Déambulation sur le Jebel Ramm

Déambulation sur le Jebel Ramm

Dernière escapades du séjour. On est complètement Jébélisés! On a l’impression que ça fait 6 mois qu’on rode dans les montagnes du coin, qu’on cavale dans les siqs, qu’on use nos baskets sur ce grès incroyable.

Je propose à Quentin et Nico de joindre le Jebel Ramm par Rijm assaf (les marches d’Assaf) une voie qui grimpe le long d’un éperon soutenu avec plusieurs courts pas difficiles… On aurait pu simplement faire la traversée classique ouest – est, bien plus facile, mais l’appel de l’aventure et de la découverte a une fois de plus été le plus fort! Après 10 jours à crapahuter, nous sommes rodés et confiants!

Bonne idée car la voie s’avère splendide!  Les marches d’Assaf ne sont pas faciles, l’escalade est soutenue dans le 3 le long de l’éperon avec des longueurs magnifiques dans ce niveau de difficulté. On rejoint dans le haut une arête de dôme (spécialité locale) de toute beauté… Une fois de plus on est bluffé par la beauté de ces itinéraires bédouins, d’une logique imparable mais en même temps sans concession (ça ne passe qu’à un endroit!). Un saut de crevasse émouvant avant d’arriver au niveau du cirque sommital… Au lieu de rejoindre Hammad’s route, nous prenons une variante plus directe (kairnée) qui termine par 10 mètres de grimpe un peu poussiéreuse non loin de ce Jebel. La joie éclate là haut! Une fois de plus on est comblé… Le rêve continue. As-t-on déjà vécu dans un autre univers que celui-ci?

Nous gagnons les déserts à bivouac avant la nuit (pour une fois!!) où nous nous installons pour la nuit. La température est bien descendue dans la journée. En fait elle redevient normale pour la saison alors que depuis le début de notre séjour, nous jouissons d’une douceur insolente! Bref avec le petit vent qui se lève, on est pas loin de la limite de nos duvets 0°C avec Nico. Quentin lui s’endort paisiblement dans son -15°C…

Les premières lueurs du jour me réveillent et pour motiver les troupes et faire le thé, je prépare un feu. Ca picotte ce matin! Comme d’habitude on part sur un programme ambitieux : plutôt que seulement redescendre la Hammad’s route jusqu’au bled, je propose à Nico et Quentin d’aller jeter un oeil à l’oeil d’Allah avec au programme quelques bédouineries coutumières (traversée de Siq, pas de 4 en baskets, rappels, dômes, etc.).

En 2h, nous gagnons l’oeil d’Allah par lequel nous embrassons une vue insolite sur le désert. Moment de plénitude et un bon fou rire suite à quelques disgressions salaces qui resterons entre nous afin de ne pas créer d’incident diplomatique!!

Nous revenons au bivouac ensuite avant de descendre par la Hammad’s route où on ne peut qu’être impressionné par l’agilité et l’audace de Hammad, l’ouvreur de la voie, en solo bien sur dans les passages de 5!

C’est l’heure du retour. Mohammad nous ramène vers Amman. Plus on s’éloigne de Ramm, plus on se rend compte à quel point on était déconnecté de tout au milieu de ces Jebels. Le plus dur pour le rêveur est le retour à la réalité!

Jebel Khush Khashah et descente du canyon de Khazali

Jebel Khush Khashah et descente du canyon de Khazali

Ce matin Ali nous récupère à Barrah canyon et nous dépose au pied de la Sabbah’s route au Jebel Khush Khashah. A priori, une voie moins dure que les précédentes. Mais nous avons en projet de la pimenter par la descente du canyon de Khazali sur laquelle nous avons peu d’infos…

Effectivement, la montée au Jebel Khush Khashah ne nous pose pas trop de problèmes. Nous profitons de la vie, perdus dans les Jebels Jordanien. On flâne, on prend le temps. On a presque le sentiment d’avoir passé toute notre vie à courir ces montagnes.

Après un bon lézardage au sommet, nous nous souvenons qu’une longue descente nous attend et quelle descente!

On savait pas vraiment à quoi s’attendre et bien on a pas été déçus une fois de plus! Tout démarre par un canyon bien large ou rapidement on tire un rappel qui exclue toute possibilité de demi-tour. L’engagement made in wadi Rum. L’issue est vers le bas, inch’allah! Petit à petit, le canyon se rétréçit, quelques passages de désescalade et d’autres rappels nous enfoncent encore plus profondément au coeur du Jebel. Puis arrive un court rappel atterrissant directement dans … une vasque pleine d’eau! Nous y avions songé en plein lézardage au sommet et nous étions dit goguenard qu’au pire ça serait pas bien dramatique un petit bain! Mais là devant la piscine, on fait moins les marioles! Nous sommes même plutôt assez motivé pour rester sec aussi longtemps que possible… La piscine ne se contourne pas, il faut affronter l’obstacle! Je me lance donc dans une escalade sur le bord de la piscine sur un rocher poli (trop poli pour être honnête)  et sans prises avec en cas de zipette, aucun mal si ce n’est une trempette intégrale… Ca passe! Je parviens ensuite à guider Quentin et Nico sans souci vers le sec…

La descente sera ponctuée de petits ateliers comme celui-ci et il faudra chercher plusieurs fois une astuce et des plans B pour pas se tremper!

A la nuit tombante nous nous engageons dans un verrou du canyon ou celui-ci rétréçit encore pour ne faire plus que la largeur des épaules! Là un premier rappel finit directement dans une petite marmite qu’il va être difficile de finter. Si près du but, le bain semble inévitable… J’enlève les chaussures et remonte le pantalon et me laisse descendre dans l’eau la queue entre les jambes. Mon pied rencontre le sol avant que mon entrejambe rencontre l’eau, ouf!

Cette partie du canyon est vraiment très étroite et magnifiquement sculptée par l’eau. Nous sommes en plein rêve!

Au moment où la nuit tombe (comme d’hab’) la corde décide de se coincer dans un rappel in-remontable! On sacrifie donc au lieu un bout de ce précieux nylon. Une dernière vasque nous oppose une courte résistance puis d’un coup tout s’accélère, on entend Ali qui nous appelle! Il est venu à notre rencontre pour être sur que ça allait bien… Au fait nous sommes à 50m de la sortie du canyon… Le rocher est parsemé de gravures nabatéennes qu’Ali nous montre. Nous nous engouffrons dans le 4*4 et 1minute après nous sommes au camp d’Ali situé à 300m de la sortie du canyon devant une repas orgiaque comme toujours!

Une journée très contrastée entre le farniente jusqu’au sommet et la montée en puissance progressive dans la descente. Tout ça dans la bonne humeur, on a la banana!

Quentin s’endort dans son assiette pendant que nous buvons quelques thés avec nos hôtes… tout baigne

But à Ocean’s slab et Iglakhat canyon

But à Ocean’s slab et Iglakhat canyon

L’idée du jour est de gravir le Jebel Barrah par Ocean’s slab la seule voie abordable pour ce sommet.

Malheureusement pour nous ce sera un but! La traversée expo en 4+ est vraiment expo pour tout le monde, impossible à assurer! Trop de risques que nous ne souhaitons pas prendre… Un petit moment de déception quand même à quelques encablures du sommet. Mais bon le moral revient vite car le cadre est fantastique et la descente bien ludique!

Et pis comme on rentre plus tôt que prévu, on a du temps pour aller explorer le canyon Iglakhat… Finalement le lot de consolation s’avère plus que pas mal! Encore un canyon hallucinant qui nous amène dans un autre wadi regorgeant lui aussi de siq et autres wadirumeries en tout genre. Faute d’avoir gravit notre sommet, on en fait le tour et évidemment comme chaque jour, la nuit nous rattrape. Notre expédétion se transforme en balade nocturne dans le désert à la recherche d’une arche que nous croyons voir partout. Finalement lorsque nous ne la cherchons plus, elle nous apparaît dans toute sa splendeur…

Encore une journée bien remplie!

Ils sont fous ces ibex!

Ils sont fous ces ibex!

Pour commencer notre séjour chez les Bédouins, on part sur une petite expédition de 2 jours dans le wadi Um Ishrin.

Acclimatation en douceur au crapahutage Bédouin (Bédouin pas babouin Quentin!) dans le canyon Rakabat qui nous permet de raccorder le wadi Rum au wadi Um Ishrin… Sur le chemin, on tente la voie normale du wadi Um Ejil mais une cheminée un peu austère et poussiéreuse calme nos ardeurs. Pourtant on dirait que ça passe par là! Du coup on se rabat avec Nico sur une voie d’escalade juste à côté : Essence of Rum, une petite grimpette rapide et sympathique avec juste une longueur vraiment grimpante.

Ensuite, nous contournons par le désert tout le wadi Um Ejil pour aller poser notre bivouac au pied du cerbère de Kharazeh, le petit sommet qui se trouve à main gauche à la sortie du canyon du même nom. Premier bivouac à la belle pour Quentin! Et quel bivouac! On rêve en regardant les étoiles et on en profite pour défaire le monde avec Nico. Quentin écoute curieux…

Pour ce deuxième jour, l’idée est de gravir le Jebel Um Ishrin (1m de moins que le nettement plus célèbre Jebel Rum) par sa voie la plus facile : Bedan Majnoun. C’est un itinéraire qui a été (re?)-découvert récemment par Gilles Rappeneau, Robert Mandin et leur guide et ami bédouin Talal Awad. En franchissant une dalle (appelée maintenant dalle aux ibex) et en voyant les traces des ibex sur cette dalle bien raide, Talal lâche « Bedan Majnoun » qui veut dire « ils sont fous ces ibex! ». Et c’est vrai qu’on ne peut qu’être ébahi par l’agilité de ces quadrupèdes quand on voit la dalle!!

On s’est régalé sur cet itinéraire! D’abord on s’enfonce dans le canyon Assaoud, bien encaissé! On prend le premier canyon comme nous l’indique le topo que nous avons mais c’est une erreur, c’est le deuxième canyon qu’il faut prendre… Très vite on se retrouve dans le vif des voies Bédouines : passages exposés, oppositions au dessus de crevasses et saut alternant avec des sections faciles. Bientôt nous sommes au pied de la dalle aux ibex. Dur de les imaginer la dedans ces bougres! Pour nous la corde est indispensable et les pitons en place bienvenus! un court passage de bloc avec une prise taillé vient clôturer les difficultés… Le reste du trajet est somptueux. Une ballade hallucinante dans les dômes, envoûtante et ludique. Quelques courts pas de grimpe ponctue le trajet… Au plus on monte au plus la vue sur le désert se dégage… Finalement le sommet s’offre à nous et nous embrassons un 360° surréaliste! C’est le bonheur!

Pour la descente, c’est pas compliqué, on rembobine le film. On récupère notre bivouac et on se lance à la nuit tombante (18h30) dans le canyon de Zarnouk Al Daber (ou Kharazeh canyon). Encore un peu de crapahutage avant 2 rappels incroyables à la frontale qui nous envoient dans les entrailles du Wadi-Rum! Retour magique de nuit jusqu’à Rum où nous attend un copieux repas que nous honorons jusqu’au bout… Quentin avale d’incroyables plâtrées avant de piquer du nez dans son dessert. Beau baptême du feu petit ibex!

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