par admin | 20 Août 2011 | Alpinisme, Ecole glace, Ecrins, Massif
C’est avec une équipe de Normands que je pars visiter aujourd’hui le Glacier Blanc! Je retrouve Valerie, Eric et Isabelle au refuge du Glacier Blanc à l’heure où le soleil innonde sa terrasse encore déserte. Il y a pire pour démarrer sa journée qu’un petit thé au soleil face au Pelvoux. La météo est bien prometteuse pour aujourd’hui. Excellent! On lézarderait bien quelques heures ici mais c’est qu’on a un glacier à explorer! Découverte totale de la glace et du monde glaciaire pour Valérie et Eric. On passe deux bonnes heures à faire nos gammes en cramponnage dans une petite cuvette sur le bord du glacier. Pas intuitif du tout cette affaire! Dix pointes, mixte, pointes avant, piolet canne, ramasse… Une fois réalisé le tour d’horizon des techniques élémentaires, on part mettre tout ça en application sur le glacier.
Le Glacier sans neige à cette période est un véritable labyrinthe. La ligne droite n’est pas le plus rapide chemin. Il faut savoir ruser! Après une heure et demi de ce jeu au coeur de cet océan de glace, nous regagnons la terre ferme pour un petit pic nique pas volé! L’après midi, je repars avec Isabelle pour voir ensemble les techniques d’encordement et d’évolution sur glacier, les amarrages en glace, les techniques et procédés de sauvetage… Sa curiosté la mènera même à visiter le fond d’une crevasse, un endroit propice à la méditation!
par admin | 14 Août 2011 | Alpinisme, Arête, Ecrins, Massif, Roche Paillon - Emile Pic
Après la sublime escalade rocheuse d’hier à la pointe des Cineastes, changement de registre aujourd’hui avec une traversée nettement plus typée haute montagne : la traversée Roche Paillon – Emile Pic. Escalade plus facile sur la papier mais avec nombreuses désescalades, courts passages de mixte et un rocher plus joueur qu’aux Cinéastes.
Le couloir de Roche Paillon n’a pas survécu à la période de beau temps. Nous partons donc sur l’arête S qui borde immédiatement la rive gauche du couloir. Cette itinéraire est peu parcouru. Le rocher demande un peu d’attention mais est très loin d’être catastrophique! Nous évoluons tous les trois assez rapidement. On rejoint l’arête de Roche paillon au débouché du couloir complètement sec. 10 minutes d’escalade facile nous conduisent au sommet. L’ambiance n’est pas au farniente. Le temps est nettement plus mitigé que prévu et quelques sommets ont déjà disparus dans les nuages. Tant qu’il pleut pas ça va!
Alors soit ne trainons pas! On descend sans encombres le bout d’arête qui relie la Roche Paillon à Emile Pic. Après un court passage en neige où il faut remettre les crampons, on embraye sur la traversée d’Emile Pic. L’ambiance climatique a carrément viré de bord : il tombe un mélange de pluie et de neige avec un petit courant d’air glacial. J’ai du mal à vanter à mes deux compagnons la clémence du climat haut-alpin! La traversée Emile Pic n’est pas très longue et nous en finissons en une petite demi-heure avec les dernières difficultés rocheuses du jour. Une nouvelle fois on chausse les crampons pour accéder au col Emile Pic. Sous le col il reste suffisamment de neige pour s’économiser les genoux et rejoindre presque en douceur le Glacier Blanc.
Pour demain nous envisagions de gravir la Barre des Ecrins avec Gab mais les conditions météo ne sont pas idylliques. A quoi bon gravir la Barre pour finir dans un nuage et brasser de la soupe toute la journée? La décision est vite prise, nous filons avec Pierre et Gab vers la vallée. Nous profiterons de ce contre temps pour faire demain une grande voie!
Les conditions étaient pas des plus faciles et quand l’altitude vous met en plus les jambes en coton, la course prend de la dimension! En tous cas bravo à tous les deux pour avoir bravé les éléments sans sourciller!
par admin | 13 Août 2011 | Alpinisme, Arête, Arête des Cinéastes, Course rocheuse, Ecrins, Massif
Première des trois journées avec Gab venu sans préjugé découvrir les merveilles des Alpes du Sud! Les Ecrins ont parfois très mauvaise réputation quant à la qualité du rocher : je me dois donc de prouver à mon compagnon que tout cela n’est que pure rumeur entretenue par quelques racontards vivant un peu plus au Nord, dans un département bon à élever les vaches et encore… Bref, c’est à l’arête des Cinéastes dans le bassin du Glacier Blanc que je pense convaincre Gab de l’excellente facture de notre minéral local. Nous verrons aussi que le plaisir vécu en montagne n’est pas proportionnel au nombre de téléphériques au km².
