Ecole de Glace sur le Glacier Blanc

Ecole de Glace sur le Glacier Blanc

C’est avec une équipe de Normands que je pars visiter aujourd’hui le Glacier Blanc! Je retrouve Valerie, Eric et Isabelle au refuge du Glacier Blanc à l’heure où le soleil innonde sa terrasse encore déserte. Il y a pire pour démarrer sa journée qu’un petit thé au soleil face au Pelvoux. La météo est bien prometteuse pour aujourd’hui. Excellent! On lézarderait bien quelques heures ici mais c’est qu’on a un glacier à explorer! Découverte totale de la glace et du monde glaciaire pour Valérie et Eric. On passe deux bonnes heures à faire nos gammes en cramponnage dans une petite cuvette sur le bord du glacier. Pas intuitif du tout cette affaire! Dix pointes, mixte, pointes avant, piolet canne, ramasse… Une fois réalisé le tour d’horizon des techniques élémentaires, on part mettre tout ça en application sur le glacier.

Le Glacier sans neige à cette période est un véritable labyrinthe. La ligne droite n’est pas le plus rapide chemin. Il faut savoir ruser! Après une heure et demi de ce jeu au coeur de cet océan de glace, nous regagnons la terre ferme pour un petit pic nique pas volé! L’après midi, je repars avec Isabelle pour voir ensemble les techniques d’encordement  et d’évolution sur glacier, les amarrages en glace, les techniques et procédés de sauvetage… Sa curiosté la mènera même à visiter le fond d’une crevasse, un endroit propice à la méditation!

Ecole de gl’ice

Ecole de gl’ice

Ice is so nice!

C’est parti pour une belle petite journée de découverte de la gl’ice dans tout ses états sur le Glacier Blanc. Mes deux larrons du jour Charles et Stanislas sont ultra motivés ça fait plaisir à voir! Découverte totale du monde glaciaire pour mes deux compagnons qui ne boudent pas leur plaisir. Après avoir tordues nos chevilles dans tous les sens pour faire mordre les crampons sur cette curieuse matière  et escalader des ressauts de plus en plus raides nous remontons tout le glacier jusqu’au plateau glaciaire en contournant de belles et lugubres crevasses. So spooky comme qu’y dirait! Nous arrivons au refuge juste à temps pour l’apéro et pour mettre les pieds sous la table. Malgré le monde au refuge, l’ambiance reste franchement conviviale grâce à l’énergie de Jeannot le gardien et toute sa bande!

Ecole Glace – Ludo fait son show

Ecole Glace – Ludo fait son show

Après le sympathique virée dans le couloir de roche Paillon, j’accueille Denis et Ludo, deux très sympathiques journalistes de Montpellier pour cinq jours de « stage Mont Blanc ». On débute aujourd’hui par l’école de glace où l’un de mes stagiaires s’illustrera brillemment par son goût pour l’exploration avant de rejoindre le refuge des Ecrins. Dès les premiers instants, le ton est donné, ce séjour sera placé sous le signe de la rigolade. La parole est à Denis.

Récit de Denis

«Happy Birthday, Brother Zinzin. On va fêter ça sur l’aiguille de Bionnassay ??? »

Tout est parti de ce message sibyllin posté fin juin sur Facebook par Ludovic, rédac-chef adjoint au Midi Libre. Ludo est mon « frère » de course à pied. Nous sommes tous les deux, entre autres, finisher de l’Ultra Trail du Mont Blanc, 166km, 9600 m de dénivelé. Une telle folie, ça crée des liens.

Mon surnom, Zinzin reporter, date de cette épopée. Journaliste à France 3, je viens de fêter mes 47 ans.

Ludo, 32 ans est un jeune fou présomptueux. Ce Sétois ne connaît rien à la haute montagne. Enfin si peu ! Il a vécu une petite expérience qui a failli mal tourner en 2009. Sans préparation, sans acclimatation, sans matos, avec 2 autres sudistes, il s’est retrouvé bloqué au refuge Vallot en pleine tempête, 500 m sous le Mont Blanc. Un échec… tout relatif. Il est toujours en vie pour en parler !

Vu notre expérience, Il n’est donc pas question de défier la majestueuse « Aiguille de Bionnassay », passage obligé vers le Mont Blanc si l’on emprunte la voie royale. Bionnassay est une arête de neige impressionnante, un fil de rasoir sur 500 mètres avec du gaz à tous les étages. Ce n’est pas pour nous, pas encore…

« Ok, Ludo, on va le faire ton Mont Blanc, lui ais-je répondu par téléphone, mais on va le faire bien en mettant tous les atouts de notre côté. Cela va nous couter un peu d’argent. Mais j’ai envie de raconter cela au retour à ma femme et à mes 2 enfants »

C’est ici qu’intervient le 3ème larron de cette histoire. 2 semaines auparavant, j’ai rencontré Nicolas Draperi, un aspirant guide dans le cadre d’un reportage sur les Ecrins. J’ai tout de suite apprécié sa personnalité. Ce gars là est l’opposé des guides Chamoniards que je connais. Pas de bling bling, pas de médaille de guide arborée fièrement sur la poitrine, ce Lozérien habitant Briançon a pour lui son humour et son regard mutin. Il m’a impressionné par son côté tranquille, détaché, modeste. C’est l’homme qu’il nous faut.

Nico nous propose un stage en 2 temps : d’abord, l’acclimatation et la préparation technique dans les Ecrins sur 3 jours et 3 nuits en altitude avec école de glace et 2 sommets à gravir autour des 4000 m. Puis, nous tenterons l’ascension du Mont Blanc par les 3 monts, une voie physiquement exigeante et présentant déjà des difficultés techniques pour des amateurs comme nous. L’itinéraire peut aussi être dangereux si les conditions de neige ne sont pas stabilisées. En 2008, 8 alpinistes y ont trouvé la mort suite à une chute de sérac qui a déclenché une gigantesque avalanche sur l’ensemble du versant.

L’avant veille du départ, Ludo m’envoie un mail qui restera dans les annales :

« Qu’est ce qu’il faut prévoir comme tenue le soir dans les refuges ? Est ce qu’il y a des douches ? » Notre Sétois n’a aucune idée de la vie rêvée dans les refuges, la promiscuité, le manque d’hygiène, les odeurs fétides. Je lui réponds par SMS :

« Pour le soir au refuge, tu peux prendre un smoking, puis on regardera la télé avant de sortir faire un tour dehors 😉 Et, pour la douche, Tu préfères l’eau froide ou très froide ? » Ludovic encaisse et m’envoie en retour un « Pov Type » qui fait rire aux larmes Hippo et Léo, mes enfants de 13 et 11 ans.

En fait, Ludovic est un néophyte intégral. Cet honnête coureur de marathon (2h52) aborde la haute montagne comme s’il allait skier une semaine en station. Il n’a pas de sac de montagne, pas de veste Gore-tex ni de pantalon adapté, rien de rien, si ce n’est du cœur et de la bonne volonté. Le summum, il glissera dans son paquetage 5 caleçons mais pas de guêtres. « Ben, je savais pas moi ! » ajoute-il dans un sourire niais.

Célibataire sans enfants, il n’a pas pris le temps de lire dans le détail la liste de vêtements préconisés par le guide, prétextant un manque de temps dû au travail.

Quel toupet ! Un vrai pied nickelé. Il va falloir le surveiller !

Nous avons rendez vous avec Nico directement en montagne le mardi 26 juillet au Refuge du Glacier Blanc au sud des Ecrins. C’est le 1er camp de base situé au dessus de Vallouise à 2542 m. La montée en lacets sur le sentier muletier se passe sans problème. Toutefois, nous sommes légèrement angoissés. Notre programme n’est-il pas trop ambitieux? Et puis, le temps est pluvieux et froid depuis 2 semaines sur la France. La météo va peut-être bouleverser notre programme. Après 2 heures de balade, nous saluons enfin Nico. Il vient de passer la journée avec un couple d’alpinistes à crapahuter dans le couloir Sud de la Roche Paillon.

Il est 18H30. Les gardiennes du refuge nous pressent pour passer à table. Le repas commence. Tant mieux, nous avons faim. Dehors, le brouillard et la pluie bouchent complètement le panorama sur le Pelvoux et les Ecrins.

Mercredi matin, après un réveil tardif (7h00) et un petit déjeuner copieux, il est l’heure d’aller à l’école! Une école un peu particulière cependant : l’école de glace sur les premières pentes du glacier blanc. Il pleut légèrement mais ça reste supportable. Dans un univers chaotique, crevassé et glacé, nous apprenons à marcher avec des crampons et à nous servir du piolet. C’est ludique et très éducatif. Nous sommes de plus en plus à l’aise, surtout Ludo ! Alors en bon sétois, il décide de faire le spectacle.

« Aaaaagh ! ». Après une jolie glissade, le voilà qui plonge tout habillé, piolet à la main dans une sorte de baignoire remplie d’eau glacée. Plouf le Ludo ! Je me précipite pour le tirer hors de la cuvette. Sa jolie veste orange siglée Tour de France est gorgée d’eau et pèse maintenant une tonne tout comme son pantalon de ski, ses chaussures et tout le reste. Ce gars là est un showman et va hériter après son exploit d’un surnom. On hésitera longtemps entre le manchot, le pingouin et le phoque ! Allez, va pour le manchot ! Un seul regret, il ne valide pas tout à fait la baignade puisqu’il n’a pas mis la tête sous l’eau.

Après 3 heures d’ateliers, nous marchons en direction du second camp de base, le refuge des Ecrins (3172 m) en remontant tout le Glacier Blanc. Ca ne s’arrange pas vraiment question météo. Cette fois, il neige. « Nous voilà beaux » comme on dit en Haute Savoie.

Nous sommes encordés et chacun a trouvé sa place. Quand ça monte, Nico est en tête pour nous assurer et nous donner le tempo, Ludo est placé au milieu pour ne pas faire de conneries et moi juste derrière pour garder un œil sur le zigoto de devant. En descente, c’est l’inverse. Je fais la trace en premier et Nico peut, depuis derrière, surveiller ses ouailles en cas de dévissage.

Nous arrivons au refuge des Ecrins vers 14h. Nous sommes trempés et affamés. Heureusement, un poêle fonctionne et réchauffe l’atmosphère. Après une bonne omelette et un plat de pâtes, c’est le moment idéal pour faire la sieste.

L’après midi passe très vite. 18h30, c’est déjà l’heure du diner.

L’équipe du refuge est très sympa. La bouffe plutôt bonne. Le maitre des lieux est Jeannot Faure, le gardien, une bonne gueule qui a le charismatique charme des vieux routards de la montagne. A la fin du repas le silence se fait dans la pièce et Jeannot donne la messe.

« Demain matin, le temps se met au beau mais pas l’après midi. Le Dôme des Ecrins, le couloir de Barre noire, tout ça c’est bon. Ca a été fait, c’est tracé, La neige est tombée mais c’est bon, pareil pour la Roche Faurio » dit-il en regardant par la fenêtre et en faisant des grands gestes avec les mains. « Pour le Dôme, c’est lever à 3h, pour la Roche, lever à 4h ». Silence dans les rangs. Nous écoutons notre hôte religieusement.

Ecole de Glace sur le Glacier Blanc

Ecole de Glace sur le Glacier Blanc

Avec Benjamin et Julien nous partons aujourd’hui préparer l’ascension du pelvoux que nous projetons dans la semaine. Au programme, révision de toutes les techniques de cramponnage et de la sécurité sur glacier.

La journée a bien failli tourner court! Les fortes précipitations de la veille ont gonflé le torrent du Glacier Noir au point que celui est complètement sorti de son lit emportant avec lui la passerelle. Le débit est important, nous cherchons un petit moment avant de trouver un passage safe mais il faut retrousser nos pantalons jusqu’aux cuisses! Mes deux jeunes acceptent gaillardement ce petit bain de jambe matinal. Adèle aide gardienne au Glacier Blanc se joint à nous pour la traversée… rapidemment tout le monde est sur l’autre rive et on attaque la montée jusqu’au glacier. Nous montons bon train et vers 10h30 nous sommes crampons au pied sur le glacier.

Nous réservons la matinée à quelques exercices de cramponnage. Dix pointes, mixte, pointe avant. Les chevilles se tordent pour faire mordre les crampons! Montée, désescalade, traversée… Très vite Benjamin et Julien sont à l’aise. Nous cassons une petite graine avant de partir en exploration sur le glacier.

Sur le glacier, nous voyons les techniques d’encordement et apprenons les bases de la lecture d’un glacier. Car avant de connaitre toutes les techniques de secours imaginables, l’essentiel est de tout faire pour éviter la chute en crevasse et la retenir si elle arrive!

Nous trouvons sur le plateau une petite crevasse sympathique dans laquelle je jette aussitôt Benjamin pour voir si Julien est capable de le sortir. Une fois Benjamin sorti, dans un souci d’égalité, c’est au tour de Julien de visiter la crevasse. La mise en pratique du mouflage (mariner double en l’occurence) est très instructive, on comprend que sur le terrain de nombreux petits détails peuvent entraver la bonne marche de la manip théorique et qu’un peu de matériel en rab ne peut pas nuire!

Nous redescendons à notre point de départ pour une petite pause bien mérité après toutes ces émotions.

Pour cloturer la journée, nous terminons par l’autosauvetage (remontée sur corde). La encore, la pratique permet à chacun de trouver la solution qui lui convient le mieux

Julien encore énervé après tout ça part pour deux runs en piolet traction dans un petit bombé avec deux piolets droits. Motivé l’animal!

Suite au des aventures au Pelvoux si la météo le permet…

Ecole de glace sur le glacier Blanc

Ecole de glace sur le glacier Blanc

Aujourd’hui nous partons avec Yannick, Emmanuelle, Laure et Pierrick pour une belle journée de découverte dans le bassin du Glacier Blanc. Je retrouve mes compagnons au refuge du Glacier Blanc. Soleil chaleureux, compagnons de bonne humeur : la journée s’annonce bien. Nous gagnons la rive gauche du Glacier Blanc qui sera notre terrain de jeu du jour.

Nous passons une bonne partie de la matinée à faire des petits exercices. On y va crescendo : dix pointes, piolet canne, ramasse, pointes avant, piolet rampe…. Trouver son équilibre sur la glace, sentir que les crampons mordent, prendre appui sur le piolet… Quand les bases sont acquises, on peut aller chercher sa limite dans des passages plus raides.

En fin de matinée, nous sommes fin prêt pour une petite exploration du Glacier Blanc. La première partie est un peu raide avec de gigantesques crevasses et séracs. Nous nous tenons sagement à l’abri de ces lugubres précipices en empruntant une large arête de glace qui nous mène sur le plateau glaciaire. Pour assurer la cordée nous posons régulièrement des broches à glace.

En ce début de saison, la neige cache encore les crevasses. Nous apprenons à lire le terrain au mieux et adapter notre conduite pour réduire au maximum les risques. Les ponts de neige nous obligerons à faire quelques détours : la ligne droite n’est pas le plus sur cheminsur un glacier! Deux petits sauts de crevasses plus tard, nous quittons le glacier par une pente de neige ludique… Nous aurions bien prolongé notre exploration mais un programme chargé nous attend l’après midi!

Retour au point de départ pour un casse croûte pas volé!

On démarre l’après midi par quelques exercices de cramponnage pour se réchauffer… c’est que le soleil se fait plus timide et l’atmosphère un peu plus fraiche. Nous voyons ensuite quelques ancrages possibles en neige et glace : relais sur broche, triangulation, corps mort. Et comme rien ne vaut la pratique, tout le monde se met à l’ouvrage! Finalement le plus marrant ça reste le débouchage des broches! Hein Laure? Les ancrages étant maitrisés, on peut se lancer dans les grandes manoeuvres : le sauvetage en crevasse! Bien sur, vous ne tomberez jamais dans une crevasse puisque je vous ai appris à déjouer tous les pièges du glacier! Mais bon disons que c’est pour la curiosité… Bien entendu on ne le dira jamais assez, la première technique pour secourir une personne qui ne peut sortir par elle même d’une crevasse consiste à appeler des cordées voisines à l’aide. Quelques paires de bras suffiront pour tirer une personne sans monter de système complexe! Mais comme on a pas toujours ça sous la main, nous nous interressons de prêt aux mouflages. Mouflage boucle, simple et efficace mais encore faut-il avoir une réserve de corde assez longue. Mouflage simple : dur de vaincre les frottements si l’on est seul! Mouflage double : la ça va mieux mais ça fait marcher les neurones du sauveteur!

Enfin comme on est jamais mieux servi que par soi même, nous terminons par l’autosauvetage…

Parés pour explorer les glaciers en oubliant pas que le plus efficace des moyens de sortir d’une crevasse c’est encore de ne pas s’y mettre dedans! Observer, choisir un itinéraire sûr, demander conseil aux guides, aux gardiens de refuge, savoir renoncer si les risques sont trop importants, etc…

Merci à tous les quatre pour cette belle journée, votre compagnie était vraiment très agréable et votre bonne humeur contagieuse! Bonnes découvertes! Et vice la reconnaissance cubique!

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