant la désescalade trop délicate. On fait trois petits rappels entrecoupés de courtes désescalades et un grand rappel pour accéder à la brêche (40m, qu’il est possible de couper en deux). De la brêche, on raboute nos deux cordes pour franchir la rimaye avec un rappel éjectable sur crocher Julio.

Cette très belle journée se terminera devant une marmite de fondue et un petit fendant Suisse aimablement servie par Raymond le gardien de la cabane d’Orny. Merci pour l’accueil et ta gentillesse Raymond!

Eperon Frendo

Eperon Frendo

Journée en deux temps aujourd’hui!

Premier volet : l’éperon Frendo en face N de l’aiguille du midi avec Manu, Antoine et Tibo. On part à la deuxième benne…  Avec les chaleurs annoncées aujourd’hui, l’idée est de ne pas trop trainer pour avoir les moins pires conditions dans la partie neigeuse de l’itinéraire ! C’est donc un véritable sprint vertical qu’on entreprend dans cette très belle classique. Finalement on sort sur l’arête sommitale à 13h, 4h30 après avoir franchi la rimaye et avec la gorge un peu sêche!

Deuxième volet : à peine remi de notre petit footing matinal, Hughes me propose un petit saut en parapente biplace depuis le Plan de l’Aiguille. C’est mon baptême de l’air! La sensation au décollage est hallucinante : j’ai vraiment l’impression de me faire arracher à la terre! Après une petite ballade au dessus du Glacier des Bossons et au pied des aiguilles de Cham, Hughes me fait un petit cours de pilotage avec Chamonix sous les pieds. Deux trois acrobaties plus tard, c’est l’atterissage… Je suis un peu retourné du ventre mais bien heureux d’avoir vécu ça. Encore un grand merci Hughes!

Flammes de Pierre – La Reprise

Flammes de Pierre – La Reprise

Suite et fin du we granit à Chamonix. Avec un seul des deux compères de la veille nous partons au premier train pour une petite ascension dans les Flammes de Pierre au pied des Drus. C’est toujours un moment d’émotion pour nous autres gars des montagnes pas trop aménagées que de partir en montagne dans une crémaillère bondée d’alpinistes et de touristes! Enfin sortis du train, nous nous retrouvons rapidemment seuls à monter par les balcons de la mer de Glace en direction du refuge de la Charpoua. Le chemin est identique jusqu’à la moraine du glacier de la Charpoua. Pour aller vers les flammes de pierre, il suffit de suivre le fil de la moraine jusqu’à la paroi. Le chemin est bien tracé.

A notre grand étonnement, des grappes de grimpeurs se battent déjà dans plusieurs des itinéraires de la face que nous convoitons. Au moins 8 cordées en tout! En fin stratèges, nous choisissons une des seules voies pas fréquentée ce jour : la Reprise. Et ça tombe bien puisque c’était un de nos deux projets.

L’attaque de la voie se fait dans une cheminée humide puis légèrement à gauche. Cette première longueur est franchement pas inoubliable. Le mieux c’est de la shunter par les vires herbeuses… Après ça devient carrément joli. La deuxième longueur emprunte une très belle fissure puis part à droite (un spit, 6b) pour se rétablir sur une vire. Relais tout confort. La troisième longueur démarre par une fissure large pas difficile pour se rétablir sur une vire. De la vire il faut emprunter la fissure la plus à gauche, à protéger, et qui finit par se boucher rendant un rétablissement délicat. C’est là le pas dur (6c). La fin de la longueur est balisée par des spits. Relais sur une vire au top du confort! Suite à droite dans un dièdre de plus en plus marqué, classos (6b+). Relais tout confort une fois de plus. La longueur suivante est vraiment magnifique aussi. Les trois spits ne sont pas visibles du relais. Il faut passer dans une partie qui parait très lisse vu d’en bas mais qui est bien pourvue en prises (voir photos)(6c). Il faut faire gaffe de ne pas partir trop à droite vers des spits bien visibles mais qui appartiennent à une autre voie (et c’est plus dur en plus, 7a+). La longueur suivante est une longueur de transition avec un court passage en fissure (6a+). Au dessus ça devient carrément démoniaque avec 40m d’anthologie dans une fissure magazinesque (7a). Relais toujours au top. Un départ coquin (6c) et puis c’est la fin des difficultés avec encore un peu de 5 jusqu’au sommet.

