4 jours après la traversée de la Meije avec Jacques et Oliv , retour sur la belle.
Quand Jean & Marie me contactent la semaine précédente pour réaliser la traversée de la Meije, je suis d’abord un peu sur la défensive… Partir avec des « inconnus » sur cette grande course, engagée, en altitude, sans réaliser au préalable une course de rodage ne m’enchante pas trop… En discutant plus longuement au téléphone, Jean me lâche le morceau : ce sont d’excellents grimpeurs qui n’ont certes pas une grosse expérience alpine mais déjà pas mal de courses de rocher à leur actif (et pas des moindres), notamment dans les Pyrénées… Je commence à me détendre un peu et leur propose de bloquer un créneau de 3 jours pour se garder le temps de redormir à l’Aigle si besoin… De toute façon, nous verrons déjà en remontant les Enfetchores si tout baigne! Il n’y a plus qu’à attendre un bon créneau pas trop orageux et zou!
Et bien je n’ai pas été déçu par ce petit pari! Le contact passe vite avec Marie & Jean qui gambadent comme des isards dans les Enfetchores… Bonne condition physique, pied montagnard, gestion du rythme… Les Enfetchores ne disent pas tout non plus, mais c’est quand même un bon indicateur! Seul le terrain un peu miteux de la descente de Brêche ne les enchante pas, mais faut reconnaître qu’il n’y a pas de quoi!! De toute façon ce genre de passage putride est totalement absent de la traversée!
On arrive en milieu d’après midi au refuge pour profiter tranquillement du lieu et de l’accueil des gardiens, Fredi, Nathalie et leur stagiaire Guillaume… Qu’on est bien à ce Promontoire!
Seul zone d’ombre, la météo… Il semblerait que de l’activité orageuse soit prévu demain. Quand Fredi nous fait part de la messe du soir, deux écoles s’affronte : les prévisionnistes de Briançon et leurs premiers orages à 13h contre les prévisionnistes de Grenoble, pas d’orages avant 17h… Nous surveillerons ça de très prêt!
Réveil 3h, ce coup là je me réveille!
3h40, décollage de la terrasse du refuge… Nous sommes la première des 4 cordées du jour au Pas du Crapaud. J’apprends grâce à Philippe que ce que je crois être le Pas du Crapaud n’en est qu’une variante!! Y a du bon parfois à croiser les collègues sur le terrain!! Nous filons devant à bon train. J’essaye de temporiser mes deux compagnons mais il semble que le rythme soit bon pour eux.. Bon ben OK on continue comme ça alors!
Tout déroule, les passages s’enchaînent comme les notes sur une partition : campement des demoiselles, couloir Duhamel, Mirroir, Dalle Castelnau, Dos d’Ane, Vire aux Encoches, Dalle des Autrichiens, Pas du Chat, Vire du Glacier Carré, Glacier Carré, Cheval Rouge, Chapeau du Capucin… et Grand Pic!
Il est 7h45… Nous sommes toujours devant et sereins pour la suite! On profite du sommet!
La suite du voyage se déroule sans bavure jusqu’au Doigt de Dieu entre manips de cordes, couloir englacé, parcours d’arête… le glacier du Tabuchet passe encore bien (mais pour combien de temps!) et nous sommes vers 12h45 au refuge… J’en demandais pas tant!! Peut-être mon briefing de la veille sur les orages et les prises de décision a mis un peu la press’ à Jean & Marie!!
Bref on est large et on décide de redescendre dans la foulée après une bonne pause de 2 heures le temps d’avaler quelques crêpes et écouter les p’tits airs d’accordéon de Louis… Du bonheur!
Jonction établie avec le Pont des Brebis en 2h30… Le temps d’aller chercher la deuxième bagnole à la Grave, de se caler au bistrot et s’abat soudain un rideau de pluie qu’on est content d’observer la bière à la main!! C’est donc finalement les prévisionnistes Grenoblois qui avaient raison!
Merci à tous les 2, c’était parfait!
J adore ce récit.
Manu
Merci pour tes photos et ton compte-rendu.
Merci surtout pour nous avoir guidés dans cette très belle sortie.
« C’est sans doute la plus belle course de l’Oisans et cela est vrai non seulement pour celui qui y va pour la première fois et la découvre, mais aussi pour celui qui la fait pour la cinquième ou la dixième fois… Arriver au Grand Pic est toujours une joie, un « moment », et de là, voir les arêtes est toujours un émerveillement. »
Gaston Rébuffat
Des Enfetchores aux vires Amieux, en passant par la météo de Frédi, l’accordéon de Louis et qlq autres fantaisies, tout nous a bien plu.
Au plaisir de te revoir.
Jean-yves et Marie-noelle