par admin | 26 Juil 2011 | Alpinisme, Arête, Couloir, Ecrins, Massif, Roche Paillon - Emile Pic
J’accompagne aujourd’hui Perrine et Bertrand pour une bien jolie course dans le bassin du Glacier Blanc : le couloir S de la Roche Paillon suivi de la traversée vers le col Emile Pic. Le couloir s’atteint sans difficulté en 2h de marche depuis le refuge des Ecrins, le temps de se réveiller tranquillement. Au fur et à mesure que l’on s’élève dans le couloir, la pente s’accentue jusqu’à 45° et l’ambiance devient vraiment prenante. Le couloir est par endroit bien étroit, moins d’1m de large! Perrine et Bertrand sont concentrés! il nous faut une petite heure pour gravir les 200m du couloir. Le spectacle au débouché du couloir est fantastique avec la vue qui s’ouvre d’un coup vers le Nord. L’occasion de souffler un chouya après les émotions de la montée et contempler ce paysage qui s’ofre à nous. De là nous voyons bien la suite des réjouissances : un parcours d’arête mixte très esthétique et aérien que nous parcourons en crampons. Quelques acrobaties plus tard nous sommes au pied de l’arête rocheuse qui mène à Emile Pic. Nous pouvons soit la gravir par son fil, soit tout contourner par de belles pentes de neige qui forment un balcon suspendu au dessus de la plate des Agneaux. Bertrand et Perrine préfèrent la neige nous optons donc pour la deuxième option.
Arrivé au col Emile Pic, on laisse un peu souffler les organismes, une belle terrasse neigeuse nous accueille pour une bonne pause regénératrice. Si ce n’était ce petit courant d’air frais, on se laisserait bien aller à une petite sieste! Nous reprenons notre route. Le passage du col Emile Pic est un peu délicat mais à plutôt meilleur mine que d’habitude avec la neige. Il se descend en deux rappels de 20m ou un grand rappel de 40m. Passé le col Emile Pic, nous redescendons vers le Glacier Blanc, sans difficulté grâce à la neige encore présente en abondance cet année. Notre escapade se termine sur la terrasse du refuge du Glacier Blanc devant un bon gueuleton que nous degustons en évoquant la belle matinée que nous venons de passer! Mes deux compagnons reprennent ensuite le chemin de la vallée tandis que je reste au refuge pour accueillir Denis et Ludo qui viennent dans les Ecrins pour s’acclimater et préparer le Mont Blanc.
Bertrand et Perrine : merci! j’ai passé une très bonne journée avec vous! Perrine m….. pour ton Mont Blanc!
par admin | 22 Juil 2011 | Alpinisme, Ecrins, Massif, Traversée, Traversée du Pelvoux
Après notre préparation de lundi sur le glacier Blanc, à la faveur d’un bon créneau nous partons avec Benjamin et Julien « pour la fameuse traversée du Pelvoux. Il a reneigé une quinzaine de cm la veille jusqu’à 2500m! Une bonne période de fraichicule comme on les aime. Notre objectif est le couloir Coolidge, encore une voie ouverte par ce bon vieux révérend. Ce n’est cependant pas la voie originale puisque les premiers ascensionnistes (1828), le capitaine Durand et ses acolytes, ont empruntés les rochers rouges inférieurs pour aller établir un campement la haut et faire 3 jours durant des mesures géodésiques. Cette voie est abandonnée aujourd’hui, on lui préfère les rochers rouges supérieurs, plus logiques ou bien sur le couloir Coolidge. Durand ne mentionne pas dans ses écrits l’ascension de la Pointe Puiseux, le sommet du Pelvoux mais seulement celle de la pointe Durand, plus basse de 11m. Il est quand même probable qu’il est trainé ses guêtres jusqu’à ce sommet vraiment tout proche… Il n’en reste que la première ascension certifiée conforme de la Pointe Puiseux est attribué à Victor Puiseux (original) monté là haut sans guide…. Le couloir Coolidge ne sera lui défloré qu’en 1881 par le plus grand écumeur du massif de cet époque, le révérend Coolidge et ses fidèles guides Almer, père et fils. Enfin bref passons sur ces basses considérations historiques…
Aujourd’hui, avec la neige tombée, l’itinéraire du Couloir Coolidge est le plus approprié. Après une nuit un peu courte pour tout le monde, nous décollons du refuge vers 3h45. Nous sommes les premiers. Derrière nous, une dizaine de petites lucioles nous suivent. La marche tranquille du début de l’ascension permet de se rendormir un petit peu. Nous franchissons sans encombres un petit ressaut de dalles sous la bosse de Sialouze. La neige tombée permet une marche agréable dans ce qui d’habitude est un éboulis. Nous sommes vers 5h à la bosse de Sialouze où nous accueille un vent glacial qui descend le long du Couloir Coolidge. A l’abri, nous nous équipons pour les 500m du couloir. D’abord très large et peu raide, le couloir se rétrécit au fur et à mesure qu’il se redresse, jusqu’à 45°. Nous avançons bien, même si le mollets commencent à se faire sentir. Il faut rester concentré car quelques bourrasques de vent viennent parfois nous déséquilibrer. Après une bonne pause à la sortie du couloir, nous prenons pied vers 7h sur le plateau glaciaire du glacier des Violettes. L’ambiance est bien fraiche à cause du vent mais le soleil nous offre quelques calories bienvenues! En tous cas le spectacle est magnifique dans les lumières du petit jour. Encore quelques efforts et à 7h30 nous foulons la pointe Puiseux. Quel bonheur!
