Après la sublime escalade rocheuse d’hier à la pointe des Cineastes, changement de registre aujourd’hui avec une traversée nettement plus typée haute montagne : la traversée Roche Paillon – Emile Pic. Escalade plus facile sur la papier mais avec nombreuses désescalades, courts passages de mixte et un rocher plus joueur qu’aux Cinéastes.
Le couloir de Roche Paillon n’a pas survécu à la période de beau temps. Nous partons donc sur l’arête S qui borde immédiatement la rive gauche du couloir. Cette itinéraire est peu parcouru. Le rocher demande un peu d’attention mais est très loin d’être catastrophique! Nous évoluons tous les trois assez rapidement. On rejoint l’arête de Roche paillon au débouché du couloir complètement sec. 10 minutes d’escalade facile nous conduisent au sommet. L’ambiance n’est pas au farniente. Le temps est nettement plus mitigé que prévu et quelques sommets ont déjà disparus dans les nuages. Tant qu’il pleut pas ça va!
Alors soit ne trainons pas! On descend sans encombres le bout d’arête qui relie la Roche Paillon à Emile Pic. Après un court passage en neige où il faut remettre les crampons, on embraye sur la traversée d’Emile Pic. L’ambiance climatique a carrément viré de bord : il tombe un mélange de pluie et de neige avec un petit courant d’air glacial. J’ai du mal à vanter à mes deux compagnons la clémence du climat haut-alpin! La traversée Emile Pic n’est pas très longue et nous en finissons en une petite demi-heure avec les dernières difficultés rocheuses du jour. Une nouvelle fois on chausse les crampons pour accéder au col Emile Pic. Sous le col il reste suffisamment de neige pour s’économiser les genoux et rejoindre presque en douceur le Glacier Blanc.
Pour demain nous envisagions de gravir la Barre des Ecrins avec Gab mais les conditions météo ne sont pas idylliques. A quoi bon gravir la Barre pour finir dans un nuage et brasser de la soupe toute la journée? La décision est vite prise, nous filons avec Pierre et Gab vers la vallée. Nous profiterons de ce contre temps pour faire demain une grande voie!
Les conditions étaient pas des plus faciles et quand l’altitude vous met en plus les jambes en coton, la course prend de la dimension! En tous cas bravo à tous les deux pour avoir bravé les éléments sans sourciller!
Commentaire de Pierre reçu par messagerie : « Rester entre ciel (même si la météo n’était pas forcément très clémente, mais bon, je crois que finalement, les ciels bleus laissent de très beaux souvenir mais fugaces, les nuages et conditions pas forcément très bonnes laissent par contre des souvenirs plus persistants, enfin c’est mon point de vue !) et terre une bonne partie de la journée est quelque chose que je ne connaissais pas et jouer (de manière modeste) les funambules sur une arête procure un sentiment de liberté et de légèreté. Découvrir finalement qu’on arrive à passer tout en ayant l’impression de se sentir aussi lourd qu’un éléphant est finalement assez « gratifiant » (ben ouais quoi, grimper en grosses avec le sac, les guibolles flageolantes et le mal de crane n’incite pas au sentiment de légèreté). Bon, pour la ressemblance physique avec le pachyderme, on s’arrêtera là. C’est vrai que tout ça change un peu de la grimpe en tutu (ah oui, c’est vrai, t’as pas connu l’époque des collants fluo et des ballerines !). Bonne continuation surtout pour la fin de saison… et encore merci pour ce super week end. Pierre »