Goulotte Chancel Molinatti – Pic de Bonvoisin

Goulotte Chancel Molinatti – Pic de Bonvoisin

Après quelques temps « loin » des montagnes, il est temps d’aller faire un petit tour là haut pour se remettre en forme. Seb est motivé comme toujours. Les idées de projets ne manquent pas mais qu’est ce qui peut être le plus judicieux en ce moment?
On tombe d’accord pour aller faire un petit tour dans le vallon des Bans où en mars 2010 on avait pris un but implacable dans Ca renfougne, une goulotte du versant Sud des Bans qui ce jour là ne renfougnait pas du tout (neige inconsistante). Nous étions montés là haut au prix d’une abominable marche d’approche dans le vallon d’Entre les Aygues, fermé au Villard, donc très loin!

Scénario beaucoup plus tranquille cette fois ci puisque la route est ouverte jusqu’au parking d’été. Nous avons en projet de gravir la Chancel Molinatti au Pic de Bonvoisin, une goulotte naguère classique, apparemment moins fréquentée aujourd’hui (ça reste à vérifier). Cette goulotte présente comme Ca renfougne aux Bans la particularité de n’être visible qu’au tout dernier moment, une fois au pied. Le premier jour quand nous arrivons au refuge, nous n’en savons donc pas beaucoup plus sur nos chances de réussite! Le suspens est entier…

Après une après midi et une nuit royale au refuge des Bans, rien que pour nous, nous partons au petit jour pour les 1000m d’approche qui nous séparent de la Chancel Molinatti. La neige porte bien, tant mieux d’ailleurs puisqu’on est à pied.

Jusqu’au dernier moment, la Chancel Molinatti se dérobe à nos yeux.

8h : nous atteignons le pied de la goulotte. Le constat au premier coup d’oeil n’est pas des plus optimistes. La deuxième longueur parait en neige inconsistante. Nous montons voir quand même pour examiner ça de plus près.

La première longueur est vite avalée par Seb, alternant glace facile et pentes de neige.
Nous voilà au pied du mur qui effectivement n’a pas l’air très consistant. Finalement ça passe après moult nettoyage pour trouver des protections correctes (sur camalots). Mais un pas reste bien obligatoire à la sortie du crux, ambiance ramping vertical! Je fais relais après ce passage. Seb fera le sanglier encore sur 5-6m au dessus avant d’atteindre un couloir en neige.

Longueur 3 : très belle petite longueur en glace et mixte facile. Nous sommes partis sur la droite. En excellente conditions ça doit passer à gauche aussi.

Longueur 4 : pentes de neige avec un court mur mixte

Longueur 5 : une belle longueur de glace, difficile dans le conditions où on l’a trouvé. 5+, fragile.

Cette dernière longueur marque a fin des difficultés. De là il est possible de redescendre la voie en rappel, les relais sont en place (pitons). Mieux vaut prévoir de changer les ficelous!

Pour nous aujourd’hui, l’issue est vers le haut. Aucun de nous n’a encore gravi le Pic de Bonvoisin et nous sommes motivés. De la fin des difficultés, nous avons bifurqué dans un couloir à gauche au lieu de continuer droit vers la brêche. Cela nous a permis de rejoindre la face NE (voie Constant). Par une pente de neige et et une 20aine de mètres de mixte facile nous débouchons sur l’arête sommitale du Bonvoisin. Le point culminant n’est pas très marqué, un point légèrement plus élevé sur cette arête plate (mais très esthétique avec la neige). Nous savourons…

Pour la descente, nous optons pour l’option versant SE qui nous parait la plus directe et la plus sure aujourd’hui. Du sommet nous empruntons sur 10m l’arête à main droite (SE) qui donne sur un couloir. C’est ce couloir que nous avons descendu d’abord en désescalade (45° et court passage à 60° en glace) puis à la fin en deux rappels (60m sur becquet et 15m sur piton) pour prendre pied sur un large névé. A l’extrémité S du névé, en remontant un peu, un rappel de 40m nous dépose dans un couloir qui permet de faire la jonction avec le glacier des Bruyères.

