La première fois que j’ai vu la Croix des Têtes en descendant du Galibier vers la Maurienne, j’ai eu le coup de foudre et je me suis juré d’y trainé un jour mes chaussons! Ce monumental pilier qui domine de 2000m la vallée de la Maurienne a vraiment de la gueule! Un paquet de voie parcourent les différentes faces mais il y a du bon grain et de l’ivraie qu’il faut savoir trier… Une des références des 600m de la face NW est Happy Birthday une voie très soutenue et directe avec 18 longueurs comprises entre 6b+ et 7b+ avec environ 400m de dalles et 200m verticaux.

Coup de fil à Jb qui n’a jamais entendu parlé ni de la voie ni de la Croix des Têtes mais qui se motive immédiatement pour cette virée. Bel esprit! On décide de faire un peu de tourisme dans le coin et de dormir au refuge au pied de la face, le refuge de Bionnant. C’est que l’approche de la Croix ressemble plus à une escapade en montagne qu’a une ballade digestive : 800m de dénivellée puis redescente par une via ferrata vieillissante. Au bas mot 2h30 d’approche.

Le refuge de Bionnant se trouve en en suivant le chemin qui descend sous la face NW au bout d’un quart d’heure de marche. Matelas, ouvertures, poele, bois, casseroles.. Le minimum mais l’essentiel! Pas d’eau : il faut suivre encore pendant 15 min le chemin qui descend et croise le mini-ruisseau. Il se peut qu’au coeur de l’été, le ruisseau soit sec. Nous veillons un peu au coin du feu accompagnant nos discussions de quelques boissons digestives… Avant de se coucher, on lit quelques commentaires du livre d’or dont un nous laisse perplexe : « Happy Birthday, une voie pour amateur de dalles à phoque ». Qu’entendent-ils par là? Nous comprendrons demain.

8h : nous sommes au pied du mur. C’est vraiment impressionnant! 400m de dalles pour se mettre en jambe, ça va donner! JB attaque la première longueur donné 6b+: on s’inquiète vraiment c’est très dur et on est censé aller jusqu’à 7b+. Au fait dans d’autres topos cette lonueur est donnée 6c+ ce qui parait déjà plus cohérent avec le reste. En tous cas le ton est donné, c’est de la dallouze de première catégorie.

Rapidemment nous sommes quand même assez surpris car il ya des sections vraiment bien prisues dans ces dalles, ce que l’on ne soupçonne vraiment pas du bas. A chaque départ de longueur c’est le même tableau : « Wah ça a l’air bien lisse là! » Mais les prises sont là moyennant un peu de recherche. Dès fois la lecture est vite faite : il n’y a qu’une prise… En tous cas l’escalade est très instructive du point de vue de la pose de pied en adhérence sur un rocher sans grain. Zip-zip!

Au fur et à mesure que l’on monte dans les dalles, on est conquis par la qualité de l’escalade… on en bave mais cette voie est une perle.

Pour que tout ne soit pas trop facile quand même, je décide lors d’un hissage de ne pas fermer mon sac afin deme délester de l’ensemble de mon casse croûte qui part rejoindre le sol 300m plus bas. Ca c’est fait!

Après deux dernières longueurs difficiles dans la partie dalleuse, on rejoint le bastion sommital, une belle cerise de 200m sur le gâteau de 400m. On s’attendait à de l’escalade plus classique mais là la surprise fut totale. Variété de grimpe, rocher bien classe, ambiance, homogénéité. Rien à dire c’est superbe!

Après 9h de grands moments de plaisir et de baston on retrouve avec bonheur l’horizontalisme. Nous sommes répus d’escalade, comblés par l’esthétique et la classe de cette voie.

Au niveau des cotations, on a trouvé celle du Mussato pas toujours très justes dans les deux sens. Voici ce que l’on propose :

L1 : 6c+ (au lieu de 6b+), L2 : 6b au lieu de 6c+, L3 : 7a, L4 : 6c+ (au lieu de 6c), L5 : 6a, L6 : 6b (au lieu de 6c), L7 : 6c, L8 : 7a+ (au lieu de 7a), L9 : 7b, L10 : 7b+ (au lieu de 7a+), L11 : 6c+, L12: 7b, L13 : 6b (au lieu de 6c), L14 : 6c+, L15 : 6c, L16 : 7a (au lieu de 6c), L17 : 7b+

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