Tête des Fétoules – Arête Ouest

Tête des Fétoules – Arête Ouest

Je retrouve pour une étape mes amis de l’Equipe Régionale FFME du Languedoc Roussillon. Pour leur dernier stage, ils sont engagés dans un beau voyage à travers les Ecrins sur les traces de Boileau de Castelnau, un alpiniste Languedocien qui fut avec Pierre Gaspard, le premier bipède au sommet de la Meije. Ce fut en 1877 un véritable exploit. La « Grande Difficile » était le dernier  « problème » des Alpes. Tout le gratin de l’alpinisme rodait autour d’elle multipliant les essais infructueux. Après cet exploit, Castelnau mit fin à sa carrière d’alpiniste à l’âge de 20 ans malgré des débuts plutôt prometteurs. Parmi les autres premières qu’il a réalisé, la Tête des Fétoules.

Les amis de l’ERJA sont censés rallier aujourd’hui le refuge de la Lavey en provenance de l’Olan où ils ont bivouaqué pour enchainer sur l’arête ouest des Fétoules et/ou le Pilier sud. La descente par l’arête N, avec les conditions de neige actuelle leur prendra un peu plus de temps que prévu. Leur arrivée à la Lavey à 22h sous la caméra de France 3 Languedoc sera un moment bien apprécié par eux et ceux qui les attendaient depuis un bout de temps. Le temps d’hydrater tous ces estomacs et de refaire les sacs pour le lendemain (chapeau les gars!), il est minuit passé quand les dernières frontales s’éteignent. La plupart partirons vers la voie normale. La fatigue cumulée des deux jours précédents et les 1700m de dénivelé du lendemain motivent ce choix. Martin indémontable est toujours interressé par l’arête ouest. Pour ma part je suis frais dispo. Nous ferons donc cordée ensemble.

3h30. Hein? Qu’est ce que c’est? J’suis où là? Quand le réveil sonne j’ai du mal à croire que c’est déjà l’heure… Autour pas un mouvement. L’équipe dors paisiblement. J’hésite un moment à les réveiller… C’est vraiment criminel! « Martin c’est l’heure! – Hein? Non, c’est pas vrai. – Si, si ». A sa tête je me demande si nous allons vraiment faire l’arête aujourd’hui! Les autres sont tous aussi difficiles à réveiller.

Le démarrage est bien lent pour tout le monde et nous mettons plus d’1h30 pour décoller. Les joies de l’inertie d’un groupe qui plus est fatigué. Au bout d’une petite heure de marche, nous quittons avec Martin le reste du groupe et le bon sentier de la voie normale pour monter dré vers l’arête.

Cette course sera un vrai plaisir. On le prend cool. Pas question de speeder, qui va piano va sano et lontano. Les premières longueurs, les plus dures donnent le ton  : beau caillou, protection aisé, escalade agréable… que du bon. Ensuite on se met en corde tendue et nous évoluerons comme ça jusqu’au sommet. En fait il ne s’agit pas vraiment d’une arête mais plutôt d’une succession de ressauts… Certaines sections bien redressées sont impressionnantes quand on les voit de face et finalement une fois sur place on y trouve un cheminement aisé n’excédant jamais le IV. A plusieurs reprises on savoure le panorama, en se dorant la pilule sur de confortables terrasses en lâchant de profonds baillements. C’est bon la montagne sans se presser.

Finalement en y allant cool on gagne le sommet en un peu plus de 5h. Bravo Martin, t’es vaillant!

A la descente, nous retrouvons une partie de l’équipe en même temps que les premières gouttes de pluie. Le gros de la saucée nous épargnera jusqu’au refuge. Quelques minutes après l’arrivée des derniers, il se met à flotter dru. Bon timing!

Vers 16h tout le monde est réuni au refuge, l’ambiance est à la déconne. Un apéro bien mérité permet de débriefer la situation et d’envisager la suite des opérations. L’équipe n’est pas très motivée pour descendre sous la pluie et ça se comprend. Ils passeront la nuit au refuge. Pour ma part j’ai malheureusement des impératifs. J’attends quelques heures une accalmie autour d’une table bien conviviale… La pluie s’arrête juste le temps de me motiver pour partir… Un quart d’heure après, c’est trempette à nouveau… j’arrive complètement douché à la voiture mais bien heureux.

Encore de beaux moments avec la Vergeat team!

Et merci à Bruno le gardien de la Lavey pour son accueil plus que sympathique…

Bientôt plus de photos, des vidéos et même un reportage TV!! Couverture médiatique incroyable dans ce sauvage vallon de la Lavey!

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