De là, on descend rapidemment jusqu’au refuge, sur les fesses en mode luge. On arrive au refuge à 19h, comblés par cette belle petite journée… Il nous reste de quoi faire un bon gueuleton ce soir et du gaz. Le refuge est toujours aussi désert : redormons là!

Goulotte grassi, tête Sainte Marguerite

Goulotte grassi, tête Sainte Marguerite

Escapade 100% Lozérienne à la tête Ste-Marguerite avec le Matiou et l’père Antoine avec pour objectif la goulotte Grassi.

Première goulotte pour les deux frangins qui s’en sortirons plus que bien même dans le ressaut Hillary (un bon petit ressaut mixte dans le haut de la goulotte). J’étais pas très inquiet, un Lozérien ça bartasse et ça passe!

Soucieux de rentrer tôt, nous avons opté pour un départ très matinal à 10h du Casset!

Tout s’est super bien goupillé pour les deux gugusses qui randonnent tout le long comme s’ils avaient fait de la goulotte toute leur vie.

Mathieu était là pour s’entraîner avant son départ pour le Népal ou il partait ouvrir le plus grand canyon du monde avec l’Himalayan Canyon team. Apparemment l’expé est une réussite. Chapeau les gars! Faut aimer ça l’eau à 6°C!

En guise de conclusion, ce petit mot de Mathieu : « mais la goulotte c’est juste un canyon que tu remontes et qu’est plein de neige, au fait, hein? »

Ailefroide Orientale – Marchal Ombre

Ailefroide Orientale – Marchal Ombre

Depuis notre dernière virée avec Seb à la Meije il y a un mois (voir Mitchka – le retour), on s’est bien tourné les pouces tous les deux. L’envie d’une belle virée en montagne nous titille. Seb me propose d’aller faire un tour sur le Glacier Noir plus précisément dans la goulotte Marchal Ombre en face Nord de l’Ailefroide Orientale. La voie s’appelle aussi la Hardy-Parks du nom des ouvreurs. Les premiers répétiteurs, Jean Burgun, Jérome Para et Christophe Moulin pensaient réaliser une première en novembre 2005 en parcourant cette ligne. Le nom de la voie est un hommage à Marchal Musemeci, mort en 2003 dans une chute de sérac vers les Grands Mulets.

Nous ne sommes pas super entrainés, loin s’en faut. Mais on le sait depuis nos précédentes expériences : notre cordée fonctionne, c’est l’essentiel. Ajoutez à cela une bonne dose de curiosité et nous voilà partis, à 3h du mat du Pré de Madame Carle.

Nous remontons la longue moraine du bas du glacier noir en bavardant comme des concierges. Passée la corde fixe du verrou, on accède au deuxième étage du glacier noir, au pied de toutes ces mythiques face Nord. Le lieu en impose, chacun s’enfonce dans sa matinale méditation. C’est à peu prêt là que je me rend compte que j’ai oublié l’appareil photo après avoir dit plusieurs fois à Seb que je le prenais. Dommage.

Passé le pied du Coup de Sabre, nous nous encordons.

La rimaye  à 3200m est atteinte vers 8h après avoir contourné quelques abyssales crevasses. 200m de pentes de neige entrecoupés de quelques courts passages mixtes concluent cette longue marche d’approche. La section difficile ne fait « que » 300m mais quand on voit l’horaire annoncé par Moulin pour la voie (12h), on est forcément méfiant.

J’ouvre le bal. Après une dizaine de mètres faciles en glace à 70°, une traversée en arc de cercle vers la droite nous permet de rejoindre la goulotte à proprement parler. La traversée présente un pas techniquement bien difficile, en dalle (avec les crampons miam, miam!) bien protégeable avec un camalot rouge. Une fois la goulotte rejoint, je fais relais sur deux becquets pour faire monter Seb.

