L’an dernier,la météo exécrable de l’été n’avait laissé que peu de créneaux pour réaliser la traversée de la Meije… Avec Jacques et Oliv, nous nous étions rabattus sur des courses mixtes, dans des conditions hallucinantes pour l’époque (30 à 40cm de fraîche et gros blizzard) : Traversée roche Paillon – Emile Pic, Traversée de neige Cordier…
Un an plus tard, rien à voir! C’est la canicule et la montagne et sèche, un peu trop même! Le terme de regel a disparu des dictionnaires d’alpinisme! Pas terrible pour les courses de neige mais excellent pour le caillou, tant que les accès glaciaires restent praticables….
Cette année nous nous attaquons donc au grand rêve de Jacques, la traversée de la Meije. Nous étalerons la course sur 3 jours en dormant au Promontoire et à l’Aigle. Le créneau météo est parfait, tout baigne!
Rien ne vaut un bon casse dalle avant d’attaquer la montée
Aujourd’hui, c’est la montée par les Enfetchores qui nous attend. 1000m de montée plutôt ludique le long de ce bel éperon rocheux…
Puis un petit bout de glacier jusqu’à la brèche de la Meije et une rimaye qui s’ouvre de plus en plus!
Vue sur le glacier au dessus des Enfetchores
Et après la descente de la Brèche, le refuge du Promontoire, terminus du jour!
Vautrage en règle sur les canapés en terrasse!
Le point météo et conseils avec Fredi le gardien et le petit Rhum planteur offert par la maison!! Décidément, la Meije est bien entourée entre Fredi et Nathalie au promontoire et Louis et Laura à l’Aigle…
D-day : la journée commence pour moi par la douce phrase suivante : « Putain Nico qu’est-ce-que tu fous? Il est 3h30! »… Effectivement je me suis un peu loupé sur le réveil!! Je saute du lit, avale deux tartines et envoie mon sac sur le dos… Finalement je suis prêt avant mes compagnons : « Alors les gars qu’est-ce-que vous foutez? »…
Dans la nuit, après le Pas de Crapaud, nous déroulons sur l’arête puis dans le Couloir Duhamel. On trouve notre rythme… Nous avons toute la journée devant nous, pas d’orages annoncés et nous redormons à l’Aigle… Tranquille!
Nous atteignons le pied de la Muraille Castelnau avec le jour.
J’arrive au Dos d’Ane…
Et oliv en sort! Granit irréprochable…
Vire aux encoches, un petit surplomb et c’est la dalle des Autrichiens que nous gravissons par le dièdre…
Oliv et Jacques à la sortie de la dalle des Autrichiens
Pas du chat, vire du Glacier Carré… On enchaîne. Le glacier est en excellentes conditions avec une belle trace diagonale…
Nous voilà au pied du Grand Pic. Ca déroule jusqu’au Cheval rouge. Oliv et Jacques se délectent de ces mythiques passages!
Oliv dans le Chapeau du Capucin.
Sur le petit bout d’arête menant au Grand Pic
9h30 : alléluya!
Quand le génie montre le ciel…
Mais ce n’est là que la moitié de la course! Il reste un peu de chemin avant les crêpes de l’Aigle!
Les rappels du Grand Pic, la brèche Zsigmondy et le couloir du même nom tout en glaçon!
A la sortie du couloir, Oliv considère que son piolet a assez vécu et le laisse choir dans la face nord!
Les arêtes sont bien sèches, nous quittons les crampons et reprenons notre progression.
Nous sommes stoppés au niveau de la 3ème dent par un secours (rien de grave une entorse au genou). On s’octroie 3/4 d’heure de pause et on admire le spectacle…
Suite des manœuvres sur l’arête sans encombre. Le Doigt de Dieu s’offre à nous, on commence à la tenir cette traversée!
Le glacier est encore bien praticable même si ça ne va pas durer des lustres. Quelques gros ponts de neige vont vite devenir problématiques!!
16h30 : Echouage à l’Aigle. C’est le bonheur pour tous… Après les doutes de la veille Jacques savoure encore plus que nous cette belle réussite, qu’il n’a pas volé! Nous sommes contents de passer la soirée tranquilles ici pour redescendre au petit jour demain…
D’autant que le petit déjeuner fait plaisir avec du vrai pain, du cake et des petites confitures maison… Sans oublier la fameuse pâte à tartiner!
Au petit jour nous filons pour les 3h de descente avec à l’est une bien belle enclume!
Bravo à tous les 2 pour ce beau voyage réalisé sans anicroche!