Stage initiation alpinisme Ecrins

Stage initiation alpinisme Ecrins

4 journées magnifiques à vivre au rythme des ascensions et des après midi de récup. Le pied!
Par ces temps de canicule, on est pas fâché d’aller trouver un peu de fraîcheur dans les montagnes.

  • Le premier jour, pour l’école de glace et de rocher, nous échappons à la saucée bien orageuse qui s’abattra en fin de journée sur le massif.
  • Le deuxième jour, un rude réveil montagnard à 7h! Nous partons gravir le Pic du Glacier Blanc en faisant un petit crochet par le coeur du Glacier Blanc pour peaufiner les apprentissages en terrain glaciaire. A cette époque de l’année, le Pic du Glacier Blanc par sa voie normale est une course rocheuse facile. Ici, plus que de véritables capacités de grimpeur, ce qui importe c’est d’avoir le pied montagnard. Et mes trois lascars, à ce jeu là ne s’en sortent pas mal du tout! Si ce n’est la crainte du coup de soleil, nous serions tous torses nus pour cette ascension, c’est pas courant fin août à 3500m! Nous gagnons en début d’aprem le refuge des Ecrins. Programme ardu pour cette après midi : collation et bière obligatoire pour tout le monde avant une sieste à rallonge.
  • Troisième jour. Pas de grasse mat’ ce coup là. Pour la Roche Faurio, mieux vaut partir un peu tôt pour profiter des meilleures conditions de neige à la montée comme à la descente d’autant que le coup de chaud des derniers jours a fragilisé certains ponts de neige. Pour mes trois chamois, les difficultés du jour sont une formalité! Nous savourons le plaisir d’être en montagne par une si belle journée. Nouvelle rude après midi à regarder tomber la pluie par la fenêtre du refuge.
  • Last day. Depuis le temps qu’elle nous nargue la grosse bosse blanche, fallait bien qu’on y traîne nos crampons. Bien acclimatés par les journées précédentes, nous monterons à bon rythme jusqu’au Dôme pour un levé de soleil tout là haut. Si c’est pas la classe ça!
Barre des Ecrins

Barre des Ecrins

Dernier volet de notre séjour dans les Ecrins avec un morceau de choix pour Adrien et Manu : la Barre des Ecrins.

Nous partons dans les premières cordées. Il fait chaud ce matin, 12°C au thermomètre du refuge des Ecrins, ça promet!

Malgré ces chaleurs caniculaires, l’absence de vent et un ciel parfaitement dégagé ont permis à la neige de regeler dès 3000m. Nous prenons un bon petit rythme à la montée. Je veille à économiser les forces de mes compagnons qui vont avoir un peu d’énergie à fournir sur l’arête!

Arrivée à la brêche Lory, un italien est en train de s’affairer dans le premier ressaut. N’ayant pas pris le temps de lire le terrain, le malheureux est engagé dans une variante bien plus dure est très mal protégée, tout ça avec ses crampons au pied. Peut être du V.

Avec Manu et Adrien, nous prenons un chemin plus orthodoxe, la voie classique qui contourne en écharpe ce ressaut. Du relais où je suis, je vois perler les gouttes de sueur sur le front de l’italien qui vocifère à qui peut bien les comprendre quelques jurons accompagnés de cris indiquant une chute imminente. J’encourage timidement l’italien par quelques « allez, allez! » car le malheureux a probablement compris qu’une chute n’était pas ce qu’il y avait de plus indiqué pour son intégrité physique. Finalement, dans un dernier râle, il s’extrait de sa fâcheuse posture et gagne le relais qu’il visait (qui sert en fait à la descente!)… C’est avec grand étonnement que nous verrons, une deuxième cordée d’italiens (amie de la première) s’engager à son tour dans cette variante morbide avec également beaucoup de labeur et de frayeur…. alors qu’ils ont bien vu avec quelle relative facilité nous avons esquivé le premier ressaut!

Bref, faut pas chercher à comprendre!

Passé ce premier ressaut, nous déposons nos armes métalliques et partons chevaucher cette belle arête qui aboutit sur le point culminant des Alpes du Sud.

Pour leur deuxième course d’arête, Manu et Adrien se débrouille pas mal du tout, surtout dans les passages les plus raides. Nous sommes un peu plus lents dans les sections plus faciles où le pied montagnard fait toute la différence. Mais qu’importe, aujourd’hui le temps est splendide, on est pas pressés. Pas de stress!

Nous atteignons la croix un peu avant les italiens qui à notre grand étonnement ont tout parcouru en crampons!

Manu et Adrien ne sont pas peu fiers de cette ascension pas volée… un beau rêve qui se réalise!

Arête S de la grande Ruine

Arête S de la grande Ruine

Pierre revient me voir cette année pour découvrir cette magnifique arête sud de la Grande Ruine, nichée sur un des plus beaux panoramas des Ecrins. Nous nous retrouvons au refuge Adèle Planchard, loin des foules… En ce magnifique we de beau temps, seulement une quinzaine de personnes là haut, toutes, exceptés nous deux, visant la voie normale de la Grande Ruine…. La tranquilité existe bel et bien dans les montagnes!