Seb enchaine. Le pas juste au dessus du relais n’est pas commode du tout et demandera à mon acolyte un peu d’acharnement! Il s’engouffre ensuite dans la branche de droite de la goulotte. C’est diablement raide tout ça et ça engage pas mal. Chaque geste est calculé d’autant qu’une courte section présente du rocher moyen. Ambiance sanglier dans un magasin de porcelaine. A la sortie, Seb trouve un bon emplacement de relais sur deux becquets.

Je repars dans une section mixte soutenue et de plus en plus difficile. Je passe du temps à trouver des protections correctes. Tel le bouquetin grattant la neige pour trouver de quoi survivre, je déblaie de grands volumes de neige à la recherche de la fissure qui voudra bien acceuillir un piton ou un coinceur. Travail assez fastidieux mais finalement payant puisque je trouverai au bout d’une demi heure une protection satisfaisante pour me lancer dans le petit pas déversant qui cloture ma longueur.

Au dessus, une très belle petite longueur avec du mixte plus facile. Très classe. A la sortie, Seb fait un relais sur broches, enfin de la glace!

De là je m’engage à gauche dans un passage qui sera bien moins débonnaire que prévu avec un passage demandant de la détermination. Au dessus c’est moins dur mais soutenu. C’est dans cette longueur que je comprendrai que le pied-main, ce geste qui nous ravit si souvent en escalade est à proscrire lorsque l’on porte des crampons. Bilan : ongle sectionné et beaucoup de sang de perdu! Je fais relais sur un piton plus un becquet. Lorsque Seb me rejoint, on fait une petite pâuse infirmerie. Entre le mal de bide de Seb et mes exploits de charcuterie, la trousse de premiers soins n’aura pas été un poids inutile aujourd’hui!

La longueur du dessus fait un grand crochet à droite avant de revenir dans la goulotte.

Encore une très belle longueur de glace puis du mixte facile et nous voilà dans les pentes sommitales alternant glace et neige posée sur le rocher. On arrive à conserver toujours une protection pour la cordée. Sortie à la brêche vers 18h, c’est pas pire. A priori, ce soir c’est dodo au Sélé, pas dehors, tant mieux!

On passe au sommet de l’Ailefroide Orientale et sans s’arrêter, on plonge dans la descente sur le refuge du Sélé. C’est quand même l’inconvénient de ces voies dures : on se pose jamais! Toute cette énergie pour gagner un sommet que l’on s’empresse de fuir (voir pour exemple la Ginat aux Droites, la Colton Mac-Intyre aux Grandes Jorasses, la Couzy-Desmaison à l’Olan, et j’en passe)!

Enfin bon c’est pour la bonne cause. Comme ça on descend les vires de la voie normale d’Ailefroide avec le maximum de lumière.

On connait tous les deux cette descente donc aucun souci. Nous sommes rapidemment rendus au refuge du Sélé où l’on se bricole un repas avec ce que l’on peut pendant que Seb me raconte l’histoire de Pschit qui après l’ouverture de la goulotte éponyme juste à côté de Marshal ombre a rampé jusqu’au Sélé avec une jambe cassée. Il se serait fait une soupe avec les miettes trouvés dans le refuge!

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Partir en face nord des Grandes Jorasses n’est jamais anodin. D’autant plus lorsque c’est la première fois! Même en ayant déjà réalisé de longs itinéraires en face nord comme par exemple la Ginat aux Droites, l’aura de cette face, monument historique de l’épopée alpine fait que l’on se sent tout petit au pied de cette muraille!

Seb Ibanez, mon joyeux camarade, a déjà visité auparavant les Jorasses par la voie des Slovènes. Pour ma part j’ai fait l’an dernier la traversée Rochefort – Jorasses ce qui fait que je connais la descente sur le versant Italien(c’est un bon point!).

