Dôme des Ecrins en 2 jours. Avec Fabien et Pierre, nous gagnons un refuge des Ecrins déserté depuis la fermeture. Loin de la ferveur de l’été où pas loin de 120 personnes s’entassent dans la grosse bicoque, nous sommes une petite dizaine en cette période pré-automnale. Une ambiance bien calme. Nous faisons connaissance devant un petit apéro monté par nos soins.

Dehors, le Dôme joue les timides et se cache dans les nuages. En début de soirée, il se dégage enfin… Depuis les chutes de la semaine dernière, la trace est refaite mais passe, une fois n’est pas coutume en plein sous les séracs! La météo annonce quelques précipitations possibles cette nuit mais lorsque nous nous couchons vers 9h30, le ciel est magnifiquement étoilé!

Vers 1h30, je me lève pour aller me soulager dehors : il neige fort! Déjà 10cm de fraiche se sont posés autour du refuge. Oups!

Réveil 4h : ça s’arrange pas, il tombe une légère bruine! « OK les gars, rendormez-vous, on décale! »

5h : il ne bruine plus, la visi a un peu augmentée. Debout! On espère être dans le créneau des éclaircies annoncées par Météo france

Sur le faux plat du Glacier Blanc, l’ancienne trace est déjà bien recouverte et le plafond nuageux joue avec nous et nous englobe à plusieurs reprises… La visibilité devient quasi nulle, il faut sortir le radar!!

Nous arrivons finalement au niveau de la coulée des séracs. Je retrouve l’ancienne trace mais préfère ne pas la suivre et pour cause! Elle passe en plein dans l’axe des séracs! Nous contournons plus sagement la coulée par sa rive droite, ce qui permet de s’exposer  nettement moins… Au pied de la face, les cumuls de neige sont plus importants… En l’absence de traces, on s’enfonce parfois jusqu’au dessus du genoux… La couche de cette nuit atteint 20cm mais on brasse aussi dans l’ancienne partiellement transformée… On rejoint plus haut la trace qui coupe sous les séracs… On brasse un peu moins mais la trace est raide et pas toujours évidente à suivre surtout quand la visibilité se réduit à 2 mètres.

Plusieurs choses m’inquiètent : vers 3500m nous arrivons dans une zone assez crevassée et rien n’est visible… La neige récente masque les crevasses mais ne les bouche pas : terrain miné donc! Deuxième chose : les sections où l’on brasse jusqu’au genoux voir à mi-cuisses deviennent de plus en plus fréquentes… la neige tombée la semaine dernière est tombée avec de très forts vents et a très peu transformé. La couche de cette nuit tombée sans vent est venue la surcharger… Vue les accumulations, dans les pentes les plus raides de notre itinéraire, le risque d’avalanche est très loin d’être négligeable!! Troisième chose : du fait des conditions, nous sommes lents. Si ça continue il nous faudra encore 3h pour faire les 500 derniers mètres et il est déjà 9h… et mes compagnons ont déjà laché pas mal d’énergie dans les premiers 500m… Dernière petite chose, accessoire : vue la visibilité, il y a t’-il un quelconque intérêt à monter là haut?

Au vue de cet ensemble d’observations, je prends la décision de faire demi-tour à 3500m. C’est toujours décevant d’arriver là, de sentir le sommet à portée de main et de poumons. Mais comme dirait l’autre : « Si tu ne renonces jamais à rien, tu ne vieilliras pas, c’est certain!« 

En redescendant sur le Glacier Blanc, on se retourne souvent pour regarder le Dôme qui reste caché dans son nuage… vers 12h une belle éclaircie puis la mélasse revient..

Nous mettons à profit l’énergie économisée à ne pas monter le Dôme en nous lançant dans une descente effrénée vers le Pré de Madame Carle… Là, même si le sommet n’a pas été atteint, nous ne manquons pas de prétextes pour s’envoyer tartes aux myrtilles et demi au refuge de Cézanne! Puis je laisse Pierre et Fabien à leur long retour vers Paris.

Pin It on Pinterest

Share This