Pour la descente, il n’y a qu’à faire le chemin en sens inverse puisque tous les relais sont équipés. La descente nous prendra une demi heure. Avec deux brins de 60m on a pu sauter deux rappels.

Bref une voie bien jolie jolie avec des passages dignes des plus belles envolées du massif! Les relais sont tous très confortables et équipés pour descendre en rappel. Les passages non protégeables sont équipés en spits de 8mm. Pour se protéger le reste du temps, nous avons utilisé un jeu de camalot du 0.3 au 3 en doublant le 0.4, 0.5, 0.75 et 1 plus deux C3 (petits camalots).

Et comme hier sans speeder nous avons regagné la vallée en usant bravement des moyens mécaniques mis généreusement à la disposition de l’alpiniste Chamoniard.

Aiguille du Peigne – Contamine Vaucher

Aiguille du Peigne – Contamine Vaucher

Nous profitons du généreux anticyclone pour aller goûter le temps d’un we aux joies de la varappe en granite. Notre objectif initial avec les deux Julien était de faire Postcriptome, une voie moderne sur le gendarme du Peigne juste à droite de la classique Contamine Vaucher. Nous sommes deux cordées à l’attaque avec le même objectif. On trouve un peu idiot que les 5 grimpeurs présents au Peigne ce jour s’entassent dans la même voie. Du coup changement complet de programme, on opte pour la Contamine Vaucher en grosses. Aucun de nous ne connait cette classique des 100 plus belles de Rébuffat, elle fera bien notre bonheur! On a pas le topo mais on tâchera de suivre l’itinéraire au mieux, au flair!

Et ben ce fut loupé (pour le flair, pas pour le bonheur). Dans le socle pas de souci, les lignes de faiblesse sont multiples et évidentes. On avale en courant les 5 premières longueurs. Dans le haut, on attaque une exploration en règle de la face! Plusieurs passages évidents du bas se révèle assez difficile et surtout complètement humides. Est on dans la voie? Juste à côté? Tiens un piton ça doit être ça… Au fait la moindre fissurette de ce gendarme a connu la visite d’un grimpeur égaré ou ouvrant un nouvel itinéraire ce qui fait qu’il y a du matos de partout! et de tout âge! Juste après avoir buté dans un dièdre trop humide, on fera même deux longueurs dans Peigne perdu (6c et 7a+), une voie moderne à gauche de la Vaucher. Un peu vexé de ne pas terminer ce que nous avons commencé (la Contamine Vaucher) on décide de redescendre en rappels pour tenter de retrouver la voie originale. Trois rappels plus tard et grâce aux indications de la cordée dans Postcriptôme, nous retrouvons le bon itinéraire! Le reste ne sera qu’une formalité, mais une bien agréable formalité : 4 grandes longueurs de quasi 50m sur un rocher bien classe et avec des relais 5 étoiles!

Bilan de la journée : 550m de varappe au lieu des 400m initiaux et de bien sympathiques moments passés avec les deux compères! Malgré nos fourvoiements du jour on arrive sans stresser à prendre la dernière benne et ça à Chamonix c’est une partie du plaisir!

Aiguille des Pelerins – carmichaël

Aiguille des Pelerins – carmichaël

Avec Tibo, Vinc’ et David nous partons découvrir un itinéraire à quelques encablures de Chamonix : la Carmichaël à l’aiguille des Pélerins. Il faut d’abord emprunter la voie normale du Peigne jusqu’à la salle à manger au pied du ressaut final du Peigne. De là on peut gagner le sommet du Peigne ou le shunter au choix… Reste ensuite un beau ressaut de 200m pour gagner les Pelerins. L’escalade n’excède pas le IVsup mais les conditions du jour (pas mal de neige dans les fissures) rendent assez sérieuse l’escalade. Le IVsup Chamoniard qui déjà se mérite pas mal peut devenir une véritable entreprise si les conditions ne sont pas au top.