Nous attaquons la journée de bonne heure au départ de Madame Carle. 3 heures de marche plus tard nous sommes à l’attaque de l’arête. Quelques cordées sont engagées dans la variante Chaud et sur l’arête. Nous sommes décalés, ça ne gènera pas. Après un départ dans quelques rochers peu raides (mais néanmoins excellents!) on rejoint le fil de l’arête. L’ambiance est immédiatement prenante. Pour le jeu, on suit le fil de l’arête. Gab prend ses marques en escalade en grosses. Le passage clé, pour contourner un petit toit, est rapidemment négocié. La section suivante est absolument magnifique, en plein sur le fil de l’arête. Température idéale : on grimpe en tee-shirt. Le bonheur quoi!
Nous avalons ensuite les 6ème, 7ème, 8ème et 9ème pointes en s’octroyant de ci de là quelques petite ascensions inutiles, juste pour le plaisir!
Après la descente dans les éboulis, nous redescendons paisiblement jusqu’au refuge du Glacier Blanc où nous devons retrouver un troisième larron pour l’ascension du lendemain à Roche Paillon. Une bien belle journée
par admin | 29 Juil 2011 | Alpinisme, Course de neige, Dome des Ecrins, Ecrins, Massif
Dôme des Ecrins en 3 jours. Après la Roche Faurio hier, nous montons aujourd’hui en altitude en gravissant le Dôme des Ecrins à plus de 4000m. Parti au milieu d’un bon wagon de prétendants, nous nous retrouvons rapidemment grâce à notre organisation et notre efficacité sans faille en tête de peloton… Le Dôme est d’une beauté sans pareil aujourd’hui avec les 20 cm de fraiche! 3h après le début de la montée, nous foulons le Dôme et nous sommes seuls là haut… Quel bonheur! Malgré le petit vent frais, nous profitons pendant un bon 1/4 heure de l’ivresse des cimes!
Récit de Denis
Cette nuit là est pour moi infernale. Stress, altitude ou qualité de l’eau, je passe la nuit à courir entre ma couche et les toilettes. Ludo me surnomme le Louis Armstrong des Alpes ! Je ne dors quasiment pas et je me lève à 3 heures de mauvaise humeur avec le mal au ventre. Je l’annonce sans détour à Nico déjà attablé pour le petit déjeuner : « Ca ne va pas, j’ai les jambes en compote et j’ai la courante ». Sur ce, je me précipite dans les latrines de l’extérieur, un simple trou qui donne directement sur la face sud de l’éperon rocher. Les toilettes à l’intérieur sont en effet bouchées, les canalisations étant gelées par le froid. Ca commence bien cette journée. Je me mets en mode banzaï, sans respirer ni allumer ma lampe frontale. Ici, il ne faut ni la vue, ni l’odeur !
Vu le monde au portillon, il est important maintenant de speeder un peu pour s’habiller. C’est un moment assez spécial. Malgré l’heure matinale, il faut être super concentré pour ne rien oublier : la frontale, le casque, les crampons, le baudrier, les chaussures, les guêtres, etc. Et tout mettre dans l’ordre sinon, il faut recommencer. Imaginez une chaussure mal lacée sur laquelle on glisse une guêtre puis des crampons et tout à coup, on se rend compte que l’on a oublié de mettre le sur-pantalon, et bien, il faut tout recommencer! Donc, on se concentre et plutôt bien. Nous avons bien préparé nos sacs la veille, ce qui nous permet de partir dans le wagon de tête.
Il fait très beau. C’est un moment inoubliable. Sur la première partie de la course, un petit plat montant rive gauche du Glacier Blanc, nous marchons à la lueur du clair de lune. Il y a des étoiles par milliers. C’est féérique. « Je viens de voir une étoile filante, et là, encore, une deuxième ». J’en profite pour faire toutes sortes de vœux pendant que Ludo se désespère : « Moi, je n’en vois jamais des étoiles filantes. Où est ce qu’il faut regarder ? » J’ai envie de lui répondre « dans ton C.., » mais vu qu’il n’a pas changé de caleçon depuis 3 jours, ce n’est peut être pas le meilleur endroit pour checherr !
Droit devant nous, 700 m plus haut, se dresse, le Dôme des Ecrins tout enneigé. Malgré la nuit, il est bien visible comme une motte de crème chantilly. « On dirait un petit Mont-Blanc » lance Nicolas, très fier de son massif des Ecrins.
Après ¾ d’heure de balade facile sur le glacier, nous entamons le pentu. Enfin, pas tout de suite ! Je dois le confesser, halte à l’autocensure. Je n’en peux plus. Mes intestins vont éclater. Je dois me soulager, là, devant mes 2 camarades compréhensifs bien que tournés dans l’autre sens! Je n’ai presque pas honte. « Mieux vaut perdre un ami qu’une tripe » répète souvent un de mes copains. Après ce que je viens de faire, je crois que je peux partir à la guerre avec mes 2 compagnons de cordée.
Grâce à notre organisation sans faille, nous sommes bientôt les premiers dans la face et nous faisons la trace. C’est très agréable d’être devant non par esprit de compétition mais par confort : on avance à notre rythme régulier sans être fatiguant.
