Arête Sud de l’Olan

Arête Sud de l’Olan

Un semaine après notre virée à la traversée des Aiguilles de Sialouze et à l’éperon Renaud aux Tenailles de Montbrison, nous reconstituons avec Tibo et benoit le trio de choc!

L’arête Sud de l’Olan. Je ne sais pourquoi notre choix s’est porté vers cette voie un peu abandonnée… Au refuge déjà où nous sommes allé boire quelques coups avant de rejoindre notre bivouac, le gardien accueille hilare notre projet d’ascension : « c’est marrant ça fait deux fois en 20 ans qu’on me parle de cette arête, et les deux fois c’est cette année! ». Normal après tout puisque le précédent a lui en avoir parlé ben c’était moi lors d’une précédente visite!

Au final c’est un itinéraire qui mérite une visite : le rocher demande un peu d’attention par endroit mais est globalement bon à très bon, avec des belles petite section de grimpe se prêtant plutôt bien à la pose de camalots

Vu l’enneigement (face platré la veille par 10cm de fraiche), nous avons préféré rejoindre l’arête S au plus haut en passant par le glacier de l’Olan mais il est possible d’attaquer l’arête bien plus bas en passant par le pas de l’Olan pour aller chercher une vire en face W de l’arête.

Jusqu’à la brèche Escarra tout s’est déroulé à merveille, malgré un peu de lenteur due à la neige et au froid.

La descente du couloir issu de la brèche s’avère impossible vu les conditions de neige. Nous optons donc pour une descente en rappel en se disant qu’on rencontrera forcément un relais vu qu’on doit pas être les premiers à redescendre. Et bien que nenni!! La descente a été bien fastidieuse à chercher des becquets acceptables sous la neige.

Comble de bonheur, absorbés par l’action (et probablement un peu atteint par la fatigue) nous avons loupé la vire de la voie normale et donc continué notre descente hasardeuse jusqu’au bout du couloir qui aboutit au dessus d’une barre rocheuse verticale voire surplombante qui domine le glacier. Et là paroxysme de la suprême béatitude, non content de ne pas savoir du tout comment poursuivre la descente, nous trouvons opportun de ne pas parvenir à rappeler cette fichue corde celle ci-étant par ailleurs purement et simplement coincée.

Chance dans notre malheur, étant donné que nous n’avons pas pu tirer la corde d’un seul centimètre, nous disposons des deux brins pour remonter. Le couloir à cette endroit présente plusieurs ruptures de pente nette que les grimpeux nomment « surplomb » d’où une remontée sur corde pas piquée des vers (avec une corde détrempée et donc des autobloquants qui coulissent mal). Finalement la corde été coincée uniquement par le frottement de la corde trempée sur la sangle de relais (on avait cru bon d’économiser un maillon rapide, l’avarice et la paresse sont deux péchés!).

Bilan : il commence à se faire presque huit heures du soir, on est au dessus d’une barre de plus de 50m à vue de nez et pas le moindre becquet pour y faire relais. ça sent donc pas très bon. Finalement par une grande traversée puis une désescalade un peu foireuse sous le départ du pilier Anne, un becquet candidate… après moult tergiversations de groupe portant notamment sur la solidité du becquet, sur la hauteur qui nous sépare du glacier et sur certains aspects météorologiques et temporels nous parvenons à la conclusion que la meilleure solution pour éviter de passer une nuit à grelotter vachés à ce pauvre becquet au lieu de boire des bières et manger des pâtes dans la vallée, c’est de fixer la corde pour descendre 100m d’un coup avec, en plus de l’abandon de notre bonne vieille corde, un petit passage de nœud dans une zone que nous suspectons très verticale.

C’est donc la queue entre les jambes que je me lance dans ce rappel et ô miracle! Allah est grand! La corde caresse délicatement la lèvre de la rimaye. Que d’érotisme! J’en verse une larme d’émotion. Donc grand bousculement dans le programme : pas d’abandon de corde et tout le monde sur le glacier un quart d’heure après!

Longue et éprouvante descente jusque dans la vallée mais heureux de vider quelques bières en pensant à la bien pénible nuitée qui nous pendait au nez!

Pic des Aupillous – couloir sans nom – petite terreur!

Pic des Aupillous – couloir sans nom – petite terreur!

Avec Vincent favre nous partons visiter un coin totalement inconnu pour nous au fin fond du Valgaudemar : le vallon de la Condamine barré en son fond par la face ouest des Bans et la face Nord Ouest des Aupillous. C’est dans cette dernière que nous envisageons de gravir le couloir sans nom des Aupillous.

Le tracé du couloir sans nom aux Aupillous

Le couloir sans Nom aux Pic des Aupillous

Sur le papier, ce couloir-goulotte nous est apparue idéale pour une première sortie ensemble : difficultés pas trop soutenues (courts passages en glace à 80°, mixte facile, IV en rocher, pentes à 45-50°), approche rapide, descente pas trop complexe. Bref le prototype de course qui ne ressemble pas du tout à une galère.

Depuis notre départ du bivouac, à côté du chalet du Gioberney, tout s’est déroulé à merveille. Nous empruntons la première partie du couloir nord des Aupillous avant de bifurquer dans le couloir sans nom. De belles petites sections en glace faciles nous mènent dans les pentes et le mixte du haut de la face. Malheureusement au moment où il faut traverser à droite dans le rocher (IV) et s’extraire en quelques minutes de la face, j’ai eu la merveilleuse idée de continuer tout droit dans ce qui me semblait, par manque évident d’expérience, une belle option de sortie plus directe.

Et voilà comment tout faire basculer dans le sordide!

Cette sortie directe est abominable et à proscrire impérativement (même si la ligne paraît évidente). C’est une fissure raide, séche (dry tool), très pourrie (voire pulvérulente) et difficilement protégeable pour couronner le tout. Au programme: coincements de piolets à l’aveuglette sur blocs précaires et raclage de crampons sur dalle lisse comme un cul. Parce qu’en plus c’est entouré de dalles raides. Premier relais moyen. Au dessus la fissure se bouche, aucun espoir de ce côté, à gauche, un océan de dalles sans la moindre réglette et le moindre espoir de protéger, tout droit un éboulis déversant et à droite une traversée technique en plein dans le gaz pour rejoindre l’arète.. c’est cette option qui aura finalement ma faveur (non sans avoir essayé toutes les autres)…

Voilà la petite variant qui m’aura occupé 2h30 heures en tête pour quelques 70m (oui, c’est possible!) et m’aura coûté un piton et deux camalots (tombés pendant que je renfougnais dans cette saloperie).

Bref tout ça pour dire que cette variante c’est l’horreur, un vrai combat de rue…. plus jamais ça!!

Devant une bonne bière au Loup Bar, nous avons baptisée cette variante « la petite terreur » (ED-, 70m, 1 piton de suspension en place, M6) mais n’y allez jamais!!!

Pin It on Pinterest