Wadi Rum – Flight of Fancy

Wadi Rum – Flight of Fancy

Relâche totale ce matin : un peu de glande ça fait du bien! On pense faire une petite grimpette sur la face est mais comme de toute façon la chaleur est revenue, il faut attendre que le secteur passe à l’ombre. Y a pas l’feu!

Direction donc Flight of Fancy cet après-midi dont la beauté de la ligne vu de puis Inferno nous avait bien mis en appétit en début de séjour. Jean est chaud bouillant car les 2 jours de crapahute dans le massif lui ont permis de reconstituer son orteil. Ju fait un break et nous regarde grimper.

Une cordée d’allemands très inefficaces mais néanmoins sympathiques nous obligerons à de longues pauses au relais malgré un départ décalé de quasiment 45 minutes!

Curieux ces allemands dont le projet est de gravir tous les deux la longueur clé en tête! Nous parvenons à nous intercaler entre leurs deux essais mais suite à un malentendu, ils laissent la longueur intégralement (sur)équipée avec un point béton quasiment tous les mètres quand c’est pas plus! Dommage mais bon ça nous permet de filer. Malgré ça on s’éclate bien dans cette voie magnifique. Le défaut de l’escalade à Rum, c’est que grimper des longueurs d’anthologie est tellement courant que l’on finit par trouver ça normal! Attention au retour à la réalité!

Traversée du Jebel Rum – Jour 2

Traversée du Jebel Rum – Jour 2

Suite de l’épopée Jebel Rum… La brave journée d’hier a laissé quelques traces dans les organismes… Le réveil est un peu douloureux pour certains ce matin mais la bonne humeur est là! Dans un élan d’enthousiasme, on se surprend à penser que l’itinéraire sera plus facile à trouver qu’hier et que l’on se rapprochera plus des horaires bédouins en solo… L’espoir fait vivre.

Il est 9h30 quand nous décollons et pour se mettre en jambe, nous traversons le Grand Siq. Chacun son truc. D’emblée on est replongés dans les mêmes acrobaties qu’hier. Dalles expos, désescalade, pas de IV+. En tous cas ce passage est bien sympathique et permet de gagner facilement les déserts d’Al Thalamiyah. Atelier inédit aujourd’hui : la grimpe sur arbre pour éviter un passage trop dur. Il faut monter sur les plus hautes branches qui ploient un peu sous la masse des envahisseurs! Juste après un très court pas de bloc verrait bien des larmes si les bédouins n’y avait pas taillé une salvatrice réglette (et poser un escalier bédouin)!

Chose incroyable qui ne nous est pas arrivé hier : nous venons de passer plus d’une heure sans se demander si on était sur la voie! Mais ça ne pouvait pas durer. Passée la fenêtre, c’est l’erreur! On se laisse hypnotiser par quelques kairns qui nous descendent dans un wadi vers l’W. Plusieurs voies se croisent à ce niveau, il faut être vigilant. Si hier les kairns étaient rares, aujourd’hui ils sont fourbes! Tout finit par rentrer dans l’ordre… pour quelques instants seulement! Difficile de se relâcher dans ces voies bédouines, il faut sans arrêt fouiner pour trouver le cheminement. Nous élaborons aujourd’hui la tactique dite du chien : je flaire devant et Ju et Jean ne me rejoigne que si c’est bon!

Ainsi je chercherait pendant une demi-heure le passage du grand Siq après la fenêtre. Ce canyon large de 50m et profond de 100 ne présente que peu de faiblesse. On commence par le longer vers l’E par des dômes. Mais ça commence à descendre pas mal et aussi loin qu’on voit, pas d’issue! On hésite à continuer : en effet notre petite expérience de ces bédouineries nous a appris que ce que tu descends tu dois le remonter en cas de but! On passe finalement au niveau du point haut du Siq par un passage impressionnant mais bien moins dur qu’il ne pouvait paraître de loin (comme c’est souvent le cas dans le secteur). Une fois de l’autre côté, nous longeons le Siq vers l’E et descendons des dômes jusqu’à un plateau. De là, on s’aperçoit qu’il était éventuellement possible de traverser le Siq à ce niveau. Pour  piger, jetez un oeil au topo.

Petite hâlte au plateau, à l’ombre s’il vous plaît car aujourd’hui ça tape pas mal. Quelques kairns tentent de nous perdre mais nous ne laissons avoir que partiellement et trouvons la vire qui permet de gagner le haut du couloir d’Al Thalamiyah.

Mais pour nous ça ne s’arrête pas là. Après un court conseil de guerre et un bilan des provisions, la décision est unanime : on continue! On a plus trop d’eau mais c’est pas grave, on fermera la bouche! On rempile donc pour quelques heures de crapahute en direction du sommet N du Jebel Rum. Là le topo que nous avons devient vraiment limite, voire faux. La tactique du chien vit son heure de gloire! Passé le Jebel Nord, peu de difficultés (à l’exception d’un mur de 7-8 mètres à désescalader, avec des prises taillées) mais un itinéraire pas toujours fluide.

Nous hésitons pas mal de temps avant d’être certain de trouver le wadi Abu doud par lequel nous pensons nous échapper vers Rum. Une fois dedans nous n’avons plus de doute mais il aura fallu quelques explorations, une fine lecture de photo aérienne et un coup de boussole pour lever le doute. Une fois qu’on le sait évidemment, ça ne fait pas l’ombre d’un doute! Nous laissons donc tomber la dernière partie de la traversée : jusque là on s’amuse encore mais avec quasiment plus d’eau et la fatigue qui commence à s’installer, continuer pourrait transformer cette journée en une brave galère…

La descente par Abu doud nécessite encore pas mal d’attention dans les rampes mais l’itinéraire est facile à trouver et bien kairné. Enfin on gagne le wadi Bach et les signes de civilisation. Encore plus qu’après le trip Burdah, on a l’impression d’arriver dans une grande ville en débarquant à Rum, après 2 jours sans croiser âme qui vive. On s’échoue directement à la Rest House pour un bon petit gueuleton arrosé d’une bonne petite binouze, un met de luxe par ici!