Autour de nous, nous voyons que une bonne partie des Ecrins et tout le nord des Alpes est dans la mélasse. Finalement, nous sommes sur un des ilots de beau temps du massif, la classe! Si ce n’était ce glacial vent de NE qui nous refroidit bien vite lorsque nous nous arrétons, nous resterions bien un long moment ici. Mais au bout de 20 min, la goutte au nez commence à geler, nous repartons! Sur le plateau glaciaire, le vent a effacé les traces des passages des jours précédents. Descendre ce plateau au petit jour, dans 15 cm de neige fraiche qui amortit agréablement nos pas avec un soleil juste délicieux est un vrai moment de béatitude que nous partageons tous les trois…
Sur le bas du glacier, nous contournons quelques grosses crevasses. Pour l’instant, cela passe encore sur les ponts de neige mais plus tard en saison, un rappel sur corps mort est fréquemment nécessaire. La vigilance est de mise sur cette section est nous évoluons corde plus tendue que jamais! Nous quittons le domaine des glaces et démarre la partie longue de la descente : les rappels et les désescalades successives qui mènent au névé Pellisier. Il faut encore courrir pour traverser le plateau glaciaire à 3100m sous les séracs. vers 11h nous prenons pied sur le névé Pellissier. En quelques glissades bien sympathique nous le descendons jusqu’au bout… c’est quand même plus agréable que la pierraille de la moraine! Nous découvrons sur le névé une ou deux crevasses de 6-7m de profondeur…
En bas du névé nous pouvons nous déssapper et se mettre dans une tenue confortable pour la suite de la descente. Bonne pause casse croûte. Les difficultés sont derrières nous, on savoure.
Mais au Pelvoux, la descente n’est jamais fini! Il faut encore avaler les 1000m qui nous séparent d’Ailefroide. Mes deux compagnons du jour ont de bonne guiboles de chamois et ne feront qu’une bouchée de cette descente et des fameuses vires d’Ailefroide. Vers 13h nous sommes rendus à la civilisation avec plein de belles images dans la tête. C’est aussi l’heure idéale pour un bon poulet frite au bistrot d’Ailefroide! Nickel.
Félicitations les gars pour cette belle ascension. C’était un régal de partager ça avec vous!
par admin | 19 Juil 2011 | Alpinisme, Ecole glace, Ecrins, Massif
Avec Benjamin et Julien nous partons aujourd’hui préparer l’ascension du pelvoux que nous projetons dans la semaine. Au programme, révision de toutes les techniques de cramponnage et de la sécurité sur glacier.
La journée a bien failli tourner court! Les fortes précipitations de la veille ont gonflé le torrent du Glacier Noir au point que celui est complètement sorti de son lit emportant avec lui la passerelle. Le débit est important, nous cherchons un petit moment avant de trouver un passage safe mais il faut retrousser nos pantalons jusqu’aux cuisses! Mes deux jeunes acceptent gaillardement ce petit bain de jambe matinal. Adèle aide gardienne au Glacier Blanc se joint à nous pour la traversée… rapidemment tout le monde est sur l’autre rive et on attaque la montée jusqu’au glacier. Nous montons bon train et vers 10h30 nous sommes crampons au pied sur le glacier.
Nous réservons la matinée à quelques exercices de cramponnage. Dix pointes, mixte, pointe avant. Les chevilles se tordent pour faire mordre les crampons! Montée, désescalade, traversée… Très vite Benjamin et Julien sont à l’aise. Nous cassons une petite graine avant de partir en exploration sur le glacier.
Sur le glacier, nous voyons les techniques d’encordement et apprenons les bases de la lecture d’un glacier. Car avant de connaitre toutes les techniques de secours imaginables, l’essentiel est de tout faire pour éviter la chute en crevasse et la retenir si elle arrive!