Pour ma première visite dans ce secteur, je n’ai pas trop envie de bivouaquer dans la face. Nous optons donc avec Seb pour un itinéraire « à la journée » (quand tout se passe pas trop mal) : la Colton-MacIntyre à la pointe Walker. L’itinéraire se déroule à droite de l’éperon Walker ouvert par Cassin (un véritable hold-up d’ailleurs : alors que tout le gratin de l’alpinisme tournait autour de cet éperon, les italiens sans connaitre la face réalise la première au nez et à la barbe de tous! mais bon je m’égare).  La Colton-Mac Intyre sort directement à la pointe Walker, sommet des Grandes Jorasses à 4208m.

Au programme des réjouissances, en vrac : deux rimayes, 1200m de face, 250m de goulottes, 550m de pentes de neige-glace, 400m de mixte difficile, une descente sur un glacier chaotique, …

Tracé de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Tracé de la Colton Mac Intyre

Le topo de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Voilà pour les présentations.

Comme nous ne sommes pas acclimatés, nous optons pour un bivouac au pied de la face plutôt qu’au refuge de Leschaux. Ca nous permet d’économiser quelques heures de marche et de sommeil pour la longue journée du lendemain.

Le bivouac est posé au pied de la face à une centaine de mètres de la première rimaye. Une tente est déjà là. Seb tente de faire ami-ami avec la cordée Americano – Ecossaise qui bivouaque juste à côté de nous mais n’obtiens en réponse que des grognements à travers la porte de la tente. Le mythe de la convivialité en montagne en prend un coup. Au delà du côté sympathique, prendre contact avec eux nous aurait permis d’organiser un peu la journée : départ commun et partage du brassage jusqu’à la deuxième rimaye. Alors que tout aurait pu se passer dans la fluidité et l’harmonie, la joie et l’allégresse, cette maudite cordée va nous faire une belle démonstration de « savoir pas vivre » en montagne!

Levé à 5h du mat’. Visiblement nos deux anglophones, que nous appelerons Bob&Bob pour les besoins de la communication, n’ont pas encore décolé. Nous nous préparons et y allons. Jusqu’à la deuxième rimaye, on enfonce pas mal, jusqu’à mi cuisse par moments si bien qu’il nous faut une bonne heure pour parcourir les 100m de déniv’. Entre temps Bob&Bob se sont mis en branle et profitant de nos traces, nous rattrapent petit à petit. Seb est devant pour passer la deuxième rimaye et bien entendu nous sommes encordés. Lorsqu’il se trouve dessus, la rimaye s’affaisse avec une vibration sourde. Dans la foulée, un bloc de neige compact de 1m cube s’abandonne aux joies de la gravité dans la direction de Bob&Bob. Je préviens Bob&Bob qui sont 50m plus bas de l’arrivée de cette boule pas complètement innoffensive… Ils l’évitent sans l’ombre d’un souci mais l’arrivée de cet élément neigeux sur leur trajectoire est fraichement accueilli à en juger par les quelques anglaises onomatopées à la tonalité peu amicale qui nous parviennent à travers l’air du matin.

Seb poursuit l’ascension de cette rimaye délicate et prend pied dans la pente de glace. De là il effectue un relais duquel il m’assure solidement. En passant sur la rimaye, je constate effectivement que celle-ci n’est pas très en forme et suis bien content d’être assuré!

Je rejoins Seb au relais qui repars de suite dans la pente de neige-glace. Pendant ce temps là, Bob&Bob sont arrivés au pied de la rimaye aidés par nos traces. Je constate avec étonnement qu’ils franchissent la rimaye sans corde. Drôle de choix. Le premier Bob arrive à mon niveau. Je lui lance un bonjour amical auquel je n’obtiens aucune réponse. L’animal me passe à côté et piétine littéralement la corde. Je lui dit de faire gaffe à la corde et il me répond que le danger pour eux aujourd’hui c’est nous… ça commence bien. L’autre me passe à côté, à peine plus amicalement. Lorsque la corde se tend je pars avec donc Bob&Bob au dessus de mon nez en solo dans la pente. Comme l’idée d’une chirurgie esthétique à base de pointe de crampons ne m’enthousiasme pas trop, je me décale de leur axe. Au milieu de la pente, Bob2 zippe des crampons et se retrouve pendu à ses piolets dans la pente. Du grand Nimp.