Ce trip de 2 jours dans le Jebel Rum nous a vraiment marqué, autant (sinon plus!), que toutes les merveilles que l’on peut faire en escalade. Venir à Rum sans faire l’expérience d’une voie bédouine est un vrai sacrilège!

Traversée S-N du Jebel Rum – Jour 1

Traversée S-N du Jebel Rum – Jour 1

En ce premier avril, c’est pas de la blague, on part pour une belle aventure de 2 jours! Comme on voulait pas faire simple, plutôt que de partir sur la classique traversée W-E du Jebel Rum, on double le tarif avec la traversée S-N : plus longue et surtout bien moins fréquentée….

Le topo que nous avons donne l’intégrale en 9h30 avec toutefois une précision inquiétante : « J’ai parcouru cet itinéraire avec un bédouin qui connaissait intégralement l’itinéraire. Nous avons mis 9h30 sans sortir la corde et sans erreur d’itinéraire ». Comme on est pas bédouins, qu’on veut pas faire du solo intégral tout le temps et que de toute façon on porte le bivouac, nous pensons honorablement doubler le timing en étalant ça sur 2 jours.

Et bien on sera pas déçu pas cette première journée qui nous emploiera de 10h du matin jusqu’à 19h! Au programme visite de moultes wadi, enjambement de crevasses, descente dans les Siq, escalade de dômes, et j’en passe…. rien d’extrême en termes purement technique mais une recherche d’itinéraire corsée avec un topo succinct qui nous vaudra quelques errances passagères! Dès lors qu’on se plante pas mal et que l’on cherche à s’assurer un tant soit peu dans les passages expos, le timing explose…. Mais qu’importe, on est équipé en conséquence.

Après cette bonne journée de crapahutage, l’arrivée au sommet est jouissive dans les lueurs du couchant…

On profite des dernières lumières pour gagner les excellents bivouacs du désert de la Hamad’s route. Il fera quand même un peu frais en fin de nuit mais ça nous permettra de profiter de la splendeur du ciel étoilé

Barrah canyon – Les Rumeurs de la Pluie

Barrah canyon – Les Rumeurs de la Pluie

Après un dramatique accident dont les circonstances ne seront pas dévoilées ici, Jean n’est plus en mesure provisoirement de mettre des chaussons! On en profite pour s’entraîner à poser du camalot en basquets dans une fissure bien sympathique.

Mais comme on est bien affamé, avec Ju on part l’aprem faire Rumeurs de la Pluie, un dièdre bien appétissant et effectivement très classe victime d’une abusive simple étoile dans le topo de Howards. Bien sur c’est moins classe que la voisine Merlin’s wand mais ça vaut très très largement le détour. Prévoir un peu de marge quand même, le départ de la 2ème longueur est expo avec impossibilité de mettre une protection sur une petite 10 aine de mètres dans du 5c.

Arrivés à la moitié de la voie, on voit débouler notre taxi de retour : ce qu’on savait pas c’est que les Jordaniens changeaient d’heure ce jour là! On finit donc dare dare… mais pas de souci, notre bédouin n’avait pas l’air au pièce!

Retour donc à wadi, après 2 journées complètement hors du temps. En arrivant au village, on a presque l’impression de regagner une mégalopole!

Le soir devant la poélée de falafels le constat est simple : on a les doigts broutés et Jean l’orteil pas encore opérationnel. C’est le moment idéal pour partir sur une voie bédouine, une spécialité locale à ne manquer sous aucun prétexte! En plus, il fait de plus en plus chaud, c’est de bon augure pour notre bivouac. Comme on est joueur, au lieu de la classique traversée W-E du Jebel Rum, on opte pour la plus sauvage et plus longue traversée S-N. A suivre…

Wadi rum – Merlin’s wand

Wadi rum – Merlin’s wand

En route pour Barrah canyon! Le 4*4 flambant neuf d’Ali nous amène à vive allure vers ce massif à une 20 aine de km de Rum. Des Jebels à perte de vue, ça donne le tournis! Ali nous dépose au pied de Merlin’s wand avec tout l’attirail de bivouac. Après une petite heure à errer dans le désert aux alentours du bivouacs, complètement scotchés par la magie des lieux, on se prépare pour notre objectif du jour : Merlin’s wand. Une voie à la réputation mondiale! Approche réduite à néant : on peut mettre les chaussons sur les matelas du bivouac : c’est bon ça!

Ensuite pour l’itinéraire c’est pas compliqué : dans la fissure sur 180m. L’escalade est vraiment magique : les bords de la fissure sont étonnement sculptés ce qui rend l’escalade moins difficile que ce qu’elle en a l’air. Une vraie merveille! Nos doigts un peu broutés par les escalades des jours précédents commencent à déguster quand même!

Pas un chat dans le canyon ce jour. on se sent loin, très loin, énormément loin de tout! Repas de bivouac à base de produits « locaux » : houmous, purée d’aubergines, maïs… tout ça chauffé, pas mauvais! Un petit dessert et un petit coup de chartreuse pour pousser tout ça… on est pas mal là!

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