Avec Thomas, on part pour un chouette projet sur une voie sauvage aux Trois Dents du Pelvoux : le Pilier Kelle. 800m de pilier et d’arêtes made in Oisans, à la qualité plutôt surprenante!

Pour contraster avec l’approche mécanisée du Mont Rose, nous commençons d’abord par 1000m de dénivelé avec un sac bien lourd puisque nous portons notre bivouac pour aller dormir dans le haut du névé Pellissier. A la tombée de la nuit, nous sommes confortablement installés, heureux d’être dans ce coin paisible surplombant la Vallouise. Nous accompagnons ce petit moment de calme et de bonheur par un petit coup de rouge car faut pas déconner ce soir c’est mon anniversaire!

Au fond des duvets, nous regardons les étoiles dans l’espoir d’y voir une étoile filante mais le sommeil nous attrape beaucoup plus vite que prévu!

Départ à 5h du bivouac, la température est douce. On allège les sacs au maximum et on part en direction de la face Est. Nous optons pour le contournement du socle, réputé pourri et c’est donc par une traversée du Pelvoux à l’envers que nous démarrons. Vers 5h30, nous sommes au pied de la face. Un peu trop tôt! Il fait encore trop sombre pour bien lire l’itinéraire et nous nous posons un petit quart d’heure pour laisser le jour arriver et contempler les alentours. Dans la pénombre, le début du pilier est très impressionnant et on y lit que peu de faiblesses.

La luminosité aidant, nous attaquons l’escalade des premières longueurs à 6h. Les principales difficultés techniques du jour sont concentrées dans 2 longueurs. Un bombé grisâtre mal protégeable mais où les prises sont franches (5c) et dans la longueur suivante un dièdre lisse (6a+) avec quelques pitons. En bon futur père de famille, je mets mes chaussons avant ces 2 longueurs. Pas indispensable finalement avec le recul! Tom gravit ces passages en grosses. Nous débouchons dans une zone moins raide. Je remets les grosses jusqu’à la fin de la course. Le topo devient inutile. Mieux vaut flairer et aller au mieux sur cette section de 200m avec de courts passages en V. Vers 7h, le soleil enflamme le rocher de ce pilier est. Il ne nous quitteras plus de la journée. Que c’est bon la montagne comme ça, au soleil, loin des foules, sur un bel itinéraire et avec un compagnon de cordée au top!

On rejoint une belle petite arête que grosso merdo nous ne quitterons plus. La suite de l’itinéraire réserve de très belles surprises comme cette fantastique longueur de 50m en V sur un gneiss rouge certifié Rouget conforme et tous ces beaux passages sur l’arête sur ce même gneiss pleins de prises… Tom en amateur averti savoure cette petite gourmandise oisannesque que nous sommes en train de nous offrir… L’arête est longue mais notre progression est bien fluide alternant corde tendue et assurage classique pour les passages les plus durs… Nous foulons la plus haute des Trois Dents du Pelvoux 7h après notre départ du pied de la face. La jonction avec le Glacier des Violettes est sans difficulté notable, juste une courte désescalade en III pas méchante.

Nous rejoignons donc pour la descente la fin de la traversée du Pelvoux. Le glacier commence à être bien torturé et une crevasse demande un bon petit jump qui risque de très bientôt poser problème! Après le célèbre sprint sous les séracs et un peu de rappels-désescalade, nous retrouvons notre bivouac, 10h après l’avoir quitté… Encore 1000m de cavalcade sur le raide chemin qui nous ramène au Pont du Ban et nous nous échouons devant un demi bien frais à Ailefroide. Fourbus mais heureux!

Et une sortie de plus sous la bienveillance des dieux de la bonne humeur et du plaisir! Pas de galères, pas de moments de doutes! Oune vrai régalo!

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