Ouverture à la tête Sainte Marguerite

Ouverture à la tête Sainte Marguerite

Le 6 mars 2011

Vallon du petit tabuc, 7ème!

Décidemment cette année je suis aimanté par ce coin! C’est donc pas un hasard si à force d’y trainer mes guêtres, le nez toujours fourré en l’air à regarder les montagnes, une ligne m’est soudain apparue évidente.

Et il aura pas fallu longtemps à Sylvain Audibert alias Pascal, de passage dans le coin, pour se laisser hypnotiser (ha! ha!) par ce sympathique projet.

Le projet consiste à remonter la Compagnie des glaces jusqu’avant la longueur de glace finale. De là bifurquer à droite pour atteindre par des rampes de neige et un couloir la rampe mixte parallèle à la voie qui existe déjà, la Marguerite effeuillée.

Tracé de la Marguerite Défouraillée, nouvelle vois à la Sainte Marguerite

Le tracé de la Marguerite défouraillée (800m, TD+, M4+, IV+)

La voie s’appelle la Marguerite défouraillée et en voici le topo.

Topo de la Marguerite défouraillée

Lorsque nous quittons la Compagnie des glaces, un léger flottement s’installe : la rampe de neige dans laquelle nous espérions gambader s’avère être du mauvais gobelet plaqué sur des dalles. Les 100 premiers mètres prendront une bonne heure, le doute s’installe.

La rampe d'accès

Dans la grande rampe de neige juste avant d'attaquer la session couscous!

Nous sortons heureusement de cette ignoble couscoussière, la neige redevient portante et on avale rapidemment le couloir d’accès à la rampe du haut. Ca nous rebooste!

Le couloir qui mène à la rampe de la Marguerite défouraillée

Le couloir qui mène à la rampe. Pour un peu ça skierait!

 

Le couloir qui bute sur la rampe de la Marguerite défouraillée

La fin du couloir qui nous mène au pied des difficultés

Très bonne surprise arrivé à la rampe : elle est entaillée sur une longueur de corde par une goulotte bien accueillante et très esthétique.

Sylvain en traversée pour accéder à la rampe de la Marguerite défouraillée

Au pied de la rampe

 

Nicolas Draperi dans un des passages difficiles en mixte de la Marguerite défouraillée

Un des crux en mixte de la voie, M4-M5 bien protégeable

Suit une longeur de varappe, un bon IV sup à protéger sur pitons (une cornière laissée en place au début).

Sylvain Audibert, au départ du IV+ dans le haut de la Marguerite défouraillée

Sylvain, au départ du IV+

 

Sylvain Audibert dans la longueur en IV+

Sylvain dans le IV+ au niveau du cornière abandonné!

 

Le relais au dessus du IV+ de la Marguerite défouraillée

Sylvain au relais après le passage en IV+

Nouvelle surprise au départ de ce relais : une rampe facile se dévoile au dernier moment!

Rampe en mixte facile en haut de la Marguerite défouraillée

Rampounette de dernière minute après le IV+

Plus haut une longueur mixte donnera un peu de fil à retordre à Pascal. Nous sommes passés juste derrière ce petit éperon où Pascal pose, dans une partie non visible sur la photo.

 

Traversée dans le haut de la Marguerite défouraillée

Trouverons nous de quoi se faufiler derrière ce mur?

En haut de cette longueur, le couloir de neige à gauche est très attirant!

Nicolas Draperi dans le couloir final de la Marguerite défouraillée

Mais où cela peut-il bien nous mener?

Et nous extrait à peu de frais de la face 50m sous le sommet! Un petit bout d’arête et voili! Une affaire rondement menée!

Il est possible de sortir plus directement et plus difficilement au sommet en allant rejoindre la Marguerite effeuillée, mais c’est peu logique car ça oblige à rechercher la difficulté.