On gagne le sommet en même temps que la pluie! Heureusement que David connait la descente, ça nous évite de trop poireauter sous la pluie. On trace! Le soir, nous dormons au refuge du Plan, un vrai paradis pour montagnard détrempé : bière pression, chauffage au sol, fine cuisine mais pas rationnée, accueil très sympathique, douche et couettes! Nous passons la fête de la musique dans un festival de son et lumière au milieu d’un orage… belle ambiance

Pilier Gervasutti – Mont Blanc du Tacul

Pilier Gervasutti – Mont Blanc du Tacul

Pilier Gervasittutiquanti au Mont-Cul-du-Tas-Blanc

Après les exploits de la veille au Grand Capucin, la soupe aux pruneaux et tutti quanti, Sylvain arrive en courant et m’amène le petit déj’au lit, c’est un luxe rare au Col du Géant!
M’enfin on traine pas trop, l’objectif c’est le pilier Gervasutti au Mont-Blanc du Tacul et retour Cham dans la foulée. On se comptera fleurette une autre fois…

Le tracé de l'itinéraire du pilier Gervasutti

Le tracé global

Même si un jour de repos n’aurait pas été volé après les précédentes journées à l’Envers des Aiguilles et la veille au Grand Capucin, je n’ai pas pu résister quand Sylvain m’a proposé le Gervasutti. L’occasion fait le larron comme on dit!
On a tout fait en chaussons (même la rampe mixte!) sauf la fin du coup l’horaire s’en est ressenti : 6h pour de la rimaye au sommet. La réputation de la course n’est pas usurpée, c’est vraiment classe.
Une journée de rêve qui finira très bien puisque nous attraperons sans souci une benne pour Chamonix où je retrouve avec plaisir comme toujours toutes les commodités de ce bas monde…

Topo perso – Pilier Gervasutti

Grand Capucin – O solé mio

Grand Capucin – O solé mio

Suite du trip avec la Vergeat…
Direction le mythique grand Capucin, passage obligatoire pour tout grimpeur-montagnard qui se respecte!
Petit biwouac au pied.
Je pars avec la galinette dans O Sole mio, le reste de l’équipe ne sera pas loin dans la Voie des Suisses.
Cette voie « O Solé mio », c’est une vraie perle! A part au début, les choix d’itinéraire ne sont pas très complexes : dans les fissures, et vaille qué vaille! Tout se déroule sans anicroche… Un relais un peu saturé mais rien de bien méchant à côté du joyeux bordel dans la voie des Suisses.

Nico dans o Sole Mio Grand Capucin

Dans O Sole Mio au Grand Cap

Martin en technicolor dans la voie des Suisses

Au sommet du Grand Capucin

Jady - ouné gran capuccino per favor!

Du sommet, nous traçons avec la galinette sans attendre les collègues coincés dans les bouchons de la voie des Suisses. C’est que la demoiselle à une benne à prendre!
Croyons leur faire gagner du temps pour la suite, je démonte le biwouac et plie leurs affaires (finalement ils redormiront là et me maudiront d’avoir tout plié!).
Pour ma part j’ai reçu un petit coup de fil de Sylvain qui veut faire le pilier Gervasutti le lendemain à la première benne. Du coup je reste bivouaquer au col du Géant. Toute la soirée j’attends les collègues de la Vergeat imaginant qu’ils viendraient rebivouaquer par ici. Je me prépare un bon gueuleton avec tout ce qu’il me reste comme bouffe : deux biscuits et quelques pruneaux. Ca me fait une curieuse petite soupe….

Envers des Aiguilles avec la Vergeat

Envers des Aiguilles avec la Vergeat

Petite session varappesque avec la Vergeat team ainsi baptisée par la gardienne de l’Envers des Aiguilles…
Objectif tater du beau granit en montagne en piégeant du camalot partout où ça peut!
On démarre par deux belles journées à l’Envers des Aiguilles dans le massif du Mont-Blanc.
Avec Arno nous allons faire un tour dans Vaisseau Fantôme. C’est dingue comme quelques mois après je n’ai aucun souvenir de cette voie. Rien! Foutue mémoire… (ni aucune photo d’ailleurs)
Au retour par contre on s’est arrêté au pied de la pointe des Nantillons pour s’exciter dans une fissure en 6c d’une divine pureté (la fissure de « Une gueule du Diable »). On retrouve là nos compagnons de la Vergeat qui redescende en grande forme de la Guy Anne. Du coup une petite séance de couenne collective s’organise pulvérisant par la même le record de densité de sudistes dans le massif. On a laissé un peu de grain sur le rocher pour les suivants

Le lendemain avec la galinette, on part grimper California Dream, pure petite beauté!
Suite des aventures au Grand Capucin.

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Partir en face nord des Grandes Jorasses n’est jamais anodin. D’autant plus lorsque c’est la première fois! Même en ayant déjà réalisé de longs itinéraires en face nord comme par exemple la Ginat aux Droites, l’aura de cette face, monument historique de l’épopée alpine fait que l’on se sent tout petit au pied de cette muraille!