Vers 6h00, le jour se lève et dessine en ombre chinoise notre Mont Blanc à 250 km de là. Nous sommes vernis. Dire que le temps est pourri depuis le début juillet et que nous tombons en plein sur le début de l’anticyclone. Il n’y a aucun nuage dans le ciel et il fait une température clémente, autour de – 5 degrés, sans vent.
7h du mat’ : comme seul au monde, nous atteignons le sommet du Dôme des Ecrins, 4015m. Yipii ! Nous profitons d’un bon ¼ d’heure, seuls là haut avant que les autres cordées n’arrivent. Cela nous laisse tout le temps de nous congratuler, de faire des photos et de profiter des ces merveilleux instants.
« D’ici, nous voyons les ¾ des Alpes » nous apprend Nico, admiratif et pas blasé par le spectacle.
Ce sommet a été vaincu la première fois un 21 juillet 1877 par un certain Emmanuel Boileau, Baron de Castelnau. Eh oui! Un Gardois, désolé pour cette démonstration de force, cher Nicolas de Lozère (Note de Nico : fort bien cher Denis mais votre Gardois tout le monde sait c’est que c’est pas dans les garrigues qu’il a appris à marcher mais bien en allant chercher ses champignons et ses châtaignes sur le flanc du Mont-Lozère!) .
Après avoir bien profité de la féérie sommitale, nous descendons « drè dans l’pentu » comme si nous avions mis des bottes de sept lieues. Je passe en tête de cordée. Nous faisons de grandes enjambées dans la neige fraiche et la descente ne dure pas longtemps. Une vraie aubaine ces quelques centimètres de fraiche qui amortissent confortablement nos pas. J’adore la descente et l’équilibre instable à maintenir comme si avions des skis au pied. Derrière, Ludo tire la langue : « Denis, tu peux aller moins vite, ça me tire sur les jambes cette descente. J’ai mal aux cuisses. Mais bon, ajoute t-il, c’est quand même moins impressionnant que prévu car, à la montée, avec cette pente, je craignais de glisser et de partir en vrille dans les séracs ». Nico dira que notre cordée ressemble à un attelage avec un chien de traineau devant, suivi par un traineau et un mulsher derrière pour diriger le traineau et calmer le chien devant!
L’acclimatation s’est parfaitement passée. A 11h15, nous sommes déjà dans la vallée au dessus de Vallouise, parmi les promeneurs du dimanche. « Bravo les gars, on a pas chôme, dit Nico, je ne pensais pas être là avant 14h. ». Notre guide est fier de ses 2 artistes. Il me l’a avoué quelques heures plus tôt. « Nous faisons une bonne cordée, efficace et rigolote! ». De la part d’un gars de la montagne, qui plus est Lozérien, c’est un beau compliment, surtout à l’adresse d’un Gardois et d’un Héraultais.
Maintenant, il faut passer aux choses sérieuses. Je lui demande : « Et le Mont-Blanc ? Tu crois que nous allons pouvoir le faire demain ? » Nico est partagé. Le créneau météo est avec nous c’est une bonne chose… Mais il doit en savoir plus sur les conditions de neige, c’est un des éléments crucial de cet course. Quelques coups de fil à des amis guides plus tard : « Bon, les dernières chutes de neige ont eu lieu mercredi, depuis il fait beau. Au total il a quand même neigé 60cm de poudreuse sur les 10 derniers jours. La voie des 3 monts n’a pas été fréquentée depuis 2 semaines à cause du mauvais temps. Demain (samedi), les premières cordées tenteront de tracer le Tacul (notre ascension est prévu le Dimanche), Dimanche ça devrait être OK mais comme vous avez un jour de marge, l’idéal serait de décaler notre projet de 24h pour profiter des traces du dimanche et d’une météo encore plus clémente. Je vous téléphone demain matin »
Sur cette parole, nous quittons Briançon, direction la Haute –Savoie via le Col du Galibier. Nous sommes cools avec Ludo, presque libérés par le contre-temps. Ce soir, nous allons enfin pouvoir dormir sans peur du lendemain, sans nous faire du mouron à l’avance. En fait nous craignons par dessus tout l’arête vertigineuse de l’Aiguille du Midi, située juste à la sortie du téléphérique. Pour la décrire, c’est tout aussi simple qu’effrayant. Vous marchez en funambule avec, à votre gauche, 2500 m de vide au dessus de Chamonix, et à votre droite 300m de gaz avec vue imprenable sur la Vallée Blanche. « Ce n’est pas difficile mais attendez vous à une grande ambiance, surement le passage le plus impressionnant de notre ascension, nous a prévenu Nico. Rien d’extrême techniquement : l’arête est d’abord effilée mais horizontale puis 20m un peu plus raides et de nouveau plate. Ne vous en faîtes pas une montagne avec ce que nous avons fait les jours précédents, je ne me fait aucun souci, vous êtes plus que prêts. Et puis rassurez vous, si l’un d’entre vous glisse d’un côté, je sauterai de l’autre pour éviter la chute fatale! » ajoute-il en rigolant. Bizarre l’humour de guide…