Flammes de Pierre – La Reprise

Flammes de Pierre – La Reprise

Suite et fin du we granit à Chamonix. Avec un seul des deux compères de la veille nous partons au premier train pour une petite ascension dans les Flammes de Pierre au pied des Drus. C’est toujours un moment d’émotion pour nous autres gars des montagnes pas trop aménagées que de partir en montagne dans une crémaillère bondée d’alpinistes et de touristes! Enfin sortis du train, nous nous retrouvons rapidemment seuls à monter par les balcons de la mer de Glace en direction du refuge de la Charpoua. Le chemin est identique jusqu’à la moraine du glacier de la Charpoua. Pour aller vers les flammes de pierre, il suffit de suivre le fil de la moraine jusqu’à la paroi. Le chemin est bien tracé.

A notre grand étonnement, des grappes de grimpeurs se battent déjà dans plusieurs des itinéraires de la face que nous convoitons. Au moins 8 cordées en tout! En fin stratèges, nous choisissons une des seules voies pas fréquentée ce jour : la Reprise. Et ça tombe bien puisque c’était un de nos deux projets.

L’attaque de la voie se fait dans une cheminée humide puis légèrement à gauche. Cette première longueur est franchement pas inoubliable. Le mieux c’est de la shunter par les vires herbeuses… Après ça devient carrément joli. La deuxième longueur emprunte une très belle fissure puis part à droite (un spit, 6b) pour se rétablir sur une vire. Relais tout confort. La troisième longueur démarre par une fissure large pas difficile pour se rétablir sur une vire. De la vire il faut emprunter la fissure la plus à gauche, à protéger, et qui finit par se boucher rendant un rétablissement délicat. C’est là le pas dur (6c). La fin de la longueur est balisée par des spits. Relais sur une vire au top du confort! Suite à droite dans un dièdre de plus en plus marqué, classos (6b+). Relais tout confort une fois de plus. La longueur suivante est vraiment magnifique aussi. Les trois spits ne sont pas visibles du relais. Il faut passer dans une partie qui parait très lisse vu d’en bas mais qui est bien pourvue en prises (voir photos)(6c). Il faut faire gaffe de ne pas partir trop à droite vers des spits bien visibles mais qui appartiennent à une autre voie (et c’est plus dur en plus, 7a+). La longueur suivante est une longueur de transition avec un court passage en fissure (6a+). Au dessus ça devient carrément démoniaque avec 40m d’anthologie dans une fissure magazinesque (7a). Relais toujours au top. Un départ coquin (6c) et puis c’est la fin des difficultés avec encore un peu de 5 jusqu’au sommet.

Pour la descente, il n’y a qu’à faire le chemin en sens inverse puisque tous les relais sont équipés. La descente nous prendra une demi heure. Avec deux brins de 60m on a pu sauter deux rappels.

Bref une voie bien jolie jolie avec des passages dignes des plus belles envolées du massif! Les relais sont tous très confortables et équipés pour descendre en rappel. Les passages non protégeables sont équipés en spits de 8mm. Pour se protéger le reste du temps, nous avons utilisé un jeu de camalot du 0.3 au 3 en doublant le 0.4, 0.5, 0.75 et 1 plus deux C3 (petits camalots).

Et comme hier sans speeder nous avons regagné la vallée en usant bravement des moyens mécaniques mis généreusement à la disposition de l’alpiniste Chamoniard.

Aiguille du Peigne – Contamine Vaucher

Aiguille du Peigne – Contamine Vaucher

Nous profitons du généreux anticyclone pour aller goûter le temps d’un we aux joies de la varappe en granite. Notre objectif initial avec les deux Julien était de faire Postcriptome, une voie moderne sur le gendarme du Peigne juste à droite de la classique Contamine Vaucher. Nous sommes deux cordées à l’attaque avec le même objectif. On trouve un peu idiot que les 5 grimpeurs présents au Peigne ce jour s’entassent dans la même voie. Du coup changement complet de programme, on opte pour la Contamine Vaucher en grosses. Aucun de nous ne connait cette classique des 100 plus belles de Rébuffat, elle fera bien notre bonheur! On a pas le topo mais on tâchera de suivre l’itinéraire au mieux, au flair!