Seb Ibanez, mon joyeux camarade, a déjà visité auparavant les Jorasses par la voie des Slovènes. Pour ma part j’ai fait l’an dernier la traversée Rochefort – Jorasses ce qui fait que je connais la descente sur le versant Italien(c’est un bon point!).

Pour ma première visite dans ce secteur, je n’ai pas trop envie de bivouaquer dans la face. Nous optons donc avec Seb pour un itinéraire « à la journée » (quand tout se passe pas trop mal) : la Colton-MacIntyre à la pointe Walker. L’itinéraire se déroule à droite de l’éperon Walker ouvert par Cassin (un véritable hold-up d’ailleurs : alors que tout le gratin de l’alpinisme tournait autour de cet éperon, les italiens sans connaitre la face réalise la première au nez et à la barbe de tous! mais bon je m’égare).  La Colton-Mac Intyre sort directement à la pointe Walker, sommet des Grandes Jorasses à 4208m.

Au programme des réjouissances, en vrac : deux rimayes, 1200m de face, 250m de goulottes, 550m de pentes de neige-glace, 400m de mixte difficile, une descente sur un glacier chaotique, …

Tracé de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Tracé de la Colton Mac Intyre

Le topo de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Voilà pour les présentations.

Comme nous ne sommes pas acclimatés, nous optons pour un bivouac au pied de la face plutôt qu’au refuge de Leschaux. Ca nous permet d’économiser quelques heures de marche et de sommeil pour la longue journée du lendemain.

Le bivouac est posé au pied de la face à une centaine de mètres de la première rimaye. Une tente est déjà là. Seb tente de faire ami-ami avec la cordée Americano – Ecossaise qui bivouaque juste à côté de nous mais n’obtiens en réponse que des grognements à travers la porte de la tente. Le mythe de la convivialité en montagne en prend un coup. Au delà du côté sympathique, prendre contact avec eux nous aurait permis d’organiser un peu la journée : départ commun et partage du brassage jusqu’à la deuxième rimaye. Alors que tout aurait pu se passer dans la fluidité et l’harmonie, la joie et l’allégresse, cette maudite cordée va nous faire une belle démonstration de « savoir pas vivre » en montagne!

Levé à 5h du mat’. Visiblement nos deux anglophones, que nous appelerons Bob&Bob pour les besoins de la communication, n’ont pas encore décolé. Nous nous préparons et y allons. Jusqu’à la deuxième rimaye, on enfonce pas mal, jusqu’à mi cuisse par moments si bien qu’il nous faut une bonne heure pour parcourir les 100m de déniv’. Entre temps Bob&Bob se sont mis en branle et profitant de nos traces, nous rattrapent petit à petit. Seb est devant pour passer la deuxième rimaye et bien entendu nous sommes encordés. Lorsqu’il se trouve dessus, la rimaye s’affaisse avec une vibration sourde. Dans la foulée, un bloc de neige compact de 1m cube s’abandonne aux joies de la gravité dans la direction de Bob&Bob. Je préviens Bob&Bob qui sont 50m plus bas de l’arrivée de cette boule pas complètement innoffensive… Ils l’évitent sans l’ombre d’un souci mais l’arrivée de cet élément neigeux sur leur trajectoire est fraichement accueilli à en juger par les quelques anglaises onomatopées à la tonalité peu amicale qui nous parviennent à travers l’air du matin.

Seb poursuit l’ascension de cette rimaye délicate et prend pied dans la pente de glace. De là il effectue un relais duquel il m’assure solidement. En passant sur la rimaye, je constate effectivement que celle-ci n’est pas très en forme et suis bien content d’être assuré!

Je rejoins Seb au relais qui repars de suite dans la pente de neige-glace. Pendant ce temps là, Bob&Bob sont arrivés au pied de la rimaye aidés par nos traces. Je constate avec étonnement qu’ils franchissent la rimaye sans corde. Drôle de choix. Le premier Bob arrive à mon niveau. Je lui lance un bonjour amical auquel je n’obtiens aucune réponse. L’animal me passe à côté et piétine littéralement la corde. Je lui dit de faire gaffe à la corde et il me répond que le danger pour eux aujourd’hui c’est nous… ça commence bien. L’autre me passe à côté, à peine plus amicalement. Lorsque la corde se tend je pars avec donc Bob&Bob au dessus de mon nez en solo dans la pente. Comme l’idée d’une chirurgie esthétique à base de pointe de crampons ne m’enthousiasme pas trop, je me décale de leur axe. Au milieu de la pente, Bob2 zippe des crampons et se retrouve pendu à ses piolets dans la pente. Du grand Nimp.