La principale difficulté de cette arête est de la rejoindre! Le retrait glaciaire et les étés chauds rendent en effet délicat les accès à des cols qui en début de saison ou en des temps plus frais était de simples formalités. Ainsi le col de la casse déserte est actuellement tout sec. Deux options pour le rejoindre : le rocher en rive gauche, pas trop dur apparemment mais un peu pourri ou le centre du couloir ressemblant plus un dépôt de carrière… Nous optons pour la carrière! Une langue de neige permet encore de gravir 1/3 du couloir. Ensuite il faut passer dans une chattière au niveau du bloc coincé. En grattant les graviers, on peut brocher dans la glace en dessous. Au bout de cette longueur, on trouve sur la rive gauche de quoi faire relais (bonne fissure pour camalot) ou 15m plus haut un relais sur pitons…

Un accès qui plairait plus à un spéléo ou un amateur de bac à sable boueux! Mais c’est pas long et la suite en vaut vraiment la chandelle!

Un bon vent d’Ouest nous cueille au col et donne à notre course d’arête un caractère plus austère surtout quand nous sommes sur le versant Bérarde. Au dessus du col, on rejoint rapidement l’excellent gneiss pour lequel on est venus et le festival peut commencer. Ce bout d’arête suspendu entre Isère et Hautes Alpes, entre le vallon des Etançons et celui de la Romanche est un vrai bijou! Les prises tombent dans les mains naturellement comme si ce caillou avait été fait pour être grimpé!

Pierre découvre aujourd’hui l’ambiance des courses d’arête rocheuse. C’est un exercice complètement nouveau pour lui et le jeu semble lui plaire! Pour un bon grimpeur comme lui, la difficulté d’une telle course ne réside pas tant dans la difficulté technique des passages que dans tous les à côté : l’ambiance gazeuse, l’escalade en grosses chaussures avec un sac sur le dos, le souffle qui se fait un peu plus court déjà à 3700m….

Après 2h de grimpe depuis le col nous sortons au sommet heureux de s’être offert cette petite perle des Ecrins. A l’abri du vent et au soleil, seuls au monde, nous passons une petite heure là haut à le contempler ce monde… la discussion devient métaphysique… On parle infiniment grand, infiniment petit, passionnant tout ça! Qu’il est bon d’être un être vivant conscient, capable de prendre du plaisir à se prélasser sur un bout de caillou d’une petite planète perdue dans un amas de galaxies!

Quand l’appel des bonnes choses de la vallée se fait sentir, nous décollons pour cette longue descente qui à coup de longues discussions passera plutôt vite!

A tout bientôt Pierre!

Trois Dents du Pelvoux – Pilier Kelle

Trois Dents du Pelvoux – Pilier Kelle

Avec Thomas, on part pour un chouette projet sur une voie sauvage aux Trois Dents du Pelvoux : le Pilier Kelle. 800m de pilier et d’arêtes made in Oisans, à la qualité plutôt surprenante!

Pour contraster avec l’approche mécanisée du Mont Rose, nous commençons d’abord par 1000m de dénivelé avec un sac bien lourd puisque nous portons notre bivouac pour aller dormir dans le haut du névé Pellissier. A la tombée de la nuit, nous sommes confortablement installés, heureux d’être dans ce coin paisible surplombant la Vallouise. Nous accompagnons ce petit moment de calme et de bonheur par un petit coup de rouge car faut pas déconner ce soir c’est mon anniversaire!

Au fond des duvets, nous regardons les étoiles dans l’espoir d’y voir une étoile filante mais le sommeil nous attrape beaucoup plus vite que prévu!

Départ à 5h du bivouac, la température est douce. On allège les sacs au maximum et on part en direction de la face Est. Nous optons pour le contournement du socle, réputé pourri et c’est donc par une traversée du Pelvoux à l’envers que nous démarrons. Vers 5h30, nous sommes au pied de la face. Un peu trop tôt! Il fait encore trop sombre pour bien lire l’itinéraire et nous nous posons un petit quart d’heure pour laisser le jour arriver et contempler les alentours. Dans la pénombre, le début du pilier est très impressionnant et on y lit que peu de faiblesses.

La luminosité aidant, nous attaquons l’escalade des premières longueurs à 6h. Les principales difficultés techniques du jour sont concentrées dans 2 longueurs. Un bombé grisâtre mal protégeable mais où les prises sont franches (5c) et dans la longueur suivante un dièdre lisse (6a+) avec quelques pitons. En bon futur père de famille, je mets mes chaussons avant ces 2 longueurs. Pas indispensable finalement avec le recul! Tom gravit ces passages en grosses. Nous débouchons dans une zone moins raide. Je remets les grosses jusqu’à la fin de la course. Le topo devient inutile. Mieux vaut flairer et aller au mieux sur cette section de 200m avec de courts passages en V. Vers 7h, le soleil enflamme le rocher de ce pilier est. Il ne nous quitteras plus de la journée. Que c’est bon la montagne comme ça, au soleil, loin des foules, sur un bel itinéraire et avec un compagnon de cordée au top!

