Calanques fiever
Presque sur un hasard nous organisons avec Guillaume une petite virée improvisée dans ce lieu de beauté que sont les Calanques de Marseille!! Alors que le froid congèle en ce moment à peu prêt tout ce qui existe de liquide dans les Alpes, alors que le mistral décape la neige et l’envoie de l’autre côté de la méditerranée, nous allons nous nicher bien à l’abri sur deux falaises mythiques des Calanques : la paroi des Goudes le premier jour et la Calanque de l’Oule le deuxième jour… Une jolie parenthèse de calcaire dans cet hiver de brute!
Un dimanche après midi aux Goudes!
C’est au son de Massilia que l’on débarque aux Goudes ce matin. Les aficionados du groupe reconnaîtrons la chanson! Je suis toujours surpris de la rapidité à laquelle on s’extirpe de la jungle urbaine de Marseille pour se retrouver au milieu des cabanons des Goudes puis au calme de la garrigue… Marseille, tout en contraste!
Le mistral est efficace aujourd’hui, probablement un bon 80km/h. On voit les rafales déchirer la mer, elle même déjà bien démontée! L’idée est de grimper sur une des falaises les mieux protégée des Calanques, la paroi des Goudes. Des grandes voies courtes, de niveau abordable et une vue 14 étoiles… tout ce qu’il faut pour permettre à Guillaume de s’amuser aussi en tête et de pas juste suivre le guide. De mon côté j’apprécie aussi être suivant!! Nous faisons un premier galop d’essai dans le Toit du Garrigou, une voie comme il nous faut, même sans le soleil! Assez dure pour que ça ne soit pas trop facile, mais assez facile pour que ce ne soit pas trop dur! Comme ça on peut prendre notre temps et s’échanger quelques anneries lorsqu’on se croise au relais! Au sommet, les bourrasques de vent claquent sur la crête juste au dessus, mais nous on est bien abrité.
L’absence de soleil du jour vient compromettre notre sieste d’entre voies. C’est dur mais il en faut plus pour nous achever. Nous repartons vaillamment dans le « S », une autre jolie voie abordable du secteur, un cran au dessus de la première… Descente en deux rappels dans la rectiligne. J’essaie mollement d’embusquer Guillaume dans un 3ème projet… mais il préfère sagement botter en touche et garder de la réserve pour demain! Ca nous laisse un peu de temps pour trouver un coin confortable pour poser le camion et la tente, ce qui n’est pas forcément une mince affaire dans le secteur! Il ne nous reste plus qu’à éteindre notre soif à coup de bière et notre faim à coup de pizza avant de sombrer dans le sommeil du juste…
</span
Le Lundi au Linceul
Aujourd’hui, on quitte la partie « urbaine » des Calanques pour s’enfoncer dans une zone plus sauvage du parc. Au départ de Cassis, en une petite heure de marche nous gagnons la Calanque d’En Vau, parfaitement déserte! L’ambiance du lieu n’en est que magnifiée par la solitude qui nous entoure. On profite. Le mistral est toujours de la partie mais un allié de poids nous accompagne pour la journée : le soleil pardi!
D’en Vau pour rejoindre la falaise du Belvédère nous passons par le Trou du Serpent, un petit boyau qui donne accès moyennant une ou deux tortillades à la traversée des Ecureuils… le premier projet (le Toboggan de la Corniche) tombe à l’eau : la voie est encore à l’ombre et la mer démontée nous invite à garder nos distances avec elle!
De là, la vue sur la falaise du Belvédère où je propose à Guillaume d’aller grimper est saisissante et le laisse pour le moins songeur! Je sens que si nous restons trop de temps à regarder cette falaise aux lignes de fuyante, Guillaume va renoncer à tous ses désirs de grimpe. Place donc à l’action, excellent remède à l’appréhension! En s’approchant de la falaise, la perspective change, et le projet devient tout de suite moins surréaliste aux yeux de Guillaume…
Nous partons par la première longueur de l’Intégrale. Tout de suite dans le vif du sujet. Les cotations sont beaucoup moins tendres qu’au Goudes et il faut déjà faire un bout de chemin entre chaque point, prendre les bonnes options, dans une ambiance bien verticale qui chauffe un peu les avant bras… je serais donc devant pour cette fois!
En deuxième longueur, nous enchaînons les longueurs 2 et 3 du Linceul. J’avais fait cette voie quelques années auparavant et me souvenais que les coinceurs étaient facultatifs… je ne savais pas qu’entre temps, la voie avait retrouvé un peu de sa sauvagerie et certains points supprimés! J’ai l’air fin avec mes 12 dégaines au baudrier!! Heureusement l’escalade n’est pas piégeuse, le caillou parfait, en grimpant tranquillement ça joue! Guillaume me rejoint au relais après la traversée du Linceul
Au dessus la voie continue dans une fissure avant de traverser la fameuse dalle en 6b+ protégée par 3 points que j’aperçois depuis le relais… 10 mètres au dessus. J’espère intérieurement qu’un point intermédiaire échappe à notre vue depuis le relais car ça a l’air de grimper un peu jusque là! Mes espoirs seront déçus quand après quelque mètres de grimpe, à l’endroit précis où je me dit qu’une petite protection ne ferais pas de mal, j’aperçois les vestiges démontés de l’ancien spit, en toute logique d’ailleurs car la fissure est juste parfaite pour les camalots quand on les as! L’inventaire des plans B au baudrier est vite fait : un ficelou et pis c’est tout… nos voisins allemands grimpent dans certains secteurs à l’éthique rigoureuse, uniquement sur cordelettes coincées, pourquoi pas moi?
Passé l’épisode du ficelou salvateur, du relais suivant, la vue plongeante sur la grande bleue vaut son pesant de cacahuète, pendant que Guillaume œuvre et joue le contre la montre contre l’acide lactique! Peu d’entraînement ces derniers temps, beaucoup plus de manifs que de séance de grimpe… on peut pas être partout!
Encore une jolie longueur et une fissure dans laquelle j’aurais jeté avec plaisir un ou deux camalots et nous nous échouons au sommet de la voie… affalé en plein soleil, face à la mer nous profitons de ses beaux moments en repensant à cette voie que nous n’avons pas vécu avec la même intensité je pense!!