Finalement nous arrivons quasiment ensembles au niveau de la première goulotte. Pour nous gratter Bob&Bob ne s’encorde nt que sur un brin. Tant pis on leur cède la place, on est pas là pour entrer dans ce genre de délire. Juste avant de rejoindre Seb au relais, Bob1, un peu au dessus, m’envoie un beau glaçon dans la face, l’enflure! J’explose et Bob2, à mon niveau en prend pour son grade, en français dans le texte : « Fais pas l’innocent je sais que tu comprends » pour ne garder la partie que la plus diplomatique!. C’est dingue d’en arriver là!

Maintenant qu’ils sont devant, Bob&Bob nous obligent à attendre… On essaye de pas trop y penser et de prendre du plaisir dans l’ascension. La première goulotte est très belle en bonne glace. Encore des pentes au dessus puis la deuxième goulotte avec un petit pas de mixte à l’entrée. L’ambiance commence à se faire sentir et les mollets fument. Encore une centaine de mètre de glace nous mènent au pied du mixte sommital (mais il reste quand même 400m!).

Une fois de plus, on se retrouve coincés derrière Bob&Bob. Relativement efficace dans tous le bas de l’itinéraire, ils s’avèrent désespéremment lents dans la première longeur de mixte. Bilan on poireaute quasiment une heure au relais. Misère. Dès qu’il le peut en sécurité, Seb se lance dans la section mixte et tente une variante qui nous permettrait de doubler Bob&Bob. L’idée était bonne mais le résultat moyen puisqu’il l’entrainera dans une impasse avec redescente en rappel à la clé, encore une petite heure de perdue mais bon au moins maintenant on a Bob&Bob à distance et on va pouvoir se concentrer sur l’ascension.

La longueur suivante nous permet de rejoindre l’éperon Walker. Pour autant les difficultés ne sont pas terminées. Le rocher est plâtré par une dizaine de cm de neige et l’ascension jusqu’au sommet demande encore toute notre attention, d’autant qu’à 4000m, nos carcasses mal acclimatées commencent à couiner.

Moment de grâce sur l’éperon, le soleil vient nous lêcher le visage, que c’est bon!

Nous sortons à la pointe Walker vers 18h30 en même temps que Bob&Bob malgré les deux grosses heures qu’ils nous ont fait perdre. Froide tentative de réconciliation au sommet.

Nous ne sommes pas au bout de notre surprise quand nous voyons Bob&Bob entamer la descente …. en rappel! Dans la face! Nous hallucinons : se lancer dans une trentaine de rappels, à la tombée de la nuit, en pleine face Nord… faudra nous expliquer l’intérêt.

Pour notre part, il est 19h, nous attaquons la descente côté sud espérant atteindre les rochers du reposoir avant la nuit. Connaissant la voie normale, ça ne traine pas et nous franchissons à la tombée de la nuit les crevasses juste avant le Reposoir. Un tel nom incite à la pause d’autant que la déshydratation commence à bien se faire sentir. Petite soupe sous un ciel étoilé. Diner romantique. Texto à ma douce et aux potes pour rassurer.

Après cette petite halte régénératrice, nous descendons l’arête puis louvoyons sur le glacier en se dirigeant à l’alti et à la carte. ça brasse pas mal. On atteint Boccalate aux alentours de 0h30 pensant n’avoir plus qu’à s’échouer dans une paillasse après s’être envoyé un plat de pate qui aurait été généreusement laissé là.

Première déception : la porte ne s’ouvre pas, elle est complètement prise dans la glace. Personne n’est passé depuis un bail. Nous sommes quitte pour une heure de burinage sur la glace pour finalement décoincer la porte!

Deuxième décéption : pas le début d’une miette de quoi que ce soit de comestible dans ce refuge. On s’envoie nos derniers biscuits et zou, au lit.

La descente le lendemain nous demandera encore quelques efforts dans une neige lourde et inconsistante jusque dans la vallée.

…. épilogue : le lendemain de la descente, je remonte avec mon pote François pour récupérer le bivouac et les raquettes au pied des Jorasses. Merci François!

