Initiation vers le glacier d’Argentiere

Initiation vers le glacier d’Argentiere

En vue de l’ascension du Mont-Blanc, nous passons 2 jours avec Colin, Linda, Fabien et Freddie dans le secteur du Glacier d’Argentière afin d’acquérir toutes les bases pour la grande bosse et s’acclimater un chouya. Débuts en cramponnage pour la bande sur le glacier d’Argentière au niveau d’un bloc dément avant de rallier en fin de journée le refuge d’Argentière, un véritable havre de paix tout confort qui fait face à quelques mythiques parois des Alpes…. de toute beauté! Et l’accueil et la nourriture sont à la hauteur de la beauté des lieux! A fréquenter sans modération!

Le lendemain, on rallie le col des Montets où nous rejoint Sylvain, le deuxième guide venu en renfort pour l’ascension de la Petite Verte. Partis sous une tempête de ciel bleu, le temps tourne progressivement… Un p’tit coup de fatigue générale se fait sentir vers les deux tiers de l’ascension. Demi-tour donc pour que l’aventure reste avant tout du plaisir et fin de la journée devant un bon repas dans la vallée!

Pour la suite de l’aventure, malheureusement, les conditions ne sont pas réunis à commencer par la météo, passablement exécrable! C’est donc partie remise, au Mont-Blanc ou ailleurs car je vous le promets il n’y a pas qu’au Mont-Blanc que l’on peut prendre du plaisir!

Mont Blanc – Voie normale

Mont Blanc – Voie normale

C’est avec une bien sympathique troupe de 6 Bordelais et 3 guides que nous prenons aujourd’hui le chemin du Mont Blanc. Les jours précédents, de grandes quantité de neige se sont déposées jusqu’à basse altitude et les prétendants de la veille ont du vraiment s’amuser pour faire la trace qui nous profite bien!

A cause des travaux sur le tramway du Mont Blanc, les moyens mécaniques ne nous transportent pas au dessus de Bellevue soit 600m plus bas qu’en temps « normal », lorsque le TMB va jusqu’au Nid d’Aigle. Du coup, la première étape jusqu’au refuge du Goûter s’arrache au prix de 2000m de déniv’! Une belle mise en jambe qui laisse des traces pour le lendemain! Vers 17h, nous sommes tous autour du Goûter réuni devant un bon apéro. Pour demain, la météo est au beau fixe mais le vent souffle pas mal. Une accalmie serait la bienvenue…

… 1h45 : branle bas de combat au refuge du Goûter. Après une petite nuit mais un bon petit dej’, on se lance vers 3h sur l’arête du Goûter. Le vent a légèrement forci durant la nuit. Certaines bourrasques nous chahutent pas mal et soulève la neige qui nous fouettent le visage et les yeux. Sympa l’ambiance!

Dans la bande, une première cordée fait demi-tour dans la montée vers le Dôme du Goûter. Encordé avec Lionel et Benoit, tout va pas mal. Nous avançons à bon rythme, rattrapant quelques cordées. Peu avant Vallot, on reprend de plein fouet le vent duquel nous étions un peu abrités sous le Dôme du Goûter. L’ambiance se rafraîchit nettement! Nous nous posons quelques minutes à Vallot, à l’abri du vent… Il est 5h15, nous avons bien avancé. Mais le vent m’inquiète un peu. Outre le froid, il faut penser à notre sécurité sur l’arête des Bosses. Je décide de poursuivre jusqu’à la première Bosse et d’aviser là haut. Dans la montée à cette première Bosse, nous sommes très exposés au vent. Au bout de 10 minutes de marche j’échange un regard avec Benoit et Lionel et la décision est vite prise. Le plaisir n’est plus là! Il est hors de question de risquer une gelure pour un sommet fusse-t-il le Mont-Blanc!

Dans les rangs c’est la déception d’autant plus que tout le monde se sentait l’énergie de le faire. Mais très vite ce renoncement est accepté avec philosophie et l’on savoure pleinement ces instants magiques dans la lueur matinale… Nous rejoignons le reste de la troupe au refuge du Goûter.

La descente du Couloir du Goûter mobilisera encore toute notre attention… Sous Tête Rousse, l’ambiance se détend carrément! Nous descendons les névés sur les fesses, chacun avec son style, l’occasion d’un bon moment de rigolade….

Merci à tous pour ces moments sympathiques passés en votre compagnie. pas de sommet certes mais l’essentiel n’est pas forcément là!