Et ben ce fut loupé (pour le flair, pas pour le bonheur). Dans le socle pas de souci, les lignes de faiblesse sont multiples et évidentes. On avale en courant les 5 premières longueurs. Dans le haut, on attaque une exploration en règle de la face! Plusieurs passages évidents du bas se révèle assez difficile et surtout complètement humides. Est on dans la voie? Juste à côté? Tiens un piton ça doit être ça… Au fait la moindre fissurette de ce gendarme a connu la visite d’un grimpeur égaré ou ouvrant un nouvel itinéraire ce qui fait qu’il y a du matos de partout! et de tout âge! Juste après avoir buté dans un dièdre trop humide, on fera même deux longueurs dans Peigne perdu (6c et 7a+), une voie moderne à gauche de la Vaucher. Un peu vexé de ne pas terminer ce que nous avons commencé (la Contamine Vaucher) on décide de redescendre en rappels pour tenter de retrouver la voie originale. Trois rappels plus tard et grâce aux indications de la cordée dans Postcriptôme, nous retrouvons le bon itinéraire! Le reste ne sera qu’une formalité, mais une bien agréable formalité : 4 grandes longueurs de quasi 50m sur un rocher bien classe et avec des relais 5 étoiles!

Bilan de la journée : 550m de varappe au lieu des 400m initiaux et de bien sympathiques moments passés avec les deux compères! Malgré nos fourvoiements du jour on arrive sans stresser à prendre la dernière benne et ça à Chamonix c’est une partie du plaisir!

Pilier Gervasutti – Mont Blanc du Tacul

Pilier Gervasutti – Mont Blanc du Tacul

Pilier Gervasittutiquanti au Mont-Cul-du-Tas-Blanc

Après les exploits de la veille au Grand Capucin, la soupe aux pruneaux et tutti quanti, Sylvain arrive en courant et m’amène le petit déj’au lit, c’est un luxe rare au Col du Géant!
M’enfin on traine pas trop, l’objectif c’est le pilier Gervasutti au Mont-Blanc du Tacul et retour Cham dans la foulée. On se comptera fleurette une autre fois…

Le tracé de l'itinéraire du pilier Gervasutti

Le tracé global

Même si un jour de repos n’aurait pas été volé après les précédentes journées à l’Envers des Aiguilles et la veille au Grand Capucin, je n’ai pas pu résister quand Sylvain m’a proposé le Gervasutti. L’occasion fait le larron comme on dit!
On a tout fait en chaussons (même la rampe mixte!) sauf la fin du coup l’horaire s’en est ressenti : 6h pour de la rimaye au sommet. La réputation de la course n’est pas usurpée, c’est vraiment classe.
Une journée de rêve qui finira très bien puisque nous attraperons sans souci une benne pour Chamonix où je retrouve avec plaisir comme toujours toutes les commodités de ce bas monde…

Topo perso – Pilier Gervasutti

Envers des Aiguilles avec la Vergeat

Envers des Aiguilles avec la Vergeat

Petite session varappesque avec la Vergeat team ainsi baptisée par la gardienne de l’Envers des Aiguilles…
Objectif tater du beau granit en montagne en piégeant du camalot partout où ça peut!
On démarre par deux belles journées à l’Envers des Aiguilles dans le massif du Mont-Blanc.
Avec Arno nous allons faire un tour dans Vaisseau Fantôme. C’est dingue comme quelques mois après je n’ai aucun souvenir de cette voie. Rien! Foutue mémoire… (ni aucune photo d’ailleurs)
Au retour par contre on s’est arrêté au pied de la pointe des Nantillons pour s’exciter dans une fissure en 6c d’une divine pureté (la fissure de « Une gueule du Diable »). On retrouve là nos compagnons de la Vergeat qui redescende en grande forme de la Guy Anne. Du coup une petite séance de couenne collective s’organise pulvérisant par la même le record de densité de sudistes dans le massif. On a laissé un peu de grain sur le rocher pour les suivants

Le lendemain avec la galinette, on part grimper California Dream, pure petite beauté!
Suite des aventures au Grand Capucin.

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Partir en face nord des Grandes Jorasses n’est jamais anodin. D’autant plus lorsque c’est la première fois! Même en ayant déjà réalisé de longs itinéraires en face nord comme par exemple la Ginat aux Droites, l’aura de cette face, monument historique de l’épopée alpine fait que l’on se sent tout petit au pied de cette muraille!

Seb Ibanez, mon joyeux camarade, a déjà visité auparavant les Jorasses par la voie des Slovènes. Pour ma part j’ai fait l’an dernier la traversée Rochefort – Jorasses ce qui fait que je connais la descente sur le versant Italien(c’est un bon point!).