Bob&Bob ont plié leur camp c’est donc que tout a du bien se passer pour eux, tant mieux.

Malgré les indélicatesses de Bob&Bob, cette première expérience dans les Jojo (comme on dit à Cham’) était vraiment excellent est a permis de sceller avec Seb notre cordée qui fonctionne plutôt bien!

Pas de photos ce jours là. Par contre pour se faire une idée de l’ambiance voir les vidéos de la Colton Mac Intyre sur tv moutain qui ne sont pas de nous je précise!

Les Droites par la Ginat

Les Droites par la Ginat

Après une ascension épique de la voie des Suisses aux Courtes quelques jours auparavant, je reviens avec Ben dans ce fabuleux bassin d’Argentière et sa belle exposition de face Nord. Ici c’est un peu comme au glacier Noir dans les Ecrins (la fréquentation en plus) : l’ambiance haute montagne est grisante!

Cette face Nord des Droites, une des plus connues des Alpes, attire comme les Jorasses les alpinistes du monde entier. Si cette ascension est aujourd’hui devenue somme toute relativement classique, sa première ascension en 5 jours de septembre 1955 par P. Cornuau et M. Davaille fut une des grands moments de l’Odysée alpine! A remettre dans le contexte matériel de l’époque bien entendu : un seul piolet (droit en plus), pas de pointes avant, pas de broches… Les pentes de glace étaient vaincues en taillant des marches…

Aujourd’hui, armés de deux piolets traction, de crampons 12 pointes, de broches à glace, et lorsque les conditions sont bonnes, la face Nord est régulièrement gravie « à la première benne », c’est-à-dire que les prétendants partent de Chamonix le matin et y redorment le soir!

Comme on aime les sacs bien lourd et l’imprégnation, on opte pour un bivouac au pied de la face Nord des Droites (pas trop prêt non plus). On se charge en plus de nos skis qui ont l’immense avantage de nous faire gagner beaucoup de temps et d’énergie sur l’approche et le retour par la Mer de Glace mais l’inconvénient d’alourdir nos sacs dans la voie et nous faire grimper en chaussures de ski.

Le pied de la face s’atteint par une impressionnante traversée sous la Verte, la Grande Rocheuse et les Droites. Pas trop traîner dans ce coin et guetter les séracs qui menacent!

Nico ski vers la Ginat aux DroitesDanger crevasses sur le glacier d'Argentière

L’ambiance au bivouac est bien prenante. Dur d’oublier ce pourquoi nous sommes là! Ce bout de mur de 1000m en impose. Pour chasser les angoisses, rien de tel qu’un bon coup de lime, sur les crampons.

Bivouac au pied de la face Nord des DroitesNico affute ses crampons au pied des Droites

Départ à la fraîche le matin. Juste avant la rimaye je perds une peau suivi de peu par mon bâton en voulant rattraper la peau. Tant pis on verra ça quand on reviendra chercher le bivouac!

Après la rimaye de la Ginat aux Droites

On attaque corde tendue les premières pentes et la banane Messner en bonnes conditions. En haut de la banane, Ben fait relais pour que je passe devant.

Banane Messner aux Droites

Je repars dans la grande pente en neige pas très consistante au début. Je préfère bétonner ce passage pas très dur mais exposé. C’est ce moment que choisit la cordée de germaniques qui nous talonnais pour tenter un dépassement un peu bourrin! Je les laisse passer puis finalement on les rattrapera peu de temps après dans la pente de glace!

Bon fumage de mollet dans ces pentes en glace. C’est pas du polystyrène mais on avance bien.

Dans les pentes de glace de la Ginat aux DroitesA la sortie des pentes de neige et glace de la Ginat aux Droites

Ensuite c’est la grande classe : la face se redresse et l’on grimpe sur des placages de glace bien protégeables avec quelques petits passages de mixte.

Ben à l'attaque des placages de la Ginat aux DroitesCourte section de mixte dans la Ginat aux Droites

Au dessus de grands rideaux de glace bien cassante nous occupent un petit bout de l’après midi. Jamais extrême mais jamais complètement rando non plus.

Dans le haut de la Ginat aux DroitesEncore de la glace dans le haut de la Ginat aux Droites

Tout baigne jusque là, il est 15h et on avance bien. Il nous reste un peu de glace et la pente de neige terminale.