Grand Capucin – O solé mio

Grand Capucin – O solé mio

Suite du trip avec la Vergeat…
Direction le mythique grand Capucin, passage obligatoire pour tout grimpeur-montagnard qui se respecte!
Petit biwouac au pied.
Je pars avec la galinette dans O Sole mio, le reste de l’équipe ne sera pas loin dans la Voie des Suisses.
Cette voie « O Solé mio », c’est une vraie perle! A part au début, les choix d’itinéraire ne sont pas très complexes : dans les fissures, et vaille qué vaille! Tout se déroule sans anicroche… Un relais un peu saturé mais rien de bien méchant à côté du joyeux bordel dans la voie des Suisses.

Nico dans o Sole Mio Grand Capucin

Dans O Sole Mio au Grand Cap

Martin en technicolor dans la voie des Suisses

Au sommet du Grand Capucin

Jady - ouné gran capuccino per favor!

Du sommet, nous traçons avec la galinette sans attendre les collègues coincés dans les bouchons de la voie des Suisses. C’est que la demoiselle à une benne à prendre!
Croyons leur faire gagner du temps pour la suite, je démonte le biwouac et plie leurs affaires (finalement ils redormiront là et me maudiront d’avoir tout plié!).
Pour ma part j’ai reçu un petit coup de fil de Sylvain qui veut faire le pilier Gervasutti le lendemain à la première benne. Du coup je reste bivouaquer au col du Géant. Toute la soirée j’attends les collègues de la Vergeat imaginant qu’ils viendraient rebivouaquer par ici. Je me prépare un bon gueuleton avec tout ce qu’il me reste comme bouffe : deux biscuits et quelques pruneaux. Ca me fait une curieuse petite soupe….

Les Droites par la Ginat

Les Droites par la Ginat

Après une ascension épique de la voie des Suisses aux Courtes quelques jours auparavant, je reviens avec Ben dans ce fabuleux bassin d’Argentière et sa belle exposition de face Nord. Ici c’est un peu comme au glacier Noir dans les Ecrins (la fréquentation en plus) : l’ambiance haute montagne est grisante!

Cette face Nord des Droites, une des plus connues des Alpes, attire comme les Jorasses les alpinistes du monde entier. Si cette ascension est aujourd’hui devenue somme toute relativement classique, sa première ascension en 5 jours de septembre 1955 par P. Cornuau et M. Davaille fut une des grands moments de l’Odysée alpine! A remettre dans le contexte matériel de l’époque bien entendu : un seul piolet (droit en plus), pas de pointes avant, pas de broches… Les pentes de glace étaient vaincues en taillant des marches…

Aujourd’hui, armés de deux piolets traction, de crampons 12 pointes, de broches à glace, et lorsque les conditions sont bonnes, la face Nord est régulièrement gravie « à la première benne », c’est-à-dire que les prétendants partent de Chamonix le matin et y redorment le soir!

Comme on aime les sacs bien lourd et l’imprégnation, on opte pour un bivouac au pied de la face Nord des Droites (pas trop prêt non plus). On se charge en plus de nos skis qui ont l’immense avantage de nous faire gagner beaucoup de temps et d’énergie sur l’approche et le retour par la Mer de Glace mais l’inconvénient d’alourdir nos sacs dans la voie et nous faire grimper en chaussures de ski.

Le pied de la face s’atteint par une impressionnante traversée sous la Verte, la Grande Rocheuse et les Droites. Pas trop traîner dans ce coin et guetter les séracs qui menacent!

Nico ski vers la Ginat aux DroitesDanger crevasses sur le glacier d'Argentière

L’ambiance au bivouac est bien prenante. Dur d’oublier ce pourquoi nous sommes là! Ce bout de mur de 1000m en impose. Pour chasser les angoisses, rien de tel qu’un bon coup de lime, sur les crampons.

Bivouac au pied de la face Nord des DroitesNico affute ses crampons au pied des Droites

Départ à la fraîche le matin. Juste avant la rimaye je perds une peau suivi de peu par mon bâton en voulant rattraper la peau. Tant pis on verra ça quand on reviendra chercher le bivouac!

Après la rimaye de la Ginat aux Droites

On attaque corde tendue les premières pentes et la banane Messner en bonnes conditions. En haut de la banane, Ben fait relais pour que je passe devant.

Banane Messner aux Droites

Je repars dans la grande pente en neige pas très consistante au début. Je préfère bétonner ce passage pas très dur mais exposé. C’est ce moment que choisit la cordée de germaniques qui nous talonnais pour tenter un dépassement un peu bourrin! Je les laisse passer puis finalement on les rattrapera peu de temps après dans la pente de glace!

Bon fumage de mollet dans ces pentes en glace. C’est pas du polystyrène mais on avance bien.

Dans les pentes de glace de la Ginat aux DroitesA la sortie des pentes de neige et glace de la Ginat aux Droites

Ensuite c’est la grande classe : la face se redresse et l’on grimpe sur des placages de glace bien protégeables avec quelques petits passages de mixte.