Pour ma première visite dans ce secteur, je n’ai pas trop envie de bivouaquer dans la face. Nous optons donc avec Seb pour un itinéraire « à la journée » (quand tout se passe pas trop mal) : la Colton-MacIntyre à la pointe Walker. L’itinéraire se déroule à droite de l’éperon Walker ouvert par Cassin (un véritable hold-up d’ailleurs : alors que tout le gratin de l’alpinisme tournait autour de cet éperon, les italiens sans connaitre la face réalise la première au nez et à la barbe de tous! mais bon je m’égare).  La Colton-Mac Intyre sort directement à la pointe Walker, sommet des Grandes Jorasses à 4208m.

Au programme des réjouissances, en vrac : deux rimayes, 1200m de face, 250m de goulottes, 550m de pentes de neige-glace, 400m de mixte difficile, une descente sur un glacier chaotique, …

Tracé de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Tracé de la Colton Mac Intyre

Le topo de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Voilà pour les présentations.

Comme nous ne sommes pas acclimatés, nous optons pour un bivouac au pied de la face plutôt qu’au refuge de Leschaux. Ca nous permet d’économiser quelques heures de marche et de sommeil pour la longue journée du lendemain.

Le bivouac est posé au pied de la face à une centaine de mètres de la première rimaye. Une tente est déjà là. Seb tente de faire ami-ami avec la cordée Americano – Ecossaise qui bivouaque juste à côté de nous mais n’obtiens en réponse que des grognements à travers la porte de la tente. Le mythe de la convivialité en montagne en prend un coup. Au delà du côté sympathique, prendre contact avec eux nous aurait permis d’organiser un peu la journée : départ commun et partage du brassage jusqu’à la deuxième rimaye. Alors que tout aurait pu se passer dans la fluidité et l’harmonie, la joie et l’allégresse, cette maudite cordée va nous faire une belle démonstration de « savoir pas vivre » en montagne!

Levé à 5h du mat’. Visiblement nos deux anglophones, que nous appelerons Bob&Bob pour les besoins de la communication, n’ont pas encore décolé. Nous nous préparons et y allons. Jusqu’à la deuxième rimaye, on enfonce pas mal, jusqu’à mi cuisse par moments si bien qu’il nous faut une bonne heure pour parcourir les 100m de déniv’. Entre temps Bob&Bob se sont mis en branle et profitant de nos traces, nous rattrapent petit à petit. Seb est devant pour passer la deuxième rimaye et bien entendu nous sommes encordés. Lorsqu’il se trouve dessus, la rimaye s’affaisse avec une vibration sourde. Dans la foulée, un bloc de neige compact de 1m cube s’abandonne aux joies de la gravité dans la direction de Bob&Bob. Je préviens Bob&Bob qui sont 50m plus bas de l’arrivée de cette boule pas complètement innoffensive… Ils l’évitent sans l’ombre d’un souci mais l’arrivée de cet élément neigeux sur leur trajectoire est fraichement accueilli à en juger par les quelques anglaises onomatopées à la tonalité peu amicale qui nous parviennent à travers l’air du matin.

Seb poursuit l’ascension de cette rimaye délicate et prend pied dans la pente de glace. De là il effectue un relais duquel il m’assure solidement. En passant sur la rimaye, je constate effectivement que celle-ci n’est pas très en forme et suis bien content d’être assuré!

Je rejoins Seb au relais qui repars de suite dans la pente de neige-glace. Pendant ce temps là, Bob&Bob sont arrivés au pied de la rimaye aidés par nos traces. Je constate avec étonnement qu’ils franchissent la rimaye sans corde. Drôle de choix. Le premier Bob arrive à mon niveau. Je lui lance un bonjour amical auquel je n’obtiens aucune réponse. L’animal me passe à côté et piétine littéralement la corde. Je lui dit de faire gaffe à la corde et il me répond que le danger pour eux aujourd’hui c’est nous… ça commence bien. L’autre me passe à côté, à peine plus amicalement. Lorsque la corde se tend je pars avec donc Bob&Bob au dessus de mon nez en solo dans la pente. Comme l’idée d’une chirurgie esthétique à base de pointe de crampons ne m’enthousiasme pas trop, je me décale de leur axe. Au milieu de la pente, Bob2 zippe des crampons et se retrouve pendu à ses piolets dans la pente. Du grand Nimp.