Sauf que cette maudite pente nous prendra bien deux heures! Gros brassage dans de la semoule de premier choix! On sort passablement éreintés à la brèche mais heureux d’être venu au bout de ce délice glacé.

A la sortie de la pente de neige finale

Cordée bien heureuse bien que d’une dentition pas toujours irréprochable!!!

Nico et Ben à la brêche des Droites

Allez c’est pas qu’on s’embête ici mais y commence à se faire faim, et on est pas tout à fait rendu.

Premier rappel de la descente de la brêche des Droites

La descente en rappels-désescalades bien efficace nous dépose quelques temps plus tard sur le glacier. Là on comprend enfin l’utilité de ces deux lattes qu’on trimballe depuis le matin. On se laisse glisser jusqu’au bas de la mer de glace avec les dernières lueurs du jour. Quelques (nombreux) déchaussages – raclages – portages de ski, on s’échoue à Chamonix à 23h devant un sandwich monstrueux.

Mes mains sont insensibles depuis un bon moment. Je n’y ai pas trop prêté attention pendant l’ascension….
Bien fatigué, je m’endors en remettant ce problème au lendemain (grossière erreur!). Le lendemain au réveil, aucune amélioration. Et crétin que je suis, je vais encore attendre 24 heures de plus avant d’aller enfin aux urgences à Briançon. Mais c’est déjà trop tard pour agir efficacement… Les premières heures sont les plus importantes pour les gelures. Un réchauffement rapide est très douloureux mais occasionne moins de séquelles qu’un réchauffement lent qui entraine la mort des cellules.
10 jours de doute, en attendant de connaître la vrai ampleur de ces gelures. Avis partagé des médecins. Finalement je m’en sortirai avec un bon second dégré et pansements gras pendant un mois. Deux ans après, je n’ai quasiment pas de séquelles excepté un petit doigt (le plus touché) régulièrement insensible et une sensibilité accrue au froid!
Quelques précautions de base m’aurait permis d’éviter ça : des bons gants, une meilleure hydratation, enlever les dragonnes des piolets et surtout ne pas laisser le froid s’insinuer et prendre le temps de se réchauffer régulièrement. Comme j’étais pas frileux, je me croyais vraiment à l’abri! Quel orgueil. Une bonne leçon…

Mont Blanc : Traversée Miage – Bionnassay

Mont Blanc : Traversée Miage – Bionnassay

Après les trois semaines d' »expédition » avec Jade dans les Ecrins et le retour à la Meije quelques jours avant, je me sens plutôt en forme.

Fabrice est motivé aussi par un beau projet. Après mon but l’an dernier au Mont-Blanc, j’ai bien envie de récidiver mais par un itinéraire moins couru que la voie normale.

Nous ne mettons pas longtemps à nous décider pour la traversée royale. Faut pas l’appeler comme ça il parait, mais c’est quand même plus court que la traversée Miage – Bionnassay – Mont-Blanc – trois Monts à la descente!

Deux amis de fabrice se joignent à nous.

J1 : nous montons dans la grisouille jusqu’au « refuge » des Conscrits, une belle usine à gaz! Quelques doutes sur la météo quand même! Carpe diem, nous misons au moins sur les Dômes de Miage!

J2 : nous sommes quelques cordées à nous élancer (sans trop d’élan non plus) le matin en direction de l’Aiguille de Bérangère (pas vue la Bérangère). Ensuite, c’est un vrai régal. On est quasi constamment sur le fil des Dômes de Miage avec en fond d’écran le Mont-Blanc et tout l’itinéraire du lendemain… La classe. La plupart des cordées qui ont partagé notre petit déjeuner se sont arrêtés à l’Aiguille Bérangère ou font « seulement » les Dômes de Miage. Du coup passés les Dômes, on retrouve une certaine solitude. Petite pause sur les rochers où j’aurais un éclair de génie : poser mon casque sur le côté rond, pour être sur qu’il ne soit pas trop stable! Le casque trop content de pouvoir enfin vivre sa destinée s’est lancé dans une folle descente versant italien. J’ai voulu m’opposer à cette cruelle déchirure mais j’ai bien vite compris que cela risquait de nuire à mon espérance de vie… Je crois même mettre dit pendant une seconde qu’un jour j’irai le rechercher… Oui, oui, bien sur…

