Arête S de la grande Ruine

Arête S de la grande Ruine

Pierre revient me voir cette année pour découvrir cette magnifique arête sud de la Grande Ruine, nichée sur un des plus beaux panoramas des Ecrins. Nous nous retrouvons au refuge Adèle Planchard, loin des foules… En ce magnifique we de beau temps, seulement une quinzaine de personnes là haut, toutes, exceptés nous deux, visant la voie normale de la Grande Ruine…. La tranquilité existe bel et bien dans les montagnes!

La principale difficulté de cette arête est de la rejoindre! Le retrait glaciaire et les étés chauds rendent en effet délicat les accès à des cols qui en début de saison ou en des temps plus frais était de simples formalités. Ainsi le col de la casse déserte est actuellement tout sec. Deux options pour le rejoindre : le rocher en rive gauche, pas trop dur apparemment mais un peu pourri ou le centre du couloir ressemblant plus un dépôt de carrière… Nous optons pour la carrière! Une langue de neige permet encore de gravir 1/3 du couloir. Ensuite il faut passer dans une chattière au niveau du bloc coincé. En grattant les graviers, on peut brocher dans la glace en dessous. Au bout de cette longueur, on trouve sur la rive gauche de quoi faire relais (bonne fissure pour camalot) ou 15m plus haut un relais sur pitons…

Un accès qui plairait plus à un spéléo ou un amateur de bac à sable boueux! Mais c’est pas long et la suite en vaut vraiment la chandelle!

Un bon vent d’Ouest nous cueille au col et donne à notre course d’arête un caractère plus austère surtout quand nous sommes sur le versant Bérarde. Au dessus du col, on rejoint rapidement l’excellent gneiss pour lequel on est venus et le festival peut commencer. Ce bout d’arête suspendu entre Isère et Hautes Alpes, entre le vallon des Etançons et celui de la Romanche est un vrai bijou! Les prises tombent dans les mains naturellement comme si ce caillou avait été fait pour être grimpé!

Pierre découvre aujourd’hui l’ambiance des courses d’arête rocheuse. C’est un exercice complètement nouveau pour lui et le jeu semble lui plaire! Pour un bon grimpeur comme lui, la difficulté d’une telle course ne réside pas tant dans la difficulté technique des passages que dans tous les à côté : l’ambiance gazeuse, l’escalade en grosses chaussures avec un sac sur le dos, le souffle qui se fait un peu plus court déjà à 3700m….

Après 2h de grimpe depuis le col nous sortons au sommet heureux de s’être offert cette petite perle des Ecrins. A l’abri du vent et au soleil, seuls au monde, nous passons une petite heure là haut à le contempler ce monde… la discussion devient métaphysique… On parle infiniment grand, infiniment petit, passionnant tout ça! Qu’il est bon d’être un être vivant conscient, capable de prendre du plaisir à se prélasser sur un bout de caillou d’une petite planète perdue dans un amas de galaxies!

Quand l’appel des bonnes choses de la vallée se fait sentir, nous décollons pour cette longue descente qui à coup de longues discussions passera plutôt vite!

A tout bientôt Pierre!

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