Sylvain Audibert et Nicolas Draperi au sommet de la Marguerite Défouraillée

Les Pascals, une triste cordée

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Colton – Mac Intyre – Grandes Jorasses

Partir en face nord des Grandes Jorasses n’est jamais anodin. D’autant plus lorsque c’est la première fois! Même en ayant déjà réalisé de longs itinéraires en face nord comme par exemple la Ginat aux Droites, l’aura de cette face, monument historique de l’épopée alpine fait que l’on se sent tout petit au pied de cette muraille!

Seb Ibanez, mon joyeux camarade, a déjà visité auparavant les Jorasses par la voie des Slovènes. Pour ma part j’ai fait l’an dernier la traversée Rochefort – Jorasses ce qui fait que je connais la descente sur le versant Italien(c’est un bon point!).

Pour ma première visite dans ce secteur, je n’ai pas trop envie de bivouaquer dans la face. Nous optons donc avec Seb pour un itinéraire « à la journée » (quand tout se passe pas trop mal) : la Colton-MacIntyre à la pointe Walker. L’itinéraire se déroule à droite de l’éperon Walker ouvert par Cassin (un véritable hold-up d’ailleurs : alors que tout le gratin de l’alpinisme tournait autour de cet éperon, les italiens sans connaitre la face réalise la première au nez et à la barbe de tous! mais bon je m’égare).  La Colton-Mac Intyre sort directement à la pointe Walker, sommet des Grandes Jorasses à 4208m.

Au programme des réjouissances, en vrac : deux rimayes, 1200m de face, 250m de goulottes, 550m de pentes de neige-glace, 400m de mixte difficile, une descente sur un glacier chaotique, …

Tracé de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Tracé de la Colton Mac Intyre

Le topo de la Colton Mac Intyre aux Grandes Jorasses

Voilà pour les présentations.

Comme nous ne sommes pas acclimatés, nous optons pour un bivouac au pied de la face plutôt qu’au refuge de Leschaux. Ca nous permet d’économiser quelques heures de marche et de sommeil pour la longue journée du lendemain.

Le bivouac est posé au pied de la face à une centaine de mètres de la première rimaye. Une tente est déjà là. Seb tente de faire ami-ami avec la cordée Americano – Ecossaise qui bivouaque juste à côté de nous mais n’obtiens en réponse que des grognements à travers la porte de la tente. Le mythe de la convivialité en montagne en prend un coup. Au delà du côté sympathique, prendre contact avec eux nous aurait permis d’organiser un peu la journée : départ commun et partage du brassage jusqu’à la deuxième rimaye. Alors que tout aurait pu se passer dans la fluidité et l’harmonie, la joie et l’allégresse, cette maudite cordée va nous faire une belle démonstration de « savoir pas vivre » en montagne!

Levé à 5h du mat’. Visiblement nos deux anglophones, que nous appelerons Bob&Bob pour les besoins de la communication, n’ont pas encore décolé. Nous nous préparons et y allons. Jusqu’à la deuxième rimaye, on enfonce pas mal, jusqu’à mi cuisse par moments si bien qu’il nous faut une bonne heure pour parcourir les 100m de déniv’. Entre temps Bob&Bob se sont mis en branle et profitant de nos traces, nous rattrapent petit à petit. Seb est devant pour passer la deuxième rimaye et bien entendu nous sommes encordés. Lorsqu’il se trouve dessus, la rimaye s’affaisse avec une vibration sourde. Dans la foulée, un bloc de neige compact de 1m cube s’abandonne aux joies de la gravité dans la direction de Bob&Bob. Je préviens Bob&Bob qui sont 50m plus bas de l’arrivée de cette boule pas complètement innoffensive… Ils l’évitent sans l’ombre d’un souci mais l’arrivée de cet élément neigeux sur leur trajectoire est fraichement accueilli à en juger par les quelques anglaises onomatopées à la tonalité peu amicale qui nous parviennent à travers l’air du matin.

Seb poursuit l’ascension de cette rimaye délicate et prend pied dans la pente de glace. De là il effectue un relais duquel il m’assure solidement. En passant sur la rimaye, je constate effectivement que celle-ci n’est pas très en forme et suis bien content d’être assuré!