Ben à l'attaque des placages de la Ginat aux DroitesCourte section de mixte dans la Ginat aux Droites

Au dessus de grands rideaux de glace bien cassante nous occupent un petit bout de l’après midi. Jamais extrême mais jamais complètement rando non plus.

Dans le haut de la Ginat aux DroitesEncore de la glace dans le haut de la Ginat aux Droites

Tout baigne jusque là, il est 15h et on avance bien. Il nous reste un peu de glace et la pente de neige terminale.

Sauf que cette maudite pente nous prendra bien deux heures! Gros brassage dans de la semoule de premier choix! On sort passablement éreintés à la brèche mais heureux d’être venu au bout de ce délice glacé.

A la sortie de la pente de neige finale

Cordée bien heureuse bien que d’une dentition pas toujours irréprochable!!!

Nico et Ben à la brêche des Droites

Allez c’est pas qu’on s’embête ici mais y commence à se faire faim, et on est pas tout à fait rendu.

Premier rappel de la descente de la brêche des Droites

La descente en rappels-désescalades bien efficace nous dépose quelques temps plus tard sur le glacier. Là on comprend enfin l’utilité de ces deux lattes qu’on trimballe depuis le matin. On se laisse glisser jusqu’au bas de la mer de glace avec les dernières lueurs du jour. Quelques (nombreux) déchaussages – raclages – portages de ski, on s’échoue à Chamonix à 23h devant un sandwich monstrueux.

Mes mains sont insensibles depuis un bon moment. Je n’y ai pas trop prêté attention pendant l’ascension….
Bien fatigué, je m’endors en remettant ce problème au lendemain (grossière erreur!). Le lendemain au réveil, aucune amélioration. Et crétin que je suis, je vais encore attendre 24 heures de plus avant d’aller enfin aux urgences à Briançon. Mais c’est déjà trop tard pour agir efficacement… Les premières heures sont les plus importantes pour les gelures. Un réchauffement rapide est très douloureux mais occasionne moins de séquelles qu’un réchauffement lent qui entraine la mort des cellules.
10 jours de doute, en attendant de connaître la vrai ampleur de ces gelures. Avis partagé des médecins. Finalement je m’en sortirai avec un bon second dégré et pansements gras pendant un mois. Deux ans après, je n’ai quasiment pas de séquelles excepté un petit doigt (le plus touché) régulièrement insensible et une sensibilité accrue au froid!
Quelques précautions de base m’aurait permis d’éviter ça : des bons gants, une meilleure hydratation, enlever les dragonnes des piolets et surtout ne pas laisser le froid s’insinuer et prendre le temps de se réchauffer régulièrement. Comme j’étais pas frileux, je me croyais vraiment à l’abri! Quel orgueil. Une bonne leçon…

Mont Blanc : Traversée Miage – Bionnassay

Mont Blanc : Traversée Miage – Bionnassay

Après les trois semaines d' »expédition » avec Jade dans les Ecrins et le retour à la Meije quelques jours avant, je me sens plutôt en forme.

Fabrice est motivé aussi par un beau projet. Après mon but l’an dernier au Mont-Blanc, j’ai bien envie de récidiver mais par un itinéraire moins couru que la voie normale.

Nous ne mettons pas longtemps à nous décider pour la traversée royale. Faut pas l’appeler comme ça il parait, mais c’est quand même plus court que la traversée Miage – Bionnassay – Mont-Blanc – trois Monts à la descente!

Deux amis de fabrice se joignent à nous.

J1 : nous montons dans la grisouille jusqu’au « refuge » des Conscrits, une belle usine à gaz! Quelques doutes sur la météo quand même! Carpe diem, nous misons au moins sur les Dômes de Miage!

J2 : nous sommes quelques cordées à nous élancer (sans trop d’élan non plus) le matin en direction de l’Aiguille de Bérangère (pas vue la Bérangère). Ensuite, c’est un vrai régal. On est quasi constamment sur le fil des Dômes de Miage avec en fond d’écran le Mont-Blanc et tout l’itinéraire du lendemain… La classe. La plupart des cordées qui ont partagé notre petit déjeuner se sont arrêtés à l’Aiguille Bérangère ou font « seulement » les Dômes de Miage. Du coup passés les Dômes, on retrouve une certaine solitude. Petite pause sur les rochers où j’aurais un éclair de génie : poser mon casque sur le côté rond, pour être sur qu’il ne soit pas trop stable! Le casque trop content de pouvoir enfin vivre sa destinée s’est lancé dans une folle descente versant italien. J’ai voulu m’opposer à cette cruelle déchirure mais j’ai bien vite compris que cela risquait de nuire à mon espérance de vie… Je crois même mettre dit pendant une seconde qu’un jour j’irai le rechercher… Oui, oui, bien sur…