Nous trouvons sur le plateau une petite crevasse sympathique dans laquelle je jette aussitôt Benjamin pour voir si Julien est capable de le sortir. Une fois Benjamin sorti, dans un souci d’égalité, c’est au tour de Julien de visiter la crevasse. La mise en pratique du mouflage (mariner double en l’occurence) est très instructive, on comprend que sur le terrain de nombreux petits détails peuvent entraver la bonne marche de la manip théorique et qu’un peu de matériel en rab ne peut pas nuire!
Nous redescendons à notre point de départ pour une petite pause bien mérité après toutes ces émotions.
Pour cloturer la journée, nous terminons par l’autosauvetage (remontée sur corde). La encore, la pratique permet à chacun de trouver la solution qui lui convient le mieux
Julien encore énervé après tout ça part pour deux runs en piolet traction dans un petit bombé avec deux piolets droits. Motivé l’animal!
Suite au des aventures au Pelvoux si la météo le permet…
par admin | 17 Juin 2011 | Alpinisme, Arête, Course rocheuse, Ecrins
Je retrouve pour une étape mes amis de l’Equipe Régionale FFME du Languedoc Roussillon. Pour leur dernier stage, ils sont engagés dans un beau voyage à travers les Ecrins sur les traces de Boileau de Castelnau, un alpiniste Languedocien qui fut avec Pierre Gaspard, le premier bipède au sommet de la Meije. Ce fut en 1877 un véritable exploit. La « Grande Difficile » était le dernier « problème » des Alpes. Tout le gratin de l’alpinisme rodait autour d’elle multipliant les essais infructueux. Après cet exploit, Castelnau mit fin à sa carrière d’alpiniste à l’âge de 20 ans malgré des débuts plutôt prometteurs. Parmi les autres premières qu’il a réalisé, la Tête des Fétoules.
Les amis de l’ERJA sont censés rallier aujourd’hui le refuge de la Lavey en provenance de l’Olan où ils ont bivouaqué pour enchainer sur l’arête ouest des Fétoules et/ou le Pilier sud. La descente par l’arête N, avec les conditions de neige actuelle leur prendra un peu plus de temps que prévu. Leur arrivée à la Lavey à 22h sous la caméra de France 3 Languedoc sera un moment bien apprécié par eux et ceux qui les attendaient depuis un bout de temps. Le temps d’hydrater tous ces estomacs et de refaire les sacs pour le lendemain (chapeau les gars!), il est minuit passé quand les dernières frontales s’éteignent. La plupart partirons vers la voie normale. La fatigue cumulée des deux jours précédents et les 1700m de dénivelé du lendemain motivent ce choix. Martin indémontable est toujours interressé par l’arête ouest. Pour ma part je suis frais dispo. Nous ferons donc cordée ensemble.
3h30. Hein? Qu’est ce que c’est? J’suis où là? Quand le réveil sonne j’ai du mal à croire que c’est déjà l’heure… Autour pas un mouvement. L’équipe dors paisiblement. J’hésite un moment à les réveiller… C’est vraiment criminel! « Martin c’est l’heure! – Hein? Non, c’est pas vrai. – Si, si ». A sa tête je me demande si nous allons vraiment faire l’arête aujourd’hui! Les autres sont tous aussi difficiles à réveiller.
Le démarrage est bien lent pour tout le monde et nous mettons plus d’1h30 pour décoller. Les joies de l’inertie d’un groupe qui plus est fatigué. Au bout d’une petite heure de marche, nous quittons avec Martin le reste du groupe et le bon sentier de la voie normale pour monter dré vers l’arête.
Cette course sera un vrai plaisir. On le prend cool. Pas question de speeder, qui va piano va sano et lontano. Les premières longueurs, les plus dures donnent le ton : beau caillou, protection aisé, escalade agréable… que du bon. Ensuite on se met en corde tendue et nous évoluerons comme ça jusqu’au sommet. En fait il ne s’agit pas vraiment d’une arête mais plutôt d’une succession de ressauts… Certaines sections bien redressées sont impressionnantes quand on les voit de face et finalement une fois sur place on y trouve un cheminement aisé n’excédant jamais le IV. A plusieurs reprises on savoure le panorama, en se dorant la pilule sur de confortables terrasses en lâchant de profonds baillements. C’est bon la montagne sans se presser.
Finalement en y allant cool on gagne le sommet en un peu plus de 5h. Bravo Martin, t’es vaillant!