Finalement nous arrivons quasiment ensembles au niveau de la première goulotte. Pour nous gratter Bob&Bob ne s’encorde nt que sur un brin. Tant pis on leur cède la place, on est pas là pour entrer dans ce genre de délire. Juste avant de rejoindre Seb au relais, Bob1, un peu au dessus, m’envoie un beau glaçon dans la face, l’enflure! J’explose et Bob2, à mon niveau en prend pour son grade, en français dans le texte : « Fais pas l’innocent je sais que tu comprends » pour ne garder la partie que la plus diplomatique!. C’est dingue d’en arriver là!

Maintenant qu’ils sont devant, Bob&Bob nous obligent à attendre… On essaye de pas trop y penser et de prendre du plaisir dans l’ascension. La première goulotte est très belle en bonne glace. Encore des pentes au dessus puis la deuxième goulotte avec un petit pas de mixte à l’entrée. L’ambiance commence à se faire sentir et les mollets fument. Encore une centaine de mètre de glace nous mènent au pied du mixte sommital (mais il reste quand même 400m!).

Une fois de plus, on se retrouve coincés derrière Bob&Bob. Relativement efficace dans tous le bas de l’itinéraire, ils s’avèrent désespéremment lents dans la première longeur de mixte. Bilan on poireaute quasiment une heure au relais. Misère. Dès qu’il le peut en sécurité, Seb se lance dans la section mixte et tente une variante qui nous permettrait de doubler Bob&Bob. L’idée était bonne mais le résultat moyen puisqu’il l’entrainera dans une impasse avec redescente en rappel à la clé, encore une petite heure de perdue mais bon au moins maintenant on a Bob&Bob à distance et on va pouvoir se concentrer sur l’ascension.

La longueur suivante nous permet de rejoindre l’éperon Walker. Pour autant les difficultés ne sont pas terminées. Le rocher est plâtré par une dizaine de cm de neige et l’ascension jusqu’au sommet demande encore toute notre attention, d’autant qu’à 4000m, nos carcasses mal acclimatées commencent à couiner.

Moment de grâce sur l’éperon, le soleil vient nous lêcher le visage, que c’est bon!

Nous sortons à la pointe Walker vers 18h30 en même temps que Bob&Bob malgré les deux grosses heures qu’ils nous ont fait perdre. Froide tentative de réconciliation au sommet.

Nous ne sommes pas au bout de notre surprise quand nous voyons Bob&Bob entamer la descente …. en rappel! Dans la face! Nous hallucinons : se lancer dans une trentaine de rappels, à la tombée de la nuit, en pleine face Nord… faudra nous expliquer l’intérêt.

Pour notre part, il est 19h, nous attaquons la descente côté sud espérant atteindre les rochers du reposoir avant la nuit. Connaissant la voie normale, ça ne traine pas et nous franchissons à la tombée de la nuit les crevasses juste avant le Reposoir. Un tel nom incite à la pause d’autant que la déshydratation commence à bien se faire sentir. Petite soupe sous un ciel étoilé. Diner romantique. Texto à ma douce et aux potes pour rassurer.

Après cette petite halte régénératrice, nous descendons l’arête puis louvoyons sur le glacier en se dirigeant à l’alti et à la carte. ça brasse pas mal. On atteint Boccalate aux alentours de 0h30 pensant n’avoir plus qu’à s’échouer dans une paillasse après s’être envoyé un plat de pate qui aurait été généreusement laissé là.

Première déception : la porte ne s’ouvre pas, elle est complètement prise dans la glace. Personne n’est passé depuis un bail. Nous sommes quitte pour une heure de burinage sur la glace pour finalement décoincer la porte!

Deuxième décéption : pas le début d’une miette de quoi que ce soit de comestible dans ce refuge. On s’envoie nos derniers biscuits et zou, au lit.

La descente le lendemain nous demandera encore quelques efforts dans une neige lourde et inconsistante jusque dans la vallée.

…. épilogue : le lendemain de la descente, je remonte avec mon pote François pour récupérer le bivouac et les raquettes au pied des Jorasses. Merci François!

Bob&Bob ont plié leur camp c’est donc que tout a du bien se passer pour eux, tant mieux.

Malgré les indélicatesses de Bob&Bob, cette première expérience dans les Jojo (comme on dit à Cham’) était vraiment excellent est a permis de sceller avec Seb notre cordée qui fonctionne plutôt bien!

Pas de photos ce jours là. Par contre pour se faire une idée de l’ambiance voir les vidéos de la Colton Mac Intyre sur tv moutain qui ne sont pas de nous je précise!

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