C’est en bande organisée que nous partons pour le magnifique Tour des Ailefroides! Un tour des Ailefroides express puisque nous comptons le parcourir en 2j et demi au lieu des 3 et demi usuels. Un tour des Ailefroides minéral aussi puisqu’en fin de saison, nombre de section habituellement en neige sont sêches.

La fine équipe constituée par Mathieu, Jeff, Clémence, Valérie, Fred et votre serviteur s’est lentement mise en mouvement hier pour la montée au Sélé. Retrouver tout le monde, louer le matériel manquant, défaire et refaire les sacs (allégés de précieux grammes!), poser une voiture au Pré de Madame Carle… Nous partons légèrement en retard sur l’horaire prévu mais rien de bien grave. Nos 3 jours s’annoncent sous de bons hospices. Les cieux sont avec nous, il fait beau et chaud! Nous négocions la montée au Sélé à un rythme soutenu afin de ne pas louper le repas et s’attirer les foudres de Raoûl, notre hôte, gardien du Sélé! Ouf, nous arrivons 1/4 h avant le repas, le temps pour mes compagnons de sêcher un peu et pour moi de me faire connaissance avec Raoûl et son pastis. Acceuil excellent tout comme cette petite gélinotte qui ravira nos papilles à table. Nous pouvons faire connaissance tranquillement, car dans la montée, on a pas trop discuté!

Aujourd’hui le réveil est matinal 4h30, ça met directement dans le bain! Petite marche nocturne donc pour se réveiller doucement sur un vague chemin balisée par quelques kairns. Aux premières lueurs du jour on atteind la grotte de glace du Glacier du Sélé où sortent toutes les eaux collectées par le glacier. Grâce aux pierres posées sur le glacier, on évolue sans crampons jusqu’à rejoindre le plateau glaciaire. Petite pose sur le glacier. On en profite pour mettre les crampons et s’encorder. La vue sur les Ailefroides éclairées par les premièrs rayons de soleil est bien sympathique. Comme pour bien démontrer l’intérêt de l’encordement sur glacier, nous visiterons à tour de rôle une petite crevasse… Quelques pentes de neige plus tard, nous gagnons le Col du Sélé, premier objectif du jour… Bonne pause bien méritée entre Hautes-Alpes et Isère. Il faut prendre des forces car la route est longue jusqu’à Temple Ecrins!

La descente du Col du Sélé versant Pilatte demande de la concentration. Des rochers faciles sans difficulté technique mais demandant d’être attentif et sûr sur ces pieds. Sur la fin des rochers, le retrait du névé à dégagé un passage plus raide. Cette première difficulté technique est franchie avec brio par tout le monde! On remet les crampons pour franchir un névé malheureusement trop court… Ce qui nous attends ensuite est malheureusement typique des fins de saison et symptômatique du retrait glaciaire : des champs de caillou parsemées de dalles moutonnées… Là encore pas de difficultés mais la progression est bien plus exigeante que sur un beau névé.

Enfin nous atteignons la branche basse du Glacier de la Pilatte où l’on ressort corde et crampons pour un cheminement insolite au milieu des crevasses. Après le tas de caillou que nous venons de traverser, cette balade prend des airs de promenade digestive… Le refuge de la Pilatte est en vue mais il faut d’abord vaincre les câbles qui permette de gravir le ressaut qui sépare le glacier du refuge. Là encore le retrait glaciaire fait des siennes. Il faut faire un court mais poussiéreux pas d’escalade pour rejoindre la corde fixe et les câbles. L’occasion pour chacun de dévoiler son style et son élégance en varappe!

Nous atteignons enfin notre première escale, le refuge de la Pilatte où nous nous accordons une bonne grosse pause. La gardienne doit soudain faire face à une très forte demande de boissons et d’omelettes. Les organismes ont déjà un bien souffert et la journée n’est pas finie! Car aussi fou que cela puisse paraître, plutôt que de passer la nuit dans ce havre qui nous tend les bras après avoir passer l’après-midi à glandouiller sur cette terrasse bien ensoleillée, notre projet est de joindre le refuge de temple Ecrins. C’est beau sur une carte mais vue de la Pilatte quel désanchantement! Redescendre pour remonter…

Sans broncher, on se lance dans la longue descente de la Pilatte. Heureusement que l’équipe est vaillante, le mental solide et l’humour à tout épreuve! Dans ces moments là tout compte. Au pied de l’intersection vers le refuge de Temple Ecrins, l’heure est solonnelle. On fait le point sur le dénivellé restant : 400m de montée. J’ai pour mission de crier tous les 100m de dénivellée.

Au dessus de nous, les nuages commencent à se ramasser sérieusement. Je presse le pas. Derrière, tout le monde regarde ses pieds… Fred légèrement inquiet me demande mon avis sur l’orage qui s’annonce déjà vers la Bérarde.  « Oh t’inquiètes pas en général ça pète juste quand on arrive au refuge » dis-je en rigolant mais craignant tout autant que lui une saucée quasi certaine. Et bien finalement la prophétie sera autoréalisatrice! Jeff en queue de cordée ferme la porte du refuge en même temps que claquent les premiers éclairs suivis quelques secondes après par un véritable déluge d’eau puis de grêle qui nous aurait mis dans un bien pitoyable état…

La remontée a été bien longue et nous arrivons un peu en retard pour le repas. Guillaume, un peu débordé ce jour, ne nous en voudra pas longtemps. Quelques instants plus tard nous sommes attablés devant un petit apéritif maison et un repas 3***. Malgré la fatigue générale les discussions vont bon train. Jeff s’interroge sur le système de cotation des courses en alpinisme. « Rassures moi  Nico c’est pas une course Facile ça hein? » »Non, c’est pas une mais deux courses faciles empilées! On peut classer ça dans la catégorie des petites bavantes ». « Petite gavante ouaih » surenchérit Fred. Grosse journée donc pour tout le monde. Pas de java jusqu’à 21h, ce soir tout le monde au lit à 20h30!

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