Finalement nous arrivons quasiment ensembles au niveau de la première goulotte. Pour nous gratter Bob&Bob ne s’encorde nt que sur un brin. Tant pis on leur cède la place, on est pas là pour entrer dans ce genre de délire. Juste avant de rejoindre Seb au relais, Bob1, un peu au dessus, m’envoie un beau glaçon dans la face, l’enflure! J’explose et Bob2, à mon niveau en prend pour son grade, en français dans le texte : « Fais pas l’innocent je sais que tu comprends » pour ne garder la partie que la plus diplomatique!. C’est dingue d’en arriver là!

Maintenant qu’ils sont devant, Bob&Bob nous obligent à attendre… On essaye de pas trop y penser et de prendre du plaisir dans l’ascension. La première goulotte est très belle en bonne glace. Encore des pentes au dessus puis la deuxième goulotte avec un petit pas de mixte à l’entrée. L’ambiance commence à se faire sentir et les mollets fument. Encore une centaine de mètre de glace nous mènent au pied du mixte sommital (mais il reste quand même 400m!).

Une fois de plus, on se retrouve coincés derrière Bob&Bob. Relativement efficace dans tous le bas de l’itinéraire, ils s’avèrent désespéremment lents dans la première longeur de mixte. Bilan on poireaute quasiment une heure au relais. Misère. Dès qu’il le peut en sécurité, Seb se lance dans la section mixte et tente une variante qui nous permettrait de doubler Bob&Bob. L’idée était bonne mais le résultat moyen puisqu’il l’entrainera dans une impasse avec redescente en rappel à la clé, encore une petite heure de perdue mais bon au moins maintenant on a Bob&Bob à distance et on va pouvoir se concentrer sur l’ascension.

La longueur suivante nous permet de rejoindre l’éperon Walker. Pour autant les difficultés ne sont pas terminées. Le rocher est plâtré par une dizaine de cm de neige et l’ascension jusqu’au sommet demande encore toute notre attention, d’autant qu’à 4000m, nos carcasses mal acclimatées commencent à couiner.

Moment de grâce sur l’éperon, le soleil vient nous lêcher le visage, que c’est bon!

Nous sortons à la pointe Walker vers 18h30 en même temps que Bob&Bob malgré les deux grosses heures qu’ils nous ont fait perdre. Froide tentative de réconciliation au sommet.

Nous ne sommes pas au bout de notre surprise quand nous voyons Bob&Bob entamer la descente …. en rappel! Dans la face! Nous hallucinons : se lancer dans une trentaine de rappels, à la tombée de la nuit, en pleine face Nord… faudra nous expliquer l’intérêt.

Pour notre part, il est 19h, nous attaquons la descente côté sud espérant atteindre les rochers du reposoir avant la nuit. Connaissant la voie normale, ça ne traine pas et nous franchissons à la tombée de la nuit les crevasses juste avant le Reposoir. Un tel nom incite à la pause d’autant que la déshydratation commence à bien se faire sentir. Petite soupe sous un ciel étoilé. Diner romantique. Texto à ma douce et aux potes pour rassurer.

Après cette petite halte régénératrice, nous descendons l’arête puis louvoyons sur le glacier en se dirigeant à l’alti et à la carte. ça brasse pas mal. On atteint Boccalate aux alentours de 0h30 pensant n’avoir plus qu’à s’échouer dans une paillasse après s’être envoyé un plat de pate qui aurait été généreusement laissé là.

Première déception : la porte ne s’ouvre pas, elle est complètement prise dans la glace. Personne n’est passé depuis un bail. Nous sommes quitte pour une heure de burinage sur la glace pour finalement décoincer la porte!

Deuxième décéption : pas le début d’une miette de quoi que ce soit de comestible dans ce refuge. On s’envoie nos derniers biscuits et zou, au lit.

La descente le lendemain nous demandera encore quelques efforts dans une neige lourde et inconsistante jusque dans la vallée.

…. épilogue : le lendemain de la descente, je remonte avec mon pote François pour récupérer le bivouac et les raquettes au pied des Jorasses. Merci François!

Bob&Bob ont plié leur camp c’est donc que tout a du bien se passer pour eux, tant mieux.

Malgré les indélicatesses de Bob&Bob, cette première expérience dans les Jojo (comme on dit à Cham’) était vraiment excellent est a permis de sceller avec Seb notre cordée qui fonctionne plutôt bien!

Pas de photos ce jours là. Par contre pour se faire une idée de l’ambiance voir les vidéos de la Colton Mac Intyre sur tv moutain qui ne sont pas de nous je précise!

Pic des Aupillous – couloir sans nom – petite terreur!

Pic des Aupillous – couloir sans nom – petite terreur!

Avec Vincent favre nous partons visiter un coin totalement inconnu pour nous au fin fond du Valgaudemar : le vallon de la Condamine barré en son fond par la face ouest des Bans et la face Nord Ouest des Aupillous. C’est dans cette dernière que nous envisageons de gravir le couloir sans nom des Aupillous.

Le tracé du couloir sans nom aux Aupillous

Le couloir sans Nom aux Pic des Aupillous

Sur le papier, ce couloir-goulotte nous est apparue idéale pour une première sortie ensemble : difficultés pas trop soutenues (courts passages en glace à 80°, mixte facile, IV en rocher, pentes à 45-50°), approche rapide, descente pas trop complexe. Bref le prototype de course qui ne ressemble pas du tout à une galère.

Depuis notre départ du bivouac, à côté du chalet du Gioberney, tout s’est déroulé à merveille. Nous empruntons la première partie du couloir nord des Aupillous avant de bifurquer dans le couloir sans nom. De belles petites sections en glace faciles nous mènent dans les pentes et le mixte du haut de la face. Malheureusement au moment où il faut traverser à droite dans le rocher (IV) et s’extraire en quelques minutes de la face, j’ai eu la merveilleuse idée de continuer tout droit dans ce qui me semblait, par manque évident d’expérience, une belle option de sortie plus directe.

Et voilà comment tout faire basculer dans le sordide!

Cette sortie directe est abominable et à proscrire impérativement (même si la ligne paraît évidente). C’est une fissure raide, séche (dry tool), très pourrie (voire pulvérulente) et difficilement protégeable pour couronner le tout. Au programme: coincements de piolets à l’aveuglette sur blocs précaires et raclage de crampons sur dalle lisse comme un cul. Parce qu’en plus c’est entouré de dalles raides. Premier relais moyen. Au dessus la fissure se bouche, aucun espoir de ce côté, à gauche, un océan de dalles sans la moindre réglette et le moindre espoir de protéger, tout droit un éboulis déversant et à droite une traversée technique en plein dans le gaz pour rejoindre l’arète.. c’est cette option qui aura finalement ma faveur (non sans avoir essayé toutes les autres)…

Voilà la petite variant qui m’aura occupé 2h30 heures en tête pour quelques 70m (oui, c’est possible!) et m’aura coûté un piton et deux camalots (tombés pendant que je renfougnais dans cette saloperie).

Bref tout ça pour dire que cette variante c’est l’horreur, un vrai combat de rue…. plus jamais ça!!

Devant une bonne bière au Loup Bar, nous avons baptisée cette variante « la petite terreur » (ED-, 70m, 1 piton de suspension en place, M6) mais n’y allez jamais!!!

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