A la descente, nous retrouvons une partie de l’équipe en même temps que les premières gouttes de pluie. Le gros de la saucée nous épargnera jusqu’au refuge. Quelques minutes après l’arrivée des derniers, il se met à flotter dru. Bon timing!
Vers 16h tout le monde est réuni au refuge, l’ambiance est à la déconne. Un apéro bien mérité permet de débriefer la situation et d’envisager la suite des opérations. L’équipe n’est pas très motivée pour descendre sous la pluie et ça se comprend. Ils passeront la nuit au refuge. Pour ma part j’ai malheureusement des impératifs. J’attends quelques heures une accalmie autour d’une table bien conviviale… La pluie s’arrête juste le temps de me motiver pour partir… Un quart d’heure après, c’est trempette à nouveau… j’arrive complètement douché à la voiture mais bien heureux.
Encore de beaux moments avec la Vergeat team!
Et merci à Bruno le gardien de la Lavey pour son accueil plus que sympathique…
Bientôt plus de photos, des vidéos et même un reportage TV!! Couverture médiatique incroyable dans ce sauvage vallon de la Lavey!
par admin | 12 Juin 2011 | Alpinisme, Ecole glace, Ecrins
Aujourd’hui nous partons avec Yannick, Emmanuelle, Laure et Pierrick pour une belle journée de découverte dans le bassin du Glacier Blanc. Je retrouve mes compagnons au refuge du Glacier Blanc. Soleil chaleureux, compagnons de bonne humeur : la journée s’annonce bien. Nous gagnons la rive gauche du Glacier Blanc qui sera notre terrain de jeu du jour.
Nous passons une bonne partie de la matinée à faire des petits exercices. On y va crescendo : dix pointes, piolet canne, ramasse, pointes avant, piolet rampe…. Trouver son équilibre sur la glace, sentir que les crampons mordent, prendre appui sur le piolet… Quand les bases sont acquises, on peut aller chercher sa limite dans des passages plus raides.
En fin de matinée, nous sommes fin prêt pour une petite exploration du Glacier Blanc. La première partie est un peu raide avec de gigantesques crevasses et séracs. Nous nous tenons sagement à l’abri de ces lugubres précipices en empruntant une large arête de glace qui nous mène sur le plateau glaciaire. Pour assurer la cordée nous posons régulièrement des broches à glace.
En ce début de saison, la neige cache encore les crevasses. Nous apprenons à lire le terrain au mieux et adapter notre conduite pour réduire au maximum les risques. Les ponts de neige nous obligerons à faire quelques détours : la ligne droite n’est pas le plus sur cheminsur un glacier! Deux petits sauts de crevasses plus tard, nous quittons le glacier par une pente de neige ludique… Nous aurions bien prolongé notre exploration mais un programme chargé nous attend l’après midi!
Retour au point de départ pour un casse croûte pas volé!
On démarre l’après midi par quelques exercices de cramponnage pour se réchauffer… c’est que le soleil se fait plus timide et l’atmosphère un peu plus fraiche. Nous voyons ensuite quelques ancrages possibles en neige et glace : relais sur broche, triangulation, corps mort. Et comme rien ne vaut la pratique, tout le monde se met à l’ouvrage! Finalement le plus marrant ça reste le débouchage des broches! Hein Laure? Les ancrages étant maitrisés, on peut se lancer dans les grandes manoeuvres : le sauvetage en crevasse! Bien sur, vous ne tomberez jamais dans une crevasse puisque je vous ai appris à déjouer tous les pièges du glacier! Mais bon disons que c’est pour la curiosité… Bien entendu on ne le dira jamais assez, la première technique pour secourir une personne qui ne peut sortir par elle même d’une crevasse consiste à appeler des cordées voisines à l’aide. Quelques paires de bras suffiront pour tirer une personne sans monter de système complexe! Mais comme on a pas toujours ça sous la main, nous nous interressons de prêt aux mouflages. Mouflage boucle, simple et efficace mais encore faut-il avoir une réserve de corde assez longue. Mouflage simple : dur de vaincre les frottements si l’on est seul! Mouflage double : la ça va mieux mais ça fait marcher les neurones du sauveteur!
Enfin comme on est jamais mieux servi que par soi même, nous terminons par l’autosauvetage…
Parés pour explorer les glaciers en oubliant pas que le plus efficace des moyens de sortir d’une crevasse c’est encore de ne pas s’y mettre dedans! Observer, choisir un itinéraire sûr, demander conseil aux guides, aux gardiens de refuge, savoir renoncer si les risques sont trop importants, etc…
Merci à tous les quatre pour cette belle journée, votre compagnie était vraiment très agréable et votre bonne humeur contagieuse! Bonnes découvertes! Et vice la reconnaissance cubique!