Je rejoins Seb au relais qui repars de suite dans la pente de neige-glace. Pendant ce temps là, Bob&Bob sont arrivés au pied de la rimaye aidés par nos traces. Je constate avec étonnement qu’ils franchissent la rimaye sans corde. Drôle de choix. Le premier Bob arrive à mon niveau. Je lui lance un bonjour amical auquel je n’obtiens aucune réponse. L’animal me passe à côté et piétine littéralement la corde. Je lui dit de faire gaffe à la corde et il me répond que le danger pour eux aujourd’hui c’est nous… ça commence bien. L’autre me passe à côté, à peine plus amicalement. Lorsque la corde se tend je pars avec donc Bob&Bob au dessus de mon nez en solo dans la pente. Comme l’idée d’une chirurgie esthétique à base de pointe de crampons ne m’enthousiasme pas trop, je me décale de leur axe. Au milieu de la pente, Bob2 zippe des crampons et se retrouve pendu à ses piolets dans la pente. Du grand Nimp.

Finalement nous arrivons quasiment ensembles au niveau de la première goulotte. Pour nous gratter Bob&Bob ne s’encorde nt que sur un brin. Tant pis on leur cède la place, on est pas là pour entrer dans ce genre de délire. Juste avant de rejoindre Seb au relais, Bob1, un peu au dessus, m’envoie un beau glaçon dans la face, l’enflure! J’explose et Bob2, à mon niveau en prend pour son grade, en français dans le texte : « Fais pas l’innocent je sais que tu comprends » pour ne garder la partie que la plus diplomatique!. C’est dingue d’en arriver là!

Maintenant qu’ils sont devant, Bob&Bob nous obligent à attendre… On essaye de pas trop y penser et de prendre du plaisir dans l’ascension. La première goulotte est très belle en bonne glace. Encore des pentes au dessus puis la deuxième goulotte avec un petit pas de mixte à l’entrée. L’ambiance commence à se faire sentir et les mollets fument. Encore une centaine de mètre de glace nous mènent au pied du mixte sommital (mais il reste quand même 400m!).

Une fois de plus, on se retrouve coincés derrière Bob&Bob. Relativement efficace dans tous le bas de l’itinéraire, ils s’avèrent désespéremment lents dans la première longeur de mixte. Bilan on poireaute quasiment une heure au relais. Misère. Dès qu’il le peut en sécurité, Seb se lance dans la section mixte et tente une variante qui nous permettrait de doubler Bob&Bob. L’idée était bonne mais le résultat moyen puisqu’il l’entrainera dans une impasse avec redescente en rappel à la clé, encore une petite heure de perdue mais bon au moins maintenant on a Bob&Bob à distance et on va pouvoir se concentrer sur l’ascension.

La longueur suivante nous permet de rejoindre l’éperon Walker. Pour autant les difficultés ne sont pas terminées. Le rocher est plâtré par une dizaine de cm de neige et l’ascension jusqu’au sommet demande encore toute notre attention, d’autant qu’à 4000m, nos carcasses mal acclimatées commencent à couiner.

Moment de grâce sur l’éperon, le soleil vient nous lêcher le visage, que c’est bon!

Nous sortons à la pointe Walker vers 18h30 en même temps que Bob&Bob malgré les deux grosses heures qu’ils nous ont fait perdre. Froide tentative de réconciliation au sommet.

Nous ne sommes pas au bout de notre surprise quand nous voyons Bob&Bob entamer la descente …. en rappel! Dans la face! Nous hallucinons : se lancer dans une trentaine de rappels, à la tombée de la nuit, en pleine face Nord… faudra nous expliquer l’intérêt.

Pour notre part, il est 19h, nous attaquons la descente côté sud espérant atteindre les rochers du reposoir avant la nuit. Connaissant la voie normale, ça ne traine pas et nous franchissons à la tombée de la nuit les crevasses juste avant le Reposoir. Un tel nom incite à la pause d’autant que la déshydratation commence à bien se faire sentir. Petite soupe sous un ciel étoilé. Diner romantique. Texto à ma douce et aux potes pour rassurer.