… le deuil du casque est rapidemment fait avec un bon sandwich entre les mains et on se remet en route vers le refuge Durier. De loin, le refuge parait tout petit. Plus on se rapproche, plus on se rend compte que le refuge est vraiment tout petit! Une vrai petite boite d’allumettes, accrochée à la montagne dans laquelle s’entassent les alpinistes… Heureusement nous ne sommes pas très nombreux, une petite quinzaine d’allumettes. Mais cela impose déjà au gardien de faire plusieurs services sur sa petite table pour6 personnes. La météo est nickel pour le lendemain avec un peu de vent… Le soir devant une bière, on se fait tous les scénarios pour le lendemain

J3 : nous faisons parti du deuxième wagon de petits déjeuner. Finalement c’est bien plusieurs services… ça décale les départs sur la trav’. Du coup nous ne seront jamais génés de la journée ni par nos prédécesseurs ni par nos poursuivants!

Petit prélude en neige. On arrive au levé du soleil dans la section rocheuse.Le rocher est pas des meilleurs partout mais c’est bref. On rejoint ensuite le fil jusque sous l’aiguille de Bionnassay. Comme on est toujours pas certains d’être tous assez en forme pour aller jusqu’au Mont-Blanc, on shunte l’aiguille de Bionnassay… Avec le recul c’est con quand même, il devait rester même pas 50m! C’est pas ça qui nous aurait fait basculer dans le rouge.

Mais peut-être aussi que toute notre attention était captée par ce qui nous attendait passé l’aiguille : ce fil de neige tendu entre l’Italie et la France, cette arête de neige suspendue sur des rebords de 800m, ce passage qui fait la légende de cette traversée, une des plus belle des Alpes… Un poil de tension. Comment être indifférent à ce vertigineux chemin? Sur environ 100m, il faut marcher vraiment sur le fil et assurer ses pas… La stratégie d’assurage, tout le monde la connait : sauter de l’autre côté de l’arête si votre compagnon trébuche… Très efficace mais intellectuellement peu stimulant.

Démontrant là un évident manque de curiosité quand aux techniques alpines, aucune des cordées que nous sommes aujourd’hui sur ce rasoir de neige ne tentera l’aventure.

Arrivé au Dôme du Goûter, on évalue la fraicheur des troupes. C’est variable mais tous le monde est open pour continuer. Pour ma part, je vis dans la montagne quasiment en continu depuis un mois, je suis parfaitement entrainé et acclimaté : en bref j’ai la patate… c’est un vrai plaisir d’être là fringuant, surtout quand je repense à l’année passée!

La montée sur l’arête des Bosses se passe bien même si ça commence à caler légèrement pour certain membre de l’équipage. ça rale, ça souffle, ça dit que ça peut pas, mal à la tête… Puis finalement, à l’arrachée, nous sortons tous au sommet, bien heureux! Il est 10h45. On profite d’un sommet quasiment désert. Le pied… Le vent finit quand même par nous chasser.

A part mal de casque et nausées pour deux de nous quatre, tout baigne. Il est tôt, nous avons largement le temps de redescendre par les Trois Monts jusqu’à l’aiguille du Midi. D’autant plus qu’en redescendant, les effets de l’altitude s’atténueront.

La « descente » des trois Monts comporte au fait deux faux plats montants un peu longuets. Quand on commence à être dans le rouge ça compte! Le passage de la rimaye du Maudit est complètement folklo. Tout ce que je déteste en haute montagne : la connerie humaine transposée à la haute altitude. Un embouteillage sans communication, où tout le monde veut tirer son épingle du jeu au détriment des autres. Après avoir attendu sagement notre tour pour descendre proprement en rappel et s’être rendu compte qu’on se faisait gratter sans scrupules par tous les nouveaux candidats, nous avons nous mêmes fait les veaux et balancé notre corde dans le « tas ». Pas très fier avec le recul.

Deux membres de notre équipage commencent à sérieusement ramper et la remontée des 200m de l’arête de l’aiguille du Midi sera pour eux un vrai calvaire, la croix en moins…

Le retour vers la vallée est surréaliste. Bienvenue à Chamonix où en quelques minutes on passe du monde des glaces à celui des marchands de glace. Choc brutal après trois jours en montagne mais qu’est ce qu’on est heureux!

Cette traversée de Bionnassay est probablement une des plus belles façon de gravir le Mont Blanc dans un niveau de difficulté raisonnable. La montée en 3 jours permet de peaufiner son acclimatation et de mettre dans sa besace au passage les très esthétiques Dômes de Miage.

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