… le deuil du casque est rapidemment fait avec un bon sandwich entre les mains et on se remet en route vers le refuge Durier. De loin, le refuge parait tout petit. Plus on se rapproche, plus on se rend compte que le refuge est vraiment tout petit! Une vrai petite boite d’allumettes, accrochée à la montagne dans laquelle s’entassent les alpinistes… Heureusement nous ne sommes pas très nombreux, une petite quinzaine d’allumettes. Mais cela impose déjà au gardien de faire plusieurs services sur sa petite table pour6 personnes. La météo est nickel pour le lendemain avec un peu de vent… Le soir devant une bière, on se fait tous les scénarios pour le lendemain

J3 : nous faisons parti du deuxième wagon de petits déjeuner. Finalement c’est bien plusieurs services… ça décale les départs sur la trav’. Du coup nous ne seront jamais génés de la journée ni par nos prédécesseurs ni par nos poursuivants!

Petit prélude en neige. On arrive au levé du soleil dans la section rocheuse.Le rocher est pas des meilleurs partout mais c’est bref. On rejoint ensuite le fil jusque sous l’aiguille de Bionnassay. Comme on est toujours pas certains d’être tous assez en forme pour aller jusqu’au Mont-Blanc, on shunte l’aiguille de Bionnassay… Avec le recul c’est con quand même, il devait rester même pas 50m! C’est pas ça qui nous aurait fait basculer dans le rouge.

Mais peut-être aussi que toute notre attention était captée par ce qui nous attendait passé l’aiguille : ce fil de neige tendu entre l’Italie et la France, cette arête de neige suspendue sur des rebords de 800m, ce passage qui fait la légende de cette traversée, une des plus belle des Alpes… Un poil de tension. Comment être indifférent à ce vertigineux chemin? Sur environ 100m, il faut marcher vraiment sur le fil et assurer ses pas… La stratégie d’assurage, tout le monde la connait : sauter de l’autre côté de l’arête si votre compagnon trébuche… Très efficace mais intellectuellement peu stimulant.

Démontrant là un évident manque de curiosité quand aux techniques alpines, aucune des cordées que nous sommes aujourd’hui sur ce rasoir de neige ne tentera l’aventure.

Arrivé au Dôme du Goûter, on évalue la fraicheur des troupes. C’est variable mais tous le monde est open pour continuer. Pour ma part, je vis dans la montagne quasiment en continu depuis un mois, je suis parfaitement entrainé et acclimaté : en bref j’ai la patate… c’est un vrai plaisir d’être là fringuant, surtout quand je repense à l’année passée!

La montée sur l’arête des Bosses se passe bien même si ça commence à caler légèrement pour certain membre de l’équipage. ça rale, ça souffle, ça dit que ça peut pas, mal à la tête… Puis finalement, à l’arrachée, nous sortons tous au sommet, bien heureux! Il est 10h45. On profite d’un sommet quasiment désert. Le pied… Le vent finit quand même par nous chasser.

A part mal de casque et nausées pour deux de nous quatre, tout baigne. Il est tôt, nous avons largement le temps de redescendre par les Trois Monts jusqu’à l’aiguille du Midi. D’autant plus qu’en redescendant, les effets de l’altitude s’atténueront.

La « descente » des trois Monts comporte au fait deux faux plats montants un peu longuets. Quand on commence à être dans le rouge ça compte! Le passage de la rimaye du Maudit est complètement folklo. Tout ce que je déteste en haute montagne : la connerie humaine transposée à la haute altitude. Un embouteillage sans communication, où tout le monde veut tirer son épingle du jeu au détriment des autres. Après avoir attendu sagement notre tour pour descendre proprement en rappel et s’être rendu compte qu’on se faisait gratter sans scrupules par tous les nouveaux candidats, nous avons nous mêmes fait les veaux et balancé notre corde dans le « tas ». Pas très fier avec le recul.

Deux membres de notre équipage commencent à sérieusement ramper et la remontée des 200m de l’arête de l’aiguille du Midi sera pour eux un vrai calvaire, la croix en moins…

Le retour vers la vallée est surréaliste. Bienvenue à Chamonix où en quelques minutes on passe du monde des glaces à celui des marchands de glace. Choc brutal après trois jours en montagne mais qu’est ce qu’on est heureux!

Cette traversée de Bionnassay est probablement une des plus belles façon de gravir le Mont Blanc dans un niveau de difficulté raisonnable. La montée en 3 jours permet de peaufiner son acclimatation et de mettre dans sa besace au passage les très esthétiques Dômes de Miage.

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