On rejoint une belle petite arête que grosso merdo nous ne quitterons plus. La suite de l’itinéraire réserve de très belles surprises comme cette fantastique longueur de 50m en V sur un gneiss rouge certifié Rouget conforme et tous ces beaux passages sur l’arête sur ce même gneiss pleins de prises… Tom en amateur averti savoure cette petite gourmandise oisannesque que nous sommes en train de nous offrir… L’arête est longue mais notre progression est bien fluide alternant corde tendue et assurage classique pour les passages les plus durs… Nous foulons la plus haute des Trois Dents du Pelvoux 7h après notre départ du pied de la face. La jonction avec le Glacier des Violettes est sans difficulté notable, juste une courte désescalade en III pas méchante.

Nous rejoignons donc pour la descente la fin de la traversée du Pelvoux. Le glacier commence à être bien torturé et une crevasse demande un bon petit jump qui risque de très bientôt poser problème! Après le célèbre sprint sous les séracs et un peu de rappels-désescalade, nous retrouvons notre bivouac, 10h après l’avoir quitté… Encore 1000m de cavalcade sur le raide chemin qui nous ramène au Pont du Ban et nous nous échouons devant un demi bien frais à Ailefroide. Fourbus mais heureux!

Et une sortie de plus sous la bienveillance des dieux de la bonne humeur et du plaisir! Pas de galères, pas de moments de doutes! Oune vrai régalo!

Barre des Ecrins

Barre des Ecrins

Je retrouve au refuge des Ecrins Nina et Adam venus d’Angleterre pour gravir quelques 4000m dans les Alpes. Ils sont déjà foulé le Dôme mais rêve aujourd’hui de partir sur les traces de Whymper, premier ascensionniste de la Barre des Ecrins.

Au réveil, un bref coup d’oeil par la fenêtre pour vérifier que la journée démarre sous de bons hospices : et hop, une apparition éphémère de la lune (presque pleine) qui quelques instants plus tard disparaît à nouveau derrière les montagnes. Nous partons dans les premiers sous un tapis d’étoiles. La neige crisse  sous les crampons. Mes compagnons sont en pleine forme et heureux d’être là. Ca s’annonce très très bien tout ça!

La montée du Dôme est avalée à bon train et je suis en train de franchir la rimaye quand le soleil pointe le bout de son nez. Nous décidons de prendre une petite variante pour rejoindre l’arête. Au lieu de prendre la voie normale par le ressaut rocheux de la brêche Lory, nous montons directement dans les pentes environ 100m à gauche. Les pentes sont un mix de glace et de neige qui chauffe un peu les mollets mais une demi-heure plus tard, nous sommes sur l’arête. Là, Nina découvre la suite de l’itinéraire, très aérien et décide sagement de ne pas continuer… Nous l’installons confortablement au soleil et partons avec Adam survoler le final! Adam est un grimpeur expérimenté, efficace et sûr. Notre progression sur l’arête est rapide et fluide, ponctuée de temps à autre par les exclamations d’Adam : « Gosh, it’s really fantastic » ce que l’on peut traduire dans le sud par « Putaing ça en jette » ou plus prosaïquement « Bigre, c’est de toute beauté ».

Qu’il est plaisant de parcourir la montagne avec des gens qui savourent la joie d’être en ces lieux!

A 7h30, nous nous congratulons au sommet! Heureux!

I met Nina and Adam at the Ecrins Hut. They are coming from England to climb some « 4000m » in the Alps. They have already climbed the « Dôme des Ecrins » but they dream this year to follow the tracks of Edward Whymper, first ascensionnist of the « Barre des Ecrins ».

3 o’clock in the morning, I just have a look through the window to check the weather : the moon (quite full) just appears a few minutes before to disappear behind the moutains.

We start to walk whith a fantastic starry sky. The snow scrapes under the crampons. Adam et Nina are in a good trim and happy to be there. All that is very good!

We climb the normal route of the « Dôme » in a very good rythm. I’m scaling the rimaye when the sun rise above the skyline. We decide to climb a little variant to go to the ridge. Instead of the normal route, we climbed a slope approximately 100m at the left in a mix of ice and snow. Calfs are warming but we join without any problem the ridge, half a hour after. Nina decide that she wont continue to climb with us because she find that the ridge is to impressive for her. Prudent decision. We let her on a sunny place and continue our ascent. Adam is a good climber, expert, efficient and safe. We climbed the ridge fastly and our progression is fluid. Sometimes I can hear Adam : » Gosh, it’s really fantastic » which can be translated in south french speaking : « Putain ça en jette! » or « Bigre, c’est de toute beauté ».

It’s really a great pleasure to be in moutain with people that enjoy to be there!

It’s 7h30 when we congratule at the summit. Happy!

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