Après cette petite halte régénératrice, nous descendons l’arête puis louvoyons sur le glacier en se dirigeant à l’alti et à la carte. ça brasse pas mal. On atteint Boccalate aux alentours de 0h30 pensant n’avoir plus qu’à s’échouer dans une paillasse après s’être envoyé un plat de pate qui aurait été généreusement laissé là.

Première déception : la porte ne s’ouvre pas, elle est complètement prise dans la glace. Personne n’est passé depuis un bail. Nous sommes quitte pour une heure de burinage sur la glace pour finalement décoincer la porte!

Deuxième décéption : pas le début d’une miette de quoi que ce soit de comestible dans ce refuge. On s’envoie nos derniers biscuits et zou, au lit.

La descente le lendemain nous demandera encore quelques efforts dans une neige lourde et inconsistante jusque dans la vallée.

…. épilogue : le lendemain de la descente, je remonte avec mon pote François pour récupérer le bivouac et les raquettes au pied des Jorasses. Merci François!

Bob&Bob ont plié leur camp c’est donc que tout a du bien se passer pour eux, tant mieux.

Malgré les indélicatesses de Bob&Bob, cette première expérience dans les Jojo (comme on dit à Cham’) était vraiment excellent est a permis de sceller avec Seb notre cordée qui fonctionne plutôt bien!

Pas de photos ce jours là. Par contre pour se faire une idée de l’ambiance voir les vidéos de la Colton Mac Intyre sur tv moutain qui ne sont pas de nous je précise!

Blow job – Freissinières

Blow job – Freissinières

Pour clôturer la saison de glace, nous retournons à Freissinières avec Seb pour gravir Blow job, cascade au nom hautement poétique (une rapide recherche sur google vous permettra d’en comprendre le sens, moins de 18 ans s’abstenir).

Seb est un peu moins en forme que lors de notre dernière ascension de Gramusat direct légèrement diminué qu’il est par une blessure musculaire à la cuisse… J’ai donc la responsabilité des passages difficiles.

C’est quand même moins soutenu que Gramusat direct bien que pimenté par un teigneux pas de mixte, avec un réta un peu engagé!

Attention dans ce passage : un des pitons n’est pas bon du tout.

La dernière longueur est magnifique : un bon grade 5 plein ciel!

Descente facile et efficace en quelques rappels sur les relais de montée.

Gramusat direct – Freissinières

Gramusat direct – Freissinières

Quelques photos de l’ascension de Gramusat direct avec Seb ibanez, bien en forme ce jour là.

L’ambiance est vraiment très belle dans ces draperies (oui c’est moi) et ces cigares suspendus! Le nom laisserait penser que la ligne est directe : que nenni! L’itinéraire se faufile astucieusement dans la face à la recherche des passages les plus faciles. Enfin les moins difficiles plutôt!

Car ça grimpe fort la dedans avec trois longueurs de 5+/6 et un court passage de mixte (ou artif) teigneux dans L2 (mais protégé par trois spits).

En haut, nous avons traversé très franchement (200m) pour trouver une ligne de rappel.

A noter ce jour : la tragique perte d’une broche à glace!

Dancing fall et Clara – Les Orres

Dancing fall et Clara – Les Orres

Aujourd’hui avec Sylvano c’est la reprise!

La reprise de la cascade de glace, pas de l’activité économique…

Pour l’occasion, nous sommes accompagnés par la Joséphine de Sylvain et Julia, toutes deux dans l’ENAF, l’équipe nationale d’alpinisme femme de la Fmeuh.

Ce secteur des Orres est vraiment bien sympathique, pas très sauvage certes avec la station en face mais les cascades sont classes.

Nous gravissons Dancing fall, la belle cascade évidente du secteur. Un beau rideau de 60m à 80° suivi d’un cigare vertical de 15m.

Puis on va faire un tour dans Clara, complètement à droite que je connais déjà pour l’avoir gravi l’année précedente. Les difficultés en glace n’excèdent pas le 4+ mais un court pas de mixte pimente l’ascension.

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