Hiker’s road

Hiker’s road

Pour finir en beauté notre séjour, nous choisissons de gravir le Jebel Nassrani par la célèbre voie Precht, Hiker’s road. La façon la plus facile d’accéder à ce sommet!

Il y a quelques très belles longueurs dans cette voie mais ce n’est pas la raison principale pour laquelle on y va. Ici on se rapproche plus de la course en montagne. Ce qui marquera c’est l’intelligence de l’itinéraire qui résoud habilement le problème de cette face sans dépasser le 6a. La sortie sur les dômes sommitaux est juste splendide avec un 360° sur le massif de Wadi Rum. Et la descente est une course dans la course où l’on s’enfonce dans un wadi sans fond et large comme les épaules…

Les grimpeurs purs n’aimeront probablement pas mais nous on a adoré et puis depuis le début nous n’avions encore pas gravi jusqu’en haut un seul sommet donc c’était la conclusion idéale!

Barrah tribord toute

Barrah tribord toute

Finalement comme compter les grains de sable ne nous motivait pas trop, nous sommes aller rendre une petite visite à une voie récemment ouverte (2007) pas très loin de Star of Abu Judaiah : Barrah Tribord toute, dont nous avions glané le topo dans le livre d’or de la Rest House.

Et bien nous n’avons vraiment pas été déçus! La voie se déroule dans la dalle à droite de la fissure de Dégage cancer et parcourt un incroyable océan de réglettes à tendance flake (écaille)!! De superbes longueurs dans un style radicalement différent de tout ce qu’on a fait à Rum depuis le début… Ca vaut carrément le détour!!

Pour les cotations ça donne :
L1 : soit on attaque par la cheminée de Dégage Cancer, soit on fait tranquilement le tour à pied pour attaquer 10m plus haut. 6c, 35m.
L2 : un grand 6b avec 2 surplombs plus durs en 6c/7a (1 pas à chaque fois). 45m
L3 : un surplomb rude au départ (7b, 1 pas) puis 6a+. 30m
L4 : en shuntant un relais on fait une grande longueur de 50m en 6b. Sinon relais intermédiaire à 25m.

Hormis dans les passages clés bien équipé, l’équipement est aéré (5-6m entre les points) et il vaut mieux être à l’aise dans le 6b.

La voie est entièrement équipée et peut être parcourue avec une douzaine de dégaines et 3 sangles longues pour rajouter quelques lunules. Le topo indique de prendre 3 camalots mais je n’ai vu aucun endroit pour en mettre!

Attention quand même : certaines cordelettes de lunules en place commence à fatiguer et il faudra envisager de les remplacer. Donc prévoir un peu de cordelette assez fine pour rentrer dans ces lunules percées au perfo (7 mm) et un couteau.

Pour la descente 2 options, soit vous sortez par Dégage Cancer (mais alors il faut prendre de la quincaillerie) et vous descendez par la même descente que Sundown soit vous descendez en rappel dans la voie. On a fait ça en 4 rappels en shuntant celui qu’on avait sauté à la montée. Il vaut mieux alors clipper quelques points pour y arriver. Ensuite on est descendu sur les relais de montée. Attention aux cordes, le rocher est bien abrasif, vaut mieux éviter les gros pendules!! Il y a aussi un relais décalé au dessus à gauche du 7b (environ 5m au dessus et 10m à gauche). Sangle sur lunule avec maillon.

Star of Abu Judaiah

Star of Abu Judaiah

Venir à Rum sans aller à Barrah canyon pour un grimpeur c’est comme aller à Paris sans visiter la Tour Eiffel pour un touriste japonais!! C’est  à peine imaginable!

Comme nous avons déjà tous les deux fait la world classic Merlin’s wand, nous jetons notre dévolu sur la deuxième vedette du secteur la bien nommée Star of Abu Judaiah.

Ali nous dépose au pied de la voie. Bien rapidement, le calme parfait du lieu nous envahit. Il est loin le bruit de fond quasi permanent que l’on capte quand on grimpe aux alentours de Rum. En dehors d’une paire de 4X4 et d’une poignée de randonneurs, pas âme qui vive ce jour dans le canyon.

La voie débute par 3 longueurs faciles avec juste un petit coup de fesse à donner en 2ème longueur pour franchir un court pas de bloc en 6c, bien protégé par 2 pitons.

Ensuite c’est le festival!

D’abord une longueur en fissure pimentée de quelques petits pas où il ne faut hésiter à s’écarter un peu de la fissure…
Au dessus, une longueur dalleuse avec tout ce qu’il faut…
Puis de nouveau de la fissure sur 2 longueurs où la renfougne n’est pas forcément la meilleure option.

Bref une ligne magique, d’une grande pureté! Un must que nous gravissons en bon style (du moins personne n’était là pour dire le contraire!!)

4h après être partis nous voilà de nouveau au sac…
Cela nous laisse quelques heures pour compter les grains de sable avant l’arrivée de notre taxi…

Black Magic

Black Magic

Aujourd’hui c’est relâche : pas de réveil! (De toute façon les coqs s’en chargent!)

Pour s’occuper un bout de journée, on va faire un tour dans Black Magic. Très belle surprise. Plus on monte, plus la voie est belle! Ca déroule nettement plus que dans nos escapades précédentes, on se fait vraiment plaiz’.

Le topo d’Howard est faux. De R6 au niveau de l’arbre, il faut traverser 25m à gauche pour emprunter une belle fissure sur une écaille décollée. Relais (le R8 du topo) 25m au dessus dans l’axe de la fissure. Ensuite c’est OK. pour la descente on a fait les rappels suivants : R11, R10, R9 jusqu’à la terrasse. Traversée à pied jusqu’à l’arbre puis rappel de 45m sur l’arbre. Ensuite descente bédouine par Al Thalamiyah, en suivant les kairns.

Une voie à ne pas louper.

Inshallah factor

Inshallah factor

Le grimpeur qui traîne ses chaussons dans les rues animées de Rum aura inmanquablement les yeux attirés par la face Est du Jebel. Plusieurs itinéraires parcourent la face d’en haut jusqu’en bas mais seulement 2 en escalade libre à savoir Raid mit the camel et Inshallah factor.

Inshallah factor c’est vraiment la ligne qui crève les yeux, d’une évidence parfaite. Jusqu’à la cinquième longueur, on redescend facilement dedans, après le salut est vers le haut, avec une petite descente à la mode bédouine alternant crapahute et rappels…

Voilà notre petit chantier du jour!

Et on est tout de suite dans le bain avec un passage dans la première longueur qui secoue un peu avec un difficile verrou de main dans une fissure désespérement lisse avant de se rétablir dans une cheminée renfougnesque! Au dessus, deux longueurs un peu moins rudes dépose au pied du crux. Une fissure qui se rétrécit de plus en plus! En fait le passage n’est pas extrême mais tout va dépendre de la qualité des protections que vous mettrez. Si vous êtes un grimpeur prévoyant, ayant collecté de l’information de qualité, comme celle que je vous donne (!!), vous avez à votre baudrier 2-3 petits coinceurs (vraiment les plus petits!) et des C3 (micro-camalots) ou équivalent. C’est tout ce qu’il sera envisageable de mettre dans le passage clé… (ou alors des pitons mais c’est un peu exagéré). Nous avions lu la veille dans le livre d’or de la rest house un commentaire en anglais qui disait « take some pegs or be a bold climbers ». Bon les pegs c’est les pitons, on en a pas, c’est réglé! Mais bold climber qu’est ce que cela pouvait-il bien vouloir dire? Nous apprendrons plus tard que ça veut dire grimpeur couillu!

Bref nous on a pris l’option couillue!

La suite se calme rapidemment. Ca grimpe encore mais c’est nettement moins soutenu. L’ambiance est terrible. Pour les deux dernières longueurs, on s’engouffre dans une cheminée dont on se demande un peu comment on va en sortir!

Retour à la lumière à 50m de l’oeil d’Allah avant d’engager les rappels. En s’y prenant tranquillement, les rappels sont pas si foireux…

Par quelques bédouinades, on rejoint ensuite la fin d’Hamad’s route…

Retour à Rum avant la nuit comme nous